Rechercher

D’assistante d’Elon Musk à investisseuse dans SpaceX : le parcours d’Elissa Butterfield

Elissa Butterfield
Elon Musk s'exprime lors d'une réunion publique au KI Convention Center, le 30 mars 2025, à Green Bay, dans le Wisconsin. Getty Images

Ancienne assistante d’Elon Musk, Elissa Butterfield est désormais investisseuse dans plusieurs de ses entreprises, dont SpaceX.

 

En 2016, à seulement 25 ans, Elissa Butterfield quitte l’industrie du divertissement à Los Angeles pour un poste qui allait bouleverser sa trajectoire : travailler pour Elon Musk. À l’époque, le milliardaire n’était pas encore la figure omniprésente qu’il est devenu — sa fortune avoisinait alors les 10 milliards de dollars, 38 fois moins qu’aujourd’hui.

Pendant deux ans, Elissa Butterfield fait partie du cercle rapproché des assistants exécutifs de Musk. Elle gère son agenda mouvant et ses priorités aussi imprévisibles que grandioses — qu’il s’agisse d’organiser une mission de sauvetage dans une grotte thaïlandaise ou de superviser des projets de tunnels sous les parkings de Tesla. Entre deux réunions décalées, elle coordonne les appels avec les investisseurs et suit les allers-retours entre Tesla, SpaceX et les lubies entrepreneuriales de son patron.

En 2018, elle passe à des fonctions plus opérationnelles chez Tesla et SpaceX, avant de tourner la page en 2022 et de quitter l’univers Musk. « Elle donnait l’impression d’être d’une loyauté sans faille et redoutablement efficace », confie un ancien employé de SpaceX. Aujourd’hui, Elissa Butterfield capitalise sur cette réputation — et sur son carnet d’adresses. Depuis qu’elle a rejoint en 2024 la société de capital-risque Island Green Capital Management, basée à Los Angeles, celle-ci a investi dans deux des entreprises les plus dynamiques d’Elon Musk : xAI et SpaceX.

Fondée en 2023 par Ateet Ahluwalia, un ancien trader de Goldman Sachs, Island Green a participé au tour de table de 6 milliards de dollars levé par xAI en mai, valorisant la start-up à 24 milliards de dollars, selon PitchBook. En janvier, le fonds a également acquis une participation dans SpaceX auprès d’un vendeur non identifié, à une valorisation estimée autour de 350 milliards de dollars — le montant atteint par l’entreprise lors d’une vente d’actions fin 2024.

L’investissement a été réalisé via un SPV (Special Purpose Vehicle), une structure d’investissement sur mesure, prisée des fonds qui souhaitent accéder au capital de SpaceX — quitte à payer une commission supplémentaire, selon une source proche du dossier.

Les paris d’Island Green sur l’univers Musk ont déjà pris de la valeur — du moins sur le papier. En novembre, xAI a levé 6 milliards de dollars supplémentaires, portant sa valorisation à 50 milliards. Cette dernière a grimpé à 80 milliards le mois dernier, lors de la fusion de la start-up avec la plateforme X. Elon Musk chercherait désormais à lever encore davantage de fonds pour xAI, à une « valeur appropriée » qui pourrait atteindre 120 milliards de dollars, selon Bloomberg.

Les actions de SpaceX s’échangent actuellement sur les marchés secondaires à des valorisations oscillant entre 380 et 400 milliards de dollars, selon les données de PM Insights et Caplight.

Island Green a également misé sur Impulse Space, la start-up fondée par Tom Mueller, un vétéran de SpaceX qui fut l’un des tout premiers employés et l’ingénieur en chef des lanceurs. En octobre dernier, la société de capital-risque à laquelle appartient Elissa Butterfield a participé à une levée de fonds de 150 millions de dollars, valorisant la jeune pousse à 510 millions de dollars, selon PitchBook.

Avant l’arrivée de Butterfield, Island Green — qui gère aujourd’hui 88 millions de dollars d’actifs — n’avait réalisé que deux investissements : l’un dans Shield AI, une entreprise de défense, l’autre dans la société de robotique Formic.

