Selon une note de l’OFCE, les plus âgés prendraient part à un effort de 3,7 milliards d’euros en cas de gel des pensions indexées sur l’inflation. En revanche, seuls les retraités les plus aisés seraient affectés par une suppression de 10 % de l’abattement appliqué aux pensions de retraite.
Pour ramener le déficit public à 4,6 % du PIB en 2026, l’exécutif a plus d’un tour dans son sac. Désindexer les retraites de l’inflation, supprimer l’abattement de 10 % sur les revenus imposables ou geler l’ensemble des pensions et prestations sociales indexées — comme les minima sociaux — font partie des pistes étudiées dans le cadre de l’élaboration du Budget 2026. Le gouvernement s’est engagé à présenter un plan de 40 milliards d’euros d’économies à la mi-juillet. Dans une note publiée le 30 juin 2025, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a calculé les économies engendrées par ces propositions ainsi que leurs répercussions sur la population.
L’idée d’une « année blanche » revient depuis quelque temps dans le débat public. En clair, il s’agirait de reconduire à l’identique les dépenses de 2025 pour 2026, pour toutes les prestations sociales (minima sociaux, retraites, chômage…). Ces dernières étant indexées sur l’inflation, elles doivent en principe être revalorisées chaque année. Un gel permettrait donc de dégager 5 milliards d’euros d’économies.
« Les pensions de retraite porteraient une grande part de l’effort budgétaire (3,7 milliards d’euros), suivies des prestations sociales hors allocations chômage (800 millions d’euros) et enfin des allocations chômage (environ 400 millions d’euros) », estime l’économiste Pierre Madec dans la note.
Plus de 6 milliards récoltés
Si le gel était étendu au barème de l’impôt sur le revenu, lui aussi revalorisé chaque année pour tenir compte de l’inflation, l’exécutif pourrait espérer dégager 1,2 milliard d’euros supplémentaires d’économies — ou de recettes fiscales supplémentaires, selon l’interprétation. Si cette mesure viserait principalement les actifs, les retraités ne seraient pas épargnés : les revenus immobiliers, également indexés, seraient eux aussi concernés par ce tour de vis fiscal. En effet, ces derniers figurent parmi les principaux bénéficiaires, détenant une part importante du patrimoine locatif [selon l’Insee, plus de 70 % des revenus locatifs sont perçus par les plus de 60 ans].
In fine, cette « année blanche » permettrait de récolter plus de 6 milliards d’euros. En contrepartie, « les près de 10 millions de ménages dont la personne de référence est retraitée verraient leur revenu disponible réduit de 280 euros par unité de consommation en moyenne (350 euros par ménage), soit environ 1 % de leur niveau de vie », explique Pierre Madec. Les 15 millions de foyers salariés perdraient, eux, 70 euros par unité de consommation, soit 0,2 % de leur niveau de vie.
Il faut souligner que, rapportée au revenu des ménages, une « année blanche » aurait des effets redistributifs très inégaux : ce sont bien les ménages les plus modestes qui subiraient la plus forte baisse de revenus. « Les 5 % de ménages les plus modestes perdraient ainsi près de 1 % de revenu disponible comparativement à une situation de revalorisation usuelle. Pour les ménages du centre de la distribution, l’impact serait de l’ordre de 0,5 %, et pour les 5 % de ménages les plus aisés, inférieur à 0,3 % », souligne Pierre Madec.
Autre piste privilégiée : la suppression de l’abattement fiscal de 10 % appliqué aux pensions de retraite. L’État pourrait en espérer 4,5 milliards d’euros de recettes. « Contrairement au décalage prévu de la revalorisation des pensions, la suppression de l’abattement fiscal de 10 % ne toucherait pas les retraités les plus modestes, qui sont généralement moins nombreux à être imposables », expose Pierre Madec. En effet, seuls « les 15 % les plus aisés » seraient concernés.
Cette note de l’OFCE intervient dans un contexte de pression croissante de la Commission européenne sur la France pour qu’elle réduise son déficit public, attendu à 5,1 % du PIB en 2025, selon les dernières prévisions de Bercy.
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