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Discord, Reddit, BeReal… la revanche des plateformes alternatives

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Discord, Reddit, BeReal… la revanche des plateformes alternatives

Alors que les mastodontes comme Instagram, TikTok ou X polarisent l’attention, en coulisses, une autre dynamique se joue : celle de la montée en puissance des plateformes alternatives. Discord, Reddit, BeReal, Bluesky, Pinterest… Autant de réseaux qui dessinent les contours d’une nouvelle ère, où l’engagement se réinvente et où les marques doivent apprendre à décoder des codes plus subtils, plus communautaires, souvent plus exigeants.

Une tribune de Soraya Khireddine, directrice stratégie & innovation de l’agence Woô (groupe Olyn)

 

Des communautés refuges dans un océan saturé

 


À force de voir leurs espaces dictés par des algorithmes opaques et des contenus surproduits, les utilisateurs cherchent des bulles plus authentiques. Discord et Reddit, historiquement ancrés dans la culture geek et le foruming, s’imposent désormais comme des repères conversationnels privilégiés. Ce sont des plateformes où l’échange prime sur la mise en scène, où les discussions sont plus longues, plus approfondies, parfois plus techniques, mais toujours plus vraies.

Ces formats offrent une forme de respiration face au storytelling linéaire des plateformes de masse. Pour les marques, ces espaces sont des terrains d’expression exigeants, mais puissants. À condition de jouer selon les règles : laisser place à la conversation, accepter la critique, co-construire avec les membres.

Même logique du côté de BeReal, qui en promouvant une approche radicalement anti-insta, a capté une fatigue générationnelle face aux feeds impeccables. Un réseau où l’instantanéité n’est pas un gadget, mais une philosophie. Ici, on ne poste pas pour performer, mais pour exister dans le moment présent.

Bluesky, né dans l’ombre de Twitter (X), tente quant à lui de réhabiliter un espace de discussion plus libre et moins toxique. Moins normé, plus ouvert, il répond à une aspiration forte : celle d’un social media plus organique, moins anxiogène. Ces plateformes séduisent une génération en quête de lien réel. Pour les marques, cela implique une remise à plat de leurs approches : repenser leur posture, leur ton, et parfois même leur présence.

 

Le retour du social brut et de l’engagement intentionnel

 

Longtemps sous-estimé, Pinterest tire lui aussi son épingle du jeu. Alors que l’attention des consommateurs est de plus en plus fragmentée, la plateforme s’affirme comme un espace de découverte et d’intention d’achat unique. Ici, pas de scroll infini dénué de sens : on vient chercher l’inspiration, organiser ses projets, bâtir une vision à long terme.

Dans un paysage digital dominé par l’immédiateté, Pinterest capitalise sur une temporalité différente, plus posée, plus engagée dans le temps. Elle attire des utilisateurs en phase de réflexion, ce qui en fait une plateforme précieuse pour les marques dans des univers lifestyle, déco, food ou bien-être.

Pinterest n’est plus un simple tableau de vision : c’est une passerelle entre l’inspiration et l’action, entre l’envie et l’achat. Pour les marques, c’est l’occasion de s’inscrire dans la durée, loin des formats éphémères et du buzz à tout prix.

Plus largement, ces plateformes alternatives ont un point commun : elles refusent le diktat du reach à tout prix. Elles favorisent des interactions plus ciblées, des logiques de micro-communautés où le capital confiance est clé. Ici, le volume ne fait pas la valeur. C’est la qualité de l’engagement qui compte.

 

Vers un social media pluriel et décentralisé

 

Pour les marques, la transition est exigeante. Elles doivent apprendre à s’effacer, à ne plus interrompre, mais à s’intégrer. À penser contenu avant publicité. À être pertinentes avant d’être visibles. À créer du lien plutôt qu’à générer du clic.

Ces plateformes ne demandent pas un énième plan d’activation. Elles demandent un changement de paradigme : celui d’une communication fondée sur la transparence, la sincérité et l’écoute.

L’avenir du social media ne sera pas monolithique. Les géants resteront incontournables, mais la montée en puissance de ces nouveaux espaces montre que le modèle unique de l’influence de masse touche à ses limites.

L’engagement se niche désormais ailleurs, dans des formats plus fragmentés, plus intimes. Dans des bulles de sens où la relation prime sur la performance. Aux marques de s’y adapter — sans chercher à les formater, ni à reproduire les logiques qui ont précipité la saturation des plateformes dominantes.

 

Le social media de demain ne sera pas une version 2.0 de celui d’hier. Il sera plus distribué, plus divers, plus profond. Et les marques qui sauront s’y insérer avec justesse auront une longueur d’avance, non seulement en attention, mais en affection.

 


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