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Économie climatique : comment le CSRD redéfinit la valeur économique à travers la durabilité

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« 69 % des travailleurs interrogés dans le monde par Deloitte en 2023 souhaitent que leur entreprise s’engage dans la lutte contre le changement climatique, en réduisant les émissions de carbone, en utilisant des énergies renouvelables et en diminuant les déchets ; ce désir est encore plus prononcé chez les jeunes employés. Ainsi, les perspectives de carrière ouvertes aux travailleurs seraient élargies lorsque les plans de transition climatique et les données de pollution des entreprises seront accessibles au public. »

Par Matthew Fisher, Head of Policy au sein de Watershed

 

Dans un an, une quantité considérable de données sur la durabilité des entreprises sera soudain révélée au grand jour. Émissions de CO2, équité salariale, utilisation de l’eau et autres indicateurs clés seront mesurés, vérifiés et divulgués publiquement pour des milliers d’entreprises à travers le globe, à l’instar de leurs données financières. Dès lors, les entreprises seront jugées non seulement sur leurs performances financières mais aussi sur leur impact environnemental et social.

Ce moment marque un tournant décisif dans notre conception de la valeur économique et précipite une transition vers un nouveau modèle économique : une ère où chaque décision d’affaires majeure doit prendre en compte ses répercussions sur l’humanité et la planète. Nous entrons dans une forme d’« économie climatique », et la transition est déjà bien amorcée.

Le catalyseur de ce changement est la Directive de l’Union Européenne sur le Reporting de Durabilité des Entreprises, ou CSRD. Cette nouvelle réglementation impose aux entreprises de divulguer jusqu’à 1 100 indicateurs ESG, avec un degré de rigueur jusqu’ici réservé aux données financières. Avec le CSRD, en 2025, plus de 12 000 entreprises à travers le monde devront commencer à divulguer leurs informations, sur la base des données de cette année, et 36 000 autres suivront l’année d’après. Pour mettre ces chiffres en perspective : l’année dernière, 23 000 entreprises ont rapporté à l’organisation de divulgation climatique volontaire CDP sur seulement 100 points de données. Le CSRD représente un saut considérable par rapport à tout cadre de reporting ESG antérieur.

De nombreux articles ont été publiés sur les défis liés à la collecte, l’analyse, la vérification et la publication des données exigées par le CSRD. En revanche, on a moins discuté des opportunités créées, non seulement pour les investisseurs, les analystes et le public pour orienter différemment leurs décisions d’investissement, mais aussi pour les entreprises rapporteuses elles-mêmes.

Ces entreprises, aux tailles et structures variées, situées aux quatre coins du monde (et pas seulement dans l’UE), seront les pionnières de cette économie climatique. De ce fait, elles se positionneront en leaders de ce nouveau paradigme économique, qu’elles le souhaitent ou non.

Elles bénéficieront d’une occasion unique de se distinguer et de générer de la valeur grâce à la durabilité, leur permettant de capter et de fidéliser une nouvelle génération de clients et d’employés. 69 % des travailleurs interrogés dans le monde par Deloitte en 2023 souhaitent que leur entreprise s’engage dans la lutte contre le changement climatique, en réduisant les émissions de carbone, en utilisant des énergies renouvelables et en diminuant les déchets ; ce désir est encore plus prononcé chez les jeunes employés. Ainsi, les perspectives de carrière ouvertes aux travailleurs seraient élargies lorsque les plans de transition climatique et les données de pollution des entreprises seront accessibles au public.

Dans ce nouveau contexte, les enjeux économiques sont également de taille. Les entreprises qui mettent dès aujourd’hui un accent sur la durabilité se protègent contre la perte de clientèle et renforcent leur attractivité commerciale. Une étude récente menée par IBM montre que les entreprises intégrant des principes de durabilité affichent un taux de croissance des revenus supérieur de 16 % et surpassent leurs concurrents en termes de rentabilité de 52 %. Il est aussi crucial de considérer que toutes les organisations, quel que soit leur taille, font partie de la chaîne de valeur d’une autre entreprise. L’accent croissant mis sur la durabilité des chaînes d’approvisionnement (un tiers des entreprises indiquent recevoir des questionnaires sur la durabilité de la part de leurs clients) suggère que négliger de mesurer et de gérer l’impact sur le climat pourrait bien être déterminant pour acquérir, conserver ou perdre un client.

Il convient également de souligner que le CSRD est le plus complet d’une série récente de réglementations sur la durabilité, mais il n’est ni le premier, ni le seul de son genre. De la réglementation FCA au Royaume-Uni en passant par la loi SB 253 en Californie, la réglementation en matière de durabilité se généralise à travers le monde. Tout comme les entreprises comptabilisent et déclarent leurs bénéfices trimestriels, elles devront bientôt intégrer les cycles de reporting de durabilité dans leurs calendriers annuels.

Pour les entreprises, le message est clair : agissez maintenant ou risquez d’être laissé pour compte. À l’instar de la transformation numérique qui a récompensé les acteurs rapides et pénalisé les retardataires, l’économie climatique définira les nouveaux leaders. Le changement apporte toujours son lot de défis et d’opportunités — mais cette fois, les enjeux sont plus importants que jamais.

 


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