Du conseil à la tech en passant par le software, le parcours d’Alexandre Fretti est celui d’un dirigeant protagoniste de la transformation d’entreprises. Il succède ce lundi à Jacques Ollivier aux rênes d’Orisha, un groupe européen de logiciels verticalisés en pleine expansion. Le nouveau CEO trace une trajectoire claire : bâtir un champion européen, rentable et innovant, sur des bases solides. Portrait.
Formé dans une école d’ingénieurs en télécoms, Alexandre Fretti entame sa carrière en 2006 avec une certitude : il ne veut pas s’enfermer dans une voie purement technique. Le conseil s’impose comme un choix par défaut mais stratégique. Il passera d’abord par Deloitte, puis McKinsey, où l’appel du terrain se fait sentir. « Je préférais le job de mes clients à celui de mes associés », explique Alexandre Fretti. Sans idée claire pour la suite, l’ingénieur de formation cherche néanmoins de la prise de risque et un poste dans le management.
Webhelp, l’école du scale
C’est par pur hasard que Alexandre Fretti découvre Webhelp, la société de call centers en forte croissance. Si le secteur ne l’attire pas d’emblée, la vision de la société suffit à piquer sa curiosité et il se lance.
« J’ai acquis la conviction qu’il y avait un marché très profond et que les fondateurs de Webhelp avaient une vraie vision. Je savais que j’allais vivre une belle histoire », poursuit Alexandre Fretti.
Ce qui devait constituer une courte étape dans sa carrière devient finalement un cycle de 12 ans chez Webhelp, marqué par quatre LBO successifs. Alexandre Fretti « grandit avec la société » et y grimpe tous les échelons jusqu’à diriger plus de 20 000 collaborateurs en tant que directeur général.
En 2017, Alexandre Fretti s’accorde une pause dans sa carrière et s’engage dans un Executive MBA à l’Université de Stanford. Son séjour en Californie déclenchera un déclic personnel.
« J’ai vécu une histoire incroyable, mais j’ai réalisé que je voulais être dans le driving seat plutôt que dans la première rangée de l’avion », explique-t-il.
En 2019, Alexandre Fretti quitte Webhelp pour rejoindre Malt en tant que CEO. Dans cette marketplace qui met en relation freelances et entreprises, il opère un triple pivot. Un pivot géographique pour internationaliser l’entreprise, un pivot de passage des PME aux grands comptes et un pivot d’élargissement des profils freelance. Le tournant stratégique amené par Alexandre Fretti portera ses fruits et Malt verra son chiffre d’affaires exploser. L’entreprise a bouclé l’année 2024 avec un chiffre d’affaires de 800 millions d’euros, en progression de 30 %. Fin 2024, un désalignement de vision avec le fondateur le pousse à quitter Malt.
Très vite après son départ, les offres fusent. « La moitié des appels de chasseurs de tête portaient sur des boîtes de software », confie Alexandre Fretti. C’est un monde qu’il connaît peu mais qu’il décide d’explorer. Il multiplie les rencontres, notamment avec Silver Lake, et intervient brièvement chez Cegid en tant que Chief Revenue Officer intérimaire, pour une mission de transformation. C’est dans ce contexte qu’il découvre Orisha, ex-DL Software.
Orisha, pour construire un géant européen du logiciel verticalisé
Lorsque Alexandre Fretti rejoint Orisha, l’entreprise réalise 250 millions d’euros d’ARR. Elle vient tout juste de faire entrer Francisco Partners – fonds d’investissement de référence dans la tech – à son capital, dans une perspective d’accélération vers 500 millions d’euros, puis un milliard.
Orisha n’est pas une entreprise comme les autres. C’est un groupe de plus de 70 entités, organisé autour de verticales sectorielles : santé, retail, agri-food, immobilier, BTP. Le tout avec une ambition claire : devenir la référence européenne du software spécialisé. « Aujourd’hui, Orisha, c’est la combinaison de la techiness de Malt et du scale de Webhelp », résume Alexandre Fretti.
Le groupe, né en France, compte aujourd’hui plus de 2000 collaborateurs en Europe et accompagne ses clients dans plus de 50 pays. Soutenu par TA Associates, acteur global du private equity, Orisha a réalisé pas moins de 19 acquisitions stratégiques. En octobre 2023, le groupe alors appelé DL Software change de nom et regroupe l’ensemble de ses marques sous une seule bannière, marquant une étape structurante de son développement. En 2024, l’arrivée de Francisco Partners dans son capital vient renforcer cette dynamique. Fort de cette trajectoire, Orisha s’impose comme un acteur clé de la tech française et européenne.
Côté tech, l’intelligence artificielle est déjà intégrée à plusieurs produits et utilisée en interne. Un CTO pilote cette dynamique pour en faire un levier de différenciation. « On a une dizaine d’agents IA en place aujourd’hui. Notre ambition, c’est d’en faire un vrai facteur d’innovation dans chaque verticale. ».
Dans cinq ans, Alexandre Fretti se projette ainsi à la tête d’un groupe présent dans plusieurs pays européens, leader dans ses verticaux avec un portefeuille produit rationalisé, et une marque installée. « On ne réfléchit déjà plus à comment faire 500 millions, mais à comment passer au milliard », assure le CEO d’Orisha.
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