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FOOT BUSINESS | Gregoire Akcelrod, responsable des matchs amicaux de l’intersaison à Al Ahli : « L’évolution du championnat saoudien n’est pas une bonne nouvelle pour les Européens »

Gregoire Akcelrod, CEO de One Soccer, organise la pré-saison d’Al Ahli Jeddah, l’un des principaux clubs de foot saoudien. Il décrypte en exclusivité pour Forbes France la folie du ballon rond qui s’est emparée du royaume, des jeunes supporters des Ronaldo et autres Firmino aux plus hautes sphères du pays. Entretien réalisé par Yves Derai.

 

Pourquoi cette soudaine folie du foot en Arabie Saoudite ?
Depuis le plan de développement “Vision 2030” initié par le prince héritier Mohamed Ben Salman, le football est devenu une priorité nationale afin de faire évoluer l’image du pays sur la scène internationale.

 

Vous travaillez actuellement pour le club d’Al Ahli Jeddah. Comment se décline cette nouvelle passion au quotidien ? 
Dès qu’on sort de l’hôtel pour aller jouer un match amical, notre attaquant brésilien Roberto Firmino est assailli par les centaines de fans pour des demandes de photos ou d’autographes. La passion des supporteurs est impressionnante et nous sommes en stage en Autriche. Une fois de retour à Djeddah, je pense que ca va être encore plus fort. Par ailleurs, les rumeurs de transfert les plus folles circulent. Comme la venue de Mbappé dans l’un des plus grands clubs du pays !

Les moyens des clubs sont-ils illimités ?
Le fonds souverain d’investissement d’Arabie saoudite gère plus de 600 milliards de dollars d’actifs et le budget alloué pour développer le football saoudien devrait être de 20 milliards d’euros même si ce sont surtout les quatre plus gros clubs dont Al Ahli qui ont été sélectionnés pour devenir des clubs de classe mondiale.

 

Au-delà des transferts faramineux, les clubs saoudiens vont-ils aussi investir dans la formation ?
Il y a un projet en cours de former une académie nationale pour former les meilleurs jeunes mais je ne peux pas en dire plus pour le moment.

A terme, la ligue saoudienne va-t-elle devenir la meilleure du monde ?
Nous vivons une révolution dans l’écosysteme en cours car le football saoudien remet en cause une domination sans partage des championnats européens. De plus, les saoudiens ne veulent pas répéter les expériences chinoises et indiennes qui n’ont pas eu le succès escompté.

 

Les structures et infrastructures des grands clubs saoudiens sont-elles à la hauteur des transferts mirobolants qui font l’actualité ?
Le pays possède déjà des stades modernes comme le stade Roi-Abdallah à Djeddah, utilisé par Al Ahli, qui possède 62 000 places. Tous les clubs n’ont pas encore des infrastructures de ce niveau mais l’arrivée de stars dans le championnat profitera aussi aux plus petits clubs qui verront leurs revenus augmenter. C’est un cercle vertueux qui se met en place dans le pays et pour plusieurs années.

Il faut aussi mettre en avant le travail effectué auprès des footballeurs locaux. Rappelons que la sélection nationale a battu l’Argentine, futur vainqueur de la compétition, en phase de poule de la dernière Coupe du monde au Qatar.

 


Plus le temps passe, plus le championnat saoudien se développera et plus il sera difficile de garder nos meilleurs joueurs en Europe.


 

Un joueur condamne-t-il sa carrière au plus haut niveau en partant en Arabie saoudite ?
Jusqu’à peu, un grand joueur qui évoluait dans un pays du golfe avait très peu de chances de revenir dans un grand club européen car les transferts concernaient des joueurs en fin de carrière. Mais la signature de joueurs plus jeunes, comme Firmino en provenance de Liverpool  à seulement 31 ans, montre que ce championnat attire de nouveau joueurs qui ont encore plusieurs années de haut niveau devant eux. Et je suis convaincu que de nombreux clubs européens vont suivre avec attention son évolution à Al Ahli afin de le faire signer si une opportunité se présente. Le quintuple Ballon d’Or Cristiano Ronaldo, sous contrat avec Al Nassr, voit juste quand il déclare que  « dans un an, le championnat sera meilleur que les championnats turc et néerlandais.« 

C’est unique de voir un championnat grandir aussi vite en si peu de temps.  

Les clubs saoudiens n’ont pas de grande coupe continentale à jouer comme nos coupes européennes. C’est un handicap ?
Les meilleurs clubs saoudiens vont participer à la champions league asiatique qui leur permettra d’affronter les meilleurs clubs japonais, coréens et iraniens qui sont des adversaires de haut niveau. Sur les 4 dernières années, ce sont deux clubs saoudiens qui ont remporté cette épreuve, ce qui signifie que le championnat saoudien évoluait déjà à un niveau intéressant avant les importants investissements en cours. L’Arabie saoudite est une terre de football au Moyen-Orient.

 

Comment le foot français peut-il bénéficier de cet engouement saoudien ?
Malheureusement, les championnats européens vont être les grands perdants du succès du championnat saoudien même si, ponctuellement, certains clubs du vieux continent pourront vendre quelques joueurs à un prix inespéré. Mais plus le temps passe, plus le championnat saoudien se développera et plus il sera difficile de garder nos meilleurs joueurs en Europe.

 

Les émirats ou le Qatar, qui sont déjà très engagés dans le foot, vont-ils suivre au niveau de leurs clubs ?
Je pense que l’Arabie saoudite a pris une avance considérable qui ne fera que grandir entre elle et les pays voisins. Le Qatar a réussi son pari incroyable de pouvoir organiser une Coupe du monde dans son pays mais, malgré son investissement avec le PSG, il n’arrive pas encore à trouver la bonne formule pour devenir le meilleur club européen. En développant son championnat local, l’Arabie saoudite va en faire profiter ses jeunes qui pourront s’inspirer de l’expérience de ces stars pour devenir de meilleurs joueurs. Je vois déjà au jour le jour l’influence positive de Firmino sur les jeunes saoudiens.

 

 

Pour aller plus loin | PSG : MBappé va-t-il rejoindre le Real Madrid ? 

 

 

 

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