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Capitalisation : la nouvelle ligne de fracture du débat sur les retraites

De nombreuses figures de droite poussent pour instaurer une part de capitalisation dans le système actuel des retraites, basée sur la répartition. 

Ce qu’il faut retenir

Alors que le conclave sur les retraites touche à sa fin (avec deux dernières réunions prévues les 12 et 19 juin), l’idée initiale d’un retour à un âge légal de départ à 62 ans s’éloigne. La droite avance désormais une offensive sur la capitalisation, reléguant le système par répartition au second plan. Plusieurs figures politiques, dont Édouard Philippe, Gérald Darmanin ou Bruno Retailleau, plaident pour une réforme structurelle inspirée de modèles hybrides européens.

Pourquoi c’est important à suivre

En France, la retraite par répartition — basée sur la solidarité intergénérationnelle — constitue un pilier du modèle social. L’introduction, même partielle, d’un système par capitalisation bouleverserait en profondeur l’équilibre financier et philosophique de la retraite. Une capitalisation — où les cotisations seraient investies sur les marchés — pose deux problèmes majeurs : le financement de la transition, comme l’a rappelé le ministre de l’Économie Éric Lombard sur France Inter le 8 juin dernier : il faudrait continuer à payer les pensions actuelles tout en épargnant pour les futures,

Or, aucun acteur politique ne précise pour l’heure le mode de financement de cette transition, qui obligerait les actifs à cotiser deux fois. Le coût estimé est colossal, la durée d’adaptation estimée à 80 ans selon le Think thank Terra Nova.


Le risque d’inégalités est également accru d’après plusieurs experts. En effet, les systèmes capitalisés répliquent les inégalités de carrière, contrairement à la répartition qui les atténue. D’après Eurostat (2023), le taux de pauvreté chez les retraités est de 12 % en France, contre 18 % en Allemagne et une moyenne européenne de 16 %. Un écart qui illustre l’efficacité redistributive du système français actuel, face aux effets plus inégalitaires constatés dans les modèles partiellement capitalisés.

Citations principales

« Un système de capitalisation qui n’a pas vocation à remplacer complètement la répartition, mais à la compléter », estime Édouard Philippe, ancien Premier ministre. 

« Ce n’est pas le bon moment pour introduire une part obligatoire de capitalisation », souligne quant à lui Éric Lombard, ministre de l’Économie. 

Le chiffre à retenir 16,6 % :

C’est la part des ménages français qui possédaient un produit d’épargne retraite en 2021 — un chiffre qui témoigne d’un désintérêt pour la capitalisation.

À surveiller

La question des retraites par capitalisation pourrait devenir un enjeu majeur de la présidentielle de 2027. Si la gauche espérait assouplir la réforme Macron, la droite semble désormais vouloir imposer une nouvelle architecture du système de retraite, inspirée de l’Allemagne ou de la Suède. Mais en coulisses, économistes et hauts fonctionnaires alertent sur une équation budgétaire intenable à court terme — et sur les risques de paupérisation d’une partie des retraités.


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