Ce qu’il faut retenir
L’Hexagone aura fort à faire pour s’acquitter de sa dette. Dans un communiqué publié ce jeudi 16 octobre, le Conseil d’analyse économique (CAE) estime que la France doit réaliser une économie de 112 milliards d’euros sur six ans pour stabiliser la dette en 2032. Un engagement budgétaire difficile à tenir dans un contexte de crise politique sans précédent. Les experts du Conseil, rattaché à Matignon, conseillent de démarrer l’effort avec 27 milliards d’euros d’économies dès 2026. Le rapport, intitulé “Réduire la dette publique : quelles options pour la France ?“, souligne que ce scénario suppose une trajectoire budgétaire crédible et continue jusqu’en 2032.
Pourquoi c’est important à suivre
Si le budget de François Bayrou proposait près de 44 milliards d’euros d’économies en 2026, celui de Sébastien Lecornu en prévoit environ 30 milliards. L’effort de 27 milliards préconisé par l’organisme indépendant serait donc envisageable dès l’an prochain, sans être trop brutal pour le budget tricolore. Le plan proposé par le Conseil conduirait ainsi à stopper la hausse de la dette publique et à la stabiliser à 124 % du PIB d’ici 2032, contre 116,2 % fin 2025, tout en réduisant le déficit public à 2,95 % du PIB en 2029. Le CAE rappelle que sans ajustement, la dette pourrait dépasser 135 % du PIB en 2035, selon les projections de la Commission européenne.
Pas moins de 170 mesures sont recommandées par le CAE pour assainir les comptes publics : réduction des dépenses, hausse sélective des recettes et réformes structurelles. Parmi elles, une réforme de la fonction publique, une meilleure maîtrise des dépenses de santé et la rationalisation des dépenses fiscales jugées inefficaces.
Citation principale
« Plus l’effort est fait tôt, plus son impact sur la dette est important », expliquent les experts du Conseil d’analyse économique.
Le chiffre à retenir : 4,7%
Le projet de loi de finances du gouvernement prévoit de ramener le déficit public à 4,7 % du PIB en 2026, puis à 3 % en 2029. Un objectif en ligne avec les engagements européens dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance révisé, qui impose un retour sous les 3 % avant 2030.
À surveiller
La pilule pourrait être dure à avaler concernant la baisse des dépenses publiques. Un gel en volume du budget général de l’État permettrait par exemple d’économiser 7,2 milliards d’euros en 2026, mais il pourrait se traduire par une réforme des aides à l’apprentissage (600 millions d’euros d’économies), un meilleur ciblage de MaPrimeRénov (900 millions), ou encore un conditionnement des APL aux ressources des parents (800 millions).
Mais la lutte contre la fraude fiscale et sociale, qui fait actuellement l’objet d’un projet de loi du gouvernement, pourrait constituer une économie réelle. Les experts du Conseil estiment le coût de la fraude fiscale entre 14 et 52 milliards d’euros par an, et celui de la fraude sociale entre 13 et 16 milliards. Selon la Cour des comptes (rapport 2024), la France a récupéré environ 15,2 milliards d’euros de redressements fiscaux en 2023, un montant en hausse de 9 %.
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