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GITEX Europe : vers un modèle européen du venture capital ?

Crédits : Gitex Europe
Crédits : Gitex Europe

Au GITEX Europe, déclinaison européenne du célèbre salon technologique de Dubaï, auquel Forbes France était présent, investisseurs et experts du capital-risque ont partagé leurs perspectives sur l’avenir des investissements en Europe, dans un climat géopolitique incertain.

 

Face à l’instabilité des marchés américains et à des politiques commerciales jugées imprévisibles, des acteurs majeurs comme Goldman Sachs et JPMorgan réorientent une partie de leurs investissements vers l’Europe. Cette dynamique se traduit dans les flux entrants vers les actions et obligations européennes. Selon Reuters, les fonds UCITS ont enregistré des ventes nettes record de 617 milliards d’euros en 2024, contre 182 milliards en 2023.

Le capital-investissement européen confirme également sa vitalité : au premier semestre 2024, 118 milliards d’euros ont été levés, un rythme inédit. Des fonds comme Kennet Partners illustrent cet engouement croissant pour les startups européennes. Au Gitex Europe, l’attractivité du continent pour les investisseurs internationaux était au cœur des débats.


Quand la politique épouse l’innovation

L’un des temps forts du salon fut une table ronde sur le rôle des gouvernements dans la dynamique du capital-risque. Tanja Kuzman (Digital Serbia Initiative), Elisabeth Schrey (DeepTech & Climate Fonds) et Olivier Martret (Serena) y ont défendu une idée forte : l’Europe peut devenir un leader mondial de l’innovation non pas en copiant les modèles américains ou asiatiques, mais en faisant de sa régulation un levier stratégique.

« Les réglementations actuelles sont parfois perçues comme restrictives, mais elles posent les bases d’une croissance durable, » ont-ils souligné. L’enjeu : concilier deux impératifs souvent opposés — stimuler l’agilité des startups tout en sécurisant l’écosystème financier. Pour ces experts, une réglementation intelligente doit être anticipative, agile et génératrice de confiance.

L’intelligence artificielle, catalyseur du venture capital

Dans un secteur en pleine transformation, l’IA s’impose comme un outil décisif pour les fonds d’investissement. Lors d’une session consacrée à ce sujet, Jager McConnell (CEO de Crunchbase) et Amy Lewin (rédactrice en chef de Sifted) ont montré comment les données propriétaires, les signaux comportementaux et le machine learning permettent d’anticiper les tendances avec une précision inégalée.

Crunchbase, avec ses 17 années de données, revendique une précision de 95 % dans ses prédictions de financements. Le fonds français Serena, quant à lui, utilise des outils d’IA générative tels que ChatGPT, Perplexity ou Gemini pour détecter, en amont, des profils à potentiel via LinkedIn.

Investir au-delà des frontières : un défi culturel

Autre sujet central : les défis du capital-risque transfrontalier. Lors d’un panel réunissant Carolin Wais (Plug and Play Ventures), Pablo Moro (Telefónica) et Christian Claussen (Ventech), les intervenants ont insisté sur l’importance de la compréhension interculturelle dans le succès des investissements européens.

« Ce n’est pas seulement une barrière de langue, mais une question de mentalité, surtout en early stage », a expliqué Christian Claussen. « Peu avant la guerre en Ukraine, nous avons échoué en Russie parce que nous ne connaissions personne sur place. »

Un constat partagé par Carolin Wais : « Il est très complexe de trouver des talents à l’étranger si l’on ne connaît pas la culture locale. »

À travers ces discussions, un message émerge : l’Europe a les moyens de tracer sa propre voie en matière d’innovation et d’investissement, à condition de miser sur l’intelligence de sa régulation, la puissance de ses outils technologiques et la compréhension fine de ses marchés locaux. Gitex Europe en a été le reflet : un écosystème plus mature, confiant et prêt à affirmer ses spécificités.


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