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Dans un monde instable, la promesse de marque est la seule boussole fiable

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Dans un monde instable, la promesse de marque est la seule boussole fiable

À mesure que notre monde s’accélère, se fragmente, s’inquiète, une question revient avec une acuité particulière pour toutes les entreprises : sur quoi pouvons-nous encore nous appuyer pour construire une croissance durable ? Technologies, outils, tendances : tout évolue trop vite. Ce qui tient, en revanche, c’est l’ancrage. Et cet ancrage, pour les marques, c’est leur promesse. Pas leur slogan. Leur promesse réelle celle qui structure l’expérience client, guide les équipes, inspire les décisions, oriente les innovations.

Une contribution de Luc Speisser, directeur de l’innovation monde chez Landor

 

Une marque n’est pas ce qu’elle dit d’elle-même. Elle est ce que les gens vivent avec elle. Voilà pourquoi, dans un environnement aussi instable que le nôtre, la promesse de marque ne doit pas être réduite à un outil marketing : c’est une colonne vertébrale stratégique. Et pour bien comprendre sa portée, il est crucial de distinguer la promesse de la simple tagline. La promesse de marque est un engagement fondamental, une vision à long terme – elle doit pouvoir guider l’entreprise pendant cinq, dix ans, voire plus. La tagline, elle, est une expression souvent plus tactique, qui peut évoluer tous les deux ans (ou pas). Une même promesse peut ainsi inspirer plusieurs taglines, reflétant les différentes façons dont la marque choisit de donner vie à son engagement.


 

Le storytelling ne suffit plus

 

Il fut un temps où les marques pouvaient se contenter d’un discours bien ficelé, porté par des campagnes puissantes et une maîtrise des canaux. Ce temps est révolu. Les clients n’écoutent plus ce qu’on leur raconte : ils observent, ils testent, ils comparent, ils partagent. Ils attendent une cohérence parfaite entre ce qu’on dit, ce qu’on fait, ce qu’on incarne. Et cette exigence ne laisse plus aucune marge d’erreur.

La promesse ne peut plus être un concept abstrait ou une formule posée en haut d’une présentation. Elle doit s’incarner dans chaque produit, chaque interaction, chaque détail. C’est cette incarnation qui fonde la confiance, nourrit la préférence et construit la fidélité. Une promesse dite mais non tenue est aujourd’hui immédiatement sanctionnée.

Le problème, c’est que beaucoup d’entreprises continuent de fonctionner en silos. Le marketing élabore un récit, l’innovation suit une logique produit, les RH déploient une culture d’entreprise parfois totalement déconnectée. Résultat : des expériences fracturées, des messages contradictoires, une perte de crédibilité. La marque devient alors une mosaïque incohérente plutôt qu’un repère solide. Et dans un monde incertain, personne ne suit une boussole cassée. Pour briser ces silos, il est essentiel de créer des équipes transversales, de partager une vision claire de la promesse à tous les niveaux de l’organisation, et de mettre en place des indicateurs de performance qui mesurent l’impact de la promesse sur l’expérience client.

 

Pertinence sans singularité : l’impasse stratégique

 

Ces dernières années, on a vu fleurir une obsession de la « pertinence » — comprendre les attentes du client, suivre les insights, répondre aux signaux faibles. C’est une exigence légitime. Mais une marque qui ne cherche qu’à être pertinente finit souvent par se fondre dans le paysage. À trop coller à ce que veulent les gens, elle finit par leur ressembler… et ne plus rien leur dire.

La vérité, c’est que la pertinence seule ne suffit pas à créer un avantage durable. Ce qui distingue une marque pérenne, c’est sa capacité à combiner pertinence et différenciation. C’est-à-dire comprendre les attentes du marché tout en affirmant sa singularité.

C’est cet équilibre subtil entre ancrage et audace, entre écho culturel et posture propre, qui forge la valeur réelle d’une marque. Une valeur émotionnelle, relationnelle, commerciale. Et c’est aussi cet équilibre qui conditionne sa capacité à résister aux crises, à inspirer ses équipes, à innover pour donner vie à sa promesse.

 

Multiplier les formats sans perdre le fil

 

Le dernier grand défi auquel sont confrontées les marques aujourd’hui, c’est la gestion du chaos. Nous sommes entrés dans une ère d’ultra-segmentation, où chaque audience, chaque plateforme, chaque contexte exige un message sur-mesure. Ce n’est plus une stratégie de marque qu’il faut activer, mais cinquante, en parallèle et en continu. La quantité de contenus explose. Et avec elle, le risque de dilution.

Comment, dans ces conditions, maintenir une cohérence de marque sans freiner la créativité ni brider la réactivité ? La réponse ne réside pas dans le contrôle strict ni dans une charte figée. Elle repose sur la solidité de la promesse. Plus elle est claire, plus elle est partagée, plus elle peut s’incarner de façon multiple sans se perdre.

Cela suppose une gouvernance intelligente, des outils adaptés, mais surtout une culture de marque profonde, partagée par toutes les équipes. C’est en fédérant toute l’entreprise autour de cette promesse que l’on peut bâtir une expérience cohérente, même dans la complexité. Une promesse forte est un filtre : elle permet de dire oui, de dire non, de choisir le bon ton, la bonne action. Concrètement, cela peut passer par des ateliers de co-création impliquant tous les départements, la mise en place d’un « comité de la promesse » chargé de veiller à sa cohérence, ou encore la création d’une expression de marque qui traduise la promesse en éléments visuels et verbaux concrets.

 

À l’heure où la vitesse domine, où l’agitation est permanente, où l’attention se fait rare, ce que les gens attendent, consciemment ou non, c’est de la clarté. Et dans cette jungle mouvante, les marques qui tiennent leur promesse ne sont pas celles qui survivent : ce sont celles qui inspirent.

Dans un monde instable, la promesse de marque est la seule boussole fiable.

 


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