Le géant de la distribution Frasers Group a pointé du doigt le budget gouvernemental britannique, marqué par une hausse des impôts, comme facteur ayant pesé sur ses coûts de main-d’œuvre, alors même qu’il évolue dans un secteur de la distribution particulièrement tendu.
Le groupe, contrôlé par le milliardaire britannique Mike Ashley, a annoncé jeudi un recul de 7,4 % de ses revenus annuels, qui s’établissent à 4,93 milliards de livres sterling (6,6 milliards de dollars) pour l’exercice clos le 27 avril. Cette baisse s’explique selon Frasers par les « défis du marché du luxe » et la fermeture de plusieurs magasins non rentables.
Plus de la moitié des revenus du groupe provient de sa division « UK Sports », qui a vu ses ventes reculer de 7,2 %. Sa branche « Premium Lifestyle », représentant un peu plus de 21 % du chiffre d’affaires total l’an dernier et regroupant des enseignes comme Flannels et House of Fraser, a quant à elle enregistré un recul proche de 15 %.
Le détaillant affiche malgré tout un certain optimisme quant à la reprise du marché. « Après un démarrage difficile suite au budget de l’an dernier, la confiance des consommateurs britanniques et les conditions commerciales se sont améliorées en 2025, avec des tendances de ventes plus encourageantes », a souligné le groupe.
Malgré un recul du chiffre d’affaires, Frasers a réussi à augmenter son bénéfice avant impôts, qui atteint 560,2 millions de livres sterling, en progression de 2,8 % par rapport à l’exercice précédent.
En décembre, le groupe avait abaissé ses prévisions de bénéfices pour l’exercice, les estimant entre 550 et 600 millions de livres, évoquant une confiance des consommateurs faible et un environnement commercial plus contraignant. Il avait également prévenu que le budget gouvernemental engendrerait 50 millions de livres supplémentaires en coûts salariaux, ce qu’il a confirmé jeudi.
Le PDG Michael Murray s’est montré satisfait des résultats obtenus malgré ces vents contraires : « Je suis content de nos performances cette année, en dépit des difficultés liées au budget de l’an dernier ».
Depuis la présentation du budget en octobre par le gouvernement travailliste, plusieurs organisations patronales ont alerté sur les conséquences des mesures, notamment la hausse de l’impôt sur les salaires et du salaire minimum, qui risquent de provoquer suppressions d’emplois et hausses de prix.
Les dernières données publiées jeudi par l’Office for National Statistics (ONS) donnent du poids aux inquiétudes exprimées par les entreprises. Le taux de chômage au Royaume-Uni a atteint 4,7 % sur les trois mois précédant mai, son plus haut niveau depuis quatre ans. Parallèlement, le nombre d’offres d’emploi poursuit sa chute continue depuis trois ans. L’inflation, elle, a grimpé à 3,6 % le mois dernier, bien au-dessus de l’objectif de 2 % fixé par la Banque d’Angleterre.
Frasers reconnaît continuer à faire face à une pression sur ses coûts, mais affirme « travailler dur » pour en limiter l’impact, en misant notamment sur l’intelligence artificielle et une marge brute solide.
Dans ce contexte, le groupe n’a pas ralenti sa stratégie d’expansion internationale. Au cours de l’année écoulée, il a noué de nouveaux partenariats en Australie, en Asie, au Moyen-Orient et en Europe. Parmi ses mouvements stratégiques, Frasers a renforcé sa participation dans Hugo Boss, tandis que son PDG, Michael Murray, a rejoint le conseil d’administration de la maison de couture allemande.
Michael Murray a pris les rênes du groupe en 2022, succédant à son beau-père Mike Ashley, qui a quitté le conseil d’administration la même année. Selon le classement en temps réel des milliardaires de Forbes, Mike Ashley dispose aujourd’hui d’une fortune estimée à 5,5 milliards de dollars.
Fondateur de Sports Direct en 1982, à seulement 18 ans, Mike Ashley a bâti son empire à coups d’investissements et de rachats, faisant de son entreprise le premier distributeur d’articles de sport au Royaume-Uni. Au fil des ans, il a étendu son influence avec l’acquisition de chaînes emblématiques comme House of Fraser et Flannels.
Une contribution de Robert Olsen pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

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