Il est l’homme derrière le plus grand rachat avec effet de levier de l’histoire de Wall Street dans le secteur des jeux-vidéos. Le 29 septembre 2025, Jared Kushner, via sa société d’investissement Affinity Partners, a contribué à l’acquisition de l’éditeur californien Electronic Arts (éditeur de EA Sports FC, Les Sims, Battlefield) aux côtés du fonds souverain saoudien (PIF) et du fonds Silver Lake. L’opération valorise EA à 55 milliards de dollars, un montant record.
L’acquisition d’Electronic Arts vient renforcer les liens financiers entre le cercle rapproché du président américain et le principal partenaire de Washington au sein du monde arabe. En effet, Jared Kushner, en tant que gendre de Donald Trump, est depuis longtemps perçu comme un pont entre la sphère politique américaine et les monarchies du Golfe.
Marié à la fille aînée du président américain Ivanka Trump depuis 2009, il s’est imposé dès la campagne de 2016 comme un artisan influent de la victoire républicaine, puis à la Maison-Blanche comme conseiller spécial sur des dossiers sensibles : au Proche-Orient, pour les réformes judiciaires et carcérales, ou encore pour les relations avec le Mexique. Son rôle dans les Accords d’Abraham, qui ont normalisé les relations entre Israël et plusieurs États arabes, reste l’un de ses faits d’armes diplomatiques les plus médiatisés.
Un homme de coulisses
Mais Kushner reste avant tout un homme d’affaires. Né en 1981 dans une famille juive du New Jersey, il a été baigné dès son plus jeune âge dans l’immobilier. Il est le fils de Charles Kushner, promoteur immobilier condamné pour fraude fiscale et pour avoir fait des contributions électorales illégales. Diplômé de Harvard puis de la New York University en droit et en finance, Jared Kushner s’est imposé comme investisseur audacieux, multipliant les prises de participation dans l’immobilier new-yorkais, parfois à coups de paris jugés risqués. En 2006, il se fait remarquer en rachetant le New York Observer, hebdomadaire new-yorkais qu’il dirige plusieurs années avant de se tourner définitivement vers la finance.
À Washington, son style tranche avec celui de son beau-père : discret, rarement bavard avec la presse, il cultive l’image d’un homme de coulisses. Ses soutiens le décrivent comme méthodique, capable de se concentrer sur des dossiers complexes et de bâtir des réseaux d’alliances improbables. Ses détracteurs, en revanche, dénoncent un héritier privilégié propulsé au cœur du pouvoir par son nom et son mariage, avec peu d’expérience politique propre. Ses liens étroits avec les monarchies du Golfe, noués pendant son passage à la Maison Blanche, sont régulièrement pointés du doigt comme des zones grises où se confondent intérêts diplomatiques et affaires personnelles.
Un acteur singulier du capitalisme moderne
Depuis la fin du premier mandat Trump, Jared Kushner a opéré un virage financier assumé avec la création d’Affinity Partners. Ce fonds, installé à Miami, a rapidement levé près de 3 milliards de dollars, dont une part substantielle en provenance du fonds souverain saoudien (PIF). Il vise à investir dans les secteurs tech, financier et à connecter le Moyen-Orient aux marchés globaux.
Avec le rachat d’EA, Jared Kushner change encore d’échelle. Derrière l’opération se dessine la stratégie de “soft power” saoudienne, qui mise sur les jeux vidéo pour diversifier son économie et gagner en influence culturelle. Jared Kushner, lui, consolide sa réputation d’homme capable de relier politique américaine, puissances du Golfe et grands fonds de Wall Street. En homme de l’ombre, il incarne un capitalisme où la frontière entre diplomatie et affaires tend à s’effacer.
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