Ce qu’il faut retenir
Les dépenses de santé connaissent une accélération sans précédent à l’échelle mondiale. Selon une étude du courtier Mercer, révélée par Les Échos les régimes d’assurance maladie fournis par les employeurs ont subi en 2024 une nouvelle année de fortes pressions, conséquence d’une inflation médicale persistante. Entre le vieillissement de la population, l’essor de traitements innovants, mais coûteux, et les transferts de charges opérés par certains gouvernements, les entreprises sont désormais contraintes d’arbitrer entre la maîtrise de leurs dépenses et la protection de leurs salariés.
Pour 2026, Mercer Marsh Benefits anticipe une hausse moyenne mondiale des coûts de sinistres de +11,1 %, avec +9,1 % en Europe. En France, le gouvernement de Sébastien Lecornu a envisagé une taxe exceptionnelle sur les complémentaires santé, mais la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale l’a rejetée le 27 octobre 2025.
Le courtier craint ainsi que les employeurs doivent désormais choisir entre préserver les garanties essentielles – hospitalisation, optique – ou réduire la couverture globale. 60 % des assureurs estiment que les employeurs vont réduire la couverture, contre 32 % trois ans plus tôt. Ce dilemme structurel interroge sur la capacité des entreprises à assurer, dans la durée, la santé financière et physique de leurs collaborateurs. Mercer souligne aussi des lacunes persistantes de prise en charge en santé mentale, santé reproductive et soutien au vieillissement de la main-d’œuvre.
Pourquoi c’est important à suivre
En Europe, les entreprises cherchent à contenir les coûts sans compromettre l’attractivité de leurs avantages salariés. Or, réduire les garanties peut avoir des effets pervers : salariés retardant leurs soins, multiplication des arrêts maladie, ou encore baisse de productivité d’après les observateurs. Mercer met en garde contre une réduction trop rapide des couvertures au nom du court terme.
Dans un contexte d’inflation et de pouvoir d’achat contraint, la santé devient un levier stratégique de fidélisation. Pour les gouvernements, la tentation est grande de transférer une partie des charges vers le privé, comme le montre la taxe envisagée en France. À date, la surtaxe a été retoquée en commission, mais le débat budgétaire se poursuit et la pression reste forte sur les complémentaires. À terme, cette spirale pourrait fragiliser le contrat social entre employeurs et employés, en transformant la complémentaire santé d’un outil de protection en un poste de dépense à risque.
Le chiffre à retenir +11,1 %
C’est l’augmentation mondiale attendue du coût des remboursements par assuré en 2026, selon Mercer (+9,1 % en Europe).
Citation principale
« Face à la hausse des coûts des soins de santé, certains employeurs peuvent ressentir une pression pour réduire les avantages sociaux ou transférer plus de coûts aux employés, expose Mercer dans son étude. Mais il s’agit d’un geste myope qui risque de miner la confiance, d’augmenter le stress des employés et, en fin de compte, de retarder l’accès aux soins nécessaires. Les employeurs devraient plutôt se concentrer sur l’optimisation des coûts, en concevant des avantages sociaux de haute qualité et soucieux des coûts, sans sacrifier l’accessibilité. »
À surveiller
Les prochains mois seront décisifs pour mesurer la réaction des entreprises face à cette hausse continue. En France, l’éventuelle adoption de la taxe sur les complémentaires santé pourrait accélérer les arbitrages défavorables aux salariés, notamment la suppression de la couverture pour les ayants droit ou sa réduction. Cette évolution pourrait s’étendre à d’autres pays européens, confrontés à des contraintes budgétaires similaires et à une inflation médicale persistante.
Par ailleurs, le rapport Mercer met en lumière un déséquilibre préoccupant : les investissements dans la santé mentale, la santé reproductive et le soutien aux seniors restent très en retrait. Pour le courtier, les entreprises les plus performantes seront celles qui auront su anticiper, en intégrant la santé dans leur stratégie globale de gestion du risque. Ce sera là un indicateur majeur de leur résilience économique et sociale dans un environnement en mutation rapide.
Lire aussi : Budget 2026 : la Sécurité sociale à l’épreuve du réalisme budgétaire

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