Elissa Butterfield rejoint ainsi les rangs grandissants des anciens de Musk qui, à leur tour, investissent, lancent des start-ups ou concluent des deals dans un écosystème marqué par l’influence du patron de Tesla et SpaceX. Plusieurs de ses anciens lieutenants ont bâti des fortunes de plusieurs centaines de millions, voire de plusieurs milliards de dollars.

Depuis sa création, SpaceX a vu éclore pas moins de 116 entreprises fondées par d’anciens employés, qui ont levé au total 6,1 milliards de dollars en capital-risque, d’après le site des alumni de SpaceX. Parmi eux figure Sam Teller, ancien chef de cabinet de Musk entre 2014 et 2019 — et recruteur de Butterfield —, qui a ensuite rejoint Valor Equity Partners, le fonds dirigé par Antonio Gracias, ami proche et investisseur de longue date de Musk, où il a été associé pendant trois ans et demi.

Contrairement à son ancien patron, Butterfield reste discrète. Elle n’a pas répondu aux demandes de commentaires de Forbes pour cet article. Aujourd’hui âgée de 34 ans, cette native de Los Angeles a obtenu son diplôme en 2013 à l’université Belmont, une université chrétienne privée située à Nashville, où elle a étudié le commerce de la musique, selon le bureau du registraire de l’université. Elle a débuté sa carrière au sein de l’agence de talents WME, où elle est montée en grade pour devenir assistante du responsable des événements, d’après son profil LinkedIn. Elle a ensuite rejoint l’équipe des assistants exécutifs d’Elon Musk.

À cette époque, chaque journée apportait son lot de rebondissements. En 2016, lorsque Musk a proposé de tester un tunnel dans le parking de Tesla pour ce qui allait devenir The Boring Company, c’est Elissa Butterfield qui a pris l’initiative de faire déplacer toutes les voitures, comme le raconte Walter Isaacson dans sa biographie de l’entrepreneur. Deux ans plus tard, quand Musk a décidé de transformer le pas de tir de Boca Chica, au Texas, en base permanente pour Starship — la fusée la plus ambitieuse de SpaceX — il a confié à Butterfield la mission de créer une véritable communauté pour les ingénieurs et ouvriers travaillant sans relâche. Résultat : des caravanes Airstream, des palmiers, un bar tiki et une terrasse avec foyer, toujours d’après Isaacson.

Elle a également été entraînée dans les aventures souvent farfelues de Musk. En juillet 2018, lorsqu’il a confié à un groupe d’ingénieurs de SpaceX et de la Boring Company la mission de concevoir un mini sous-marin pour sauver des garçons coincés dans une grotte en Thaïlande, Butterfield faisait partie de ceux qui coordonnaient les détails. Elle a organisé le vol de Musk vers la Thaïlande et a apparemment relayé ses idées d’ingénierie à Sam Teller, le chef de cabinet de Musk, et à Steve Davis, l’ingénieur et président de la Boring Company, selon des documents judiciaires d’un procès de 2018. Ce procès faisait suite à une action en diffamation contre Musk par le plongeur spéléologue britannique Vernon Unsworth, que Musk avait insulté sur Twitter en l’accusant de pédophilie.

Comme toute assistante aguerrie, Elissa Butterfield savait composer avec les sautes d’humeur de son patron. Elle s’arrangeait toujours pour assister à la réunion sur le projet de colonisation de Mars — celle qui, selon elle, le rendait systématiquement de bonne humeur, raconte-t-elle à Walter Isaacson.

D’après son profil LinkedIn, Elissa Butterfield est devenue directrice du bureau du PDG de SpaceX en 2021. Selon une personne proche du dossier, elle aurait été réintégrée à ce poste pour remplacer une collègue en congé de maternité. Quoi qu’il en soit, elle a quitté SpaceX définitivement en 2022 pour rejoindre une société de biotechnologie en tant que directrice des opérations, avant de fonder sa propre entreprise, Bread and Butterfield LLC. Cependant, elle a quitté ce poste après un an, et bien que sa LLC soit toujours active, elle semble ne pas être liée à une activité en cours. Il semble qu’elle n’était pas tout à fait prête à s’éloigner complètement de l’orbite de Musk.

 

Un article de John Hyatt pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


À lire également : Elon Musk se recentre sur Tesla, un soulagement pour les investisseurs dans l’incertitude

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC