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French Tech : la France perd sa deuxième place sur le podium des levées de fonds en Europe

Les start-up ont levé 2,78 milliards d’euros au premier semestre 2024, soit une chute de 35% par rapport à 2024 d’après le baromètre EY. La French Tech connait ainsi son plus faible niveau d’attractivité depuis 2020.

 

La mise à la diète forcée se prolonge. Après avoir reculé en 2023 et 2024, les investissements à destination de la French Tech ont de nouveau ralenti au premier semestre 2025. Sur les six premiers mois de l’année, les start-up ont levé 2,78 milliards d’euros, selon le dernier baromètre EY, soit 35 % de moins qu’au premier semestre 2024. Sur la même période, le nombre d’opérations a, quant à lui, baissé de 24 %.

« Après plusieurs années d’expansion remarquable, le capital-risque français connaît une forte décélération en 2025 dans un contexte d’incertitude politique et de ralentissement de la croissance française », signale Franck Sebag, associé chez EY, dans son édito.


La France perd ainsi sa deuxième place sur le podium des levées de fonds en Europe, devancée par l’Allemagne, qui affichait déjà une meilleure dynamique en 2024. Les start-up allemandes ont enregistré 3,6 milliards d’euros d’investissements en capital-risque (seulement -2 % en valeur), soit un écart de 30 %. Le Royaume-Uni conserve sa première place avec 7,4 milliards d’euros collectés.

 

Mauvaise dynamique 

La French Tech connaît son plus faible niveau d’attractivité depuis 2020, à la fois en volume et en valeur. L’euphorie de l’après-Covid, où les investisseurs se bousculaient pour financer les start-up françaises et où les levées de fonds atteignaient des sommets, semble bel et bien terminée. Depuis la fin de l’argent facile et le retour de l’inflation fin 2022, le secteur rencontre de plus en plus de difficultés à attirer des financements.

Les bonnes performances du premier semestre 2024 laissaient espérer un retour sous de meilleurs auspices, mais la dissolution a rebattu les cartes, avec un véritable plongeon des investissements sur la deuxième partie de l’année. Faute de stabilité politique retrouvée et avec une croissance toujours atone dans un contexte géopolitique tendu, les six premiers mois de 2025 s’inscrivent donc dans cette dynamique de ralentissement.

Et contrairement à l’année dernière, les très gros tours de table n’ont pas permis de limiter la casse. Le cabinet EY ne recense que deux opérations à six chiffres contre sept au premier semestre 2024. Seules la fintech Knave et le spécialiste du quantique Alice & Bob ont réussi à attirer de gros investissements, avec 100 millions d’euros chacun.

 

L’IA à la rescousse de la French Tech ? 

Aucun acteur français ne figure ainsi parmi les dix plus grosses levées de fonds européennes. En tête, on retrouve deux start-up allemandes, trois britanniques, deux suédoises, deux espagnoles et une suisse. Les trois plus importants tours de table ont été réalisés par l’Allemand Helsing (défense) avec 600 millions d’euros, le Britannique Isomorphic Labs (santé, spin-off de Google) avec 545 millions, et le Suédois GeoGuessr (jeu en ligne), qui a levé 462 millions.

Parmi les rares motifs d’espoir, l’essor de l’intelligence artificielle se distingue. Portée par le plan d’investissement massif de 109 milliards de dollars annoncé en début d’année par Emmanuel Macron, la technologie séduit les investisseurs. Bien qu’elle ne soit pas catégorisée comme un secteur à part entière dans le baromètre EY, les start-up qui l’intègrent trustent les premières places des levées de fonds.

Au premier semestre, le secteur du logiciel — largement dopé par l’IA — reste le plus financé, avec 891 millions d’euros levés, malgré une baisse de 39 % sur un an. Viennent ensuite la greentech (515 millions, -53 %) et la fintech, qui tire son épingle du jeu en enregistrant une hausse de 53 %, à 487 millions d’euros. Suffisant pour que l’intelligence artificielle permettre à la French Tech de retrouver un second souffle ?

 


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