Les actions militaires américaines en Iran auront des répercussions économiques aux États-Unis. Les premières réactions ont déjà commencé. Les prix du pétrole ont bondi de quelques pourcents dans l’immédiat, mais la question est maintenant de savoir ce qu’il adviendra de l’économie.
Prix de l’énergie
Plusieurs experts du marché affirment que la hausse initiale du prix du pétrole était prévisible. Le Brent a clôturé vendredi 20 juin à 77,01 dollars le baril. Il a ouvert lundi 23 juin à 80,29 dollars. À midi, il était redescendu à environ 75 dollars. Cela représente une hausse significative par rapport au récent creux de 62 dollars, mais ces prix n’ont rien d’inhabituel depuis quelques années.
De même, le West Texas Intermediate a clôturé vendredi dernier à 73,84 dollars et a ouvert lundi à 77,96 dollars. À midi, il était sous la barre des 70 dollars. De même, le prix de 70,07 dollars, le plus bas de lundi, correspond à la moyenne sur 52 semaines.
Toutefois, il s’agit là de réactions immédiates. De nombreux scénarios pourraient se produire et tout changer.
Les résultats dépendront des mesures prises précédemment. « À l’heure actuelle, les traders sont inquiets, selon la position qu’ils ont prise vendredi », explique Tom Seng, professeur adjoint à la Neeley School of Business de la Texas Christian University. « S’ils ont pris des positions courtes, ils pourraient être dans le pétrin. S’ils ont pris des positions longues, ils sont sur le point de gagner beaucoup d’argent. La question pour eux est de savoir combien de temps ils vont tenir avant de vendre leurs positions longues. »
Réactions de l’Iran
« Les prix du pétrole pourraient augmenter si l’Iran riposte en frappant les oléoducs voisins », déclare Babak Hafezi, professeur adjoint en commerce international à l’American University. « Le Moyen-Orient produit environ 30,7 millions de barils par jour. Si l’Iran bombarde les oléoducs, le prix du pétrole pourrait atteindre 150 dollars [le baril] pendant 6 à 12 mois, ce qui entraînerait un bouleversement économique majeur à l’échelle mondiale. »
L’Iran a déjà frappé une base aérienne américaine au Qatar, bien que « le ministre qatari des Affaires étrangères ait déclaré dans un communiqué que les défenses aériennes qataries avaient “déjoué l’attaque et intercepté avec succès les missiles iraniens” », comme l’a rapporté The Hill.
Selon USA Today, le Parlement iranien a approuvé la fermeture du détroit d’Ormuz, une importante voie de transport. Les spéculations vont bon train sur les conséquences que cela pourrait avoir sur le commerce mondial et le transport du pétrole.
« La plupart des commentaires sur la fermeture du détroit d’Ormuz par l’Iran surestiment grossièrement les capacités iraniennes », déclare John Berman, directeur des investissements chez Berman Capital Group, une société de gestion d’investissements spécialisée dans l’énergie, les minéraux, les infrastructures et le transport maritime. « L’Iran n’est actuellement même pas en mesure de défendre son propre espace aérien, et pourtant, les gens pensent que le pays sera capable de fermer à la circulation maritime un détroit de 34 km (à son point le plus étroit) qui est aussi vital sur le plan économique, sans parler de la cinquième flotte américaine stationnée à Bahreïn. »
John Berman ajoute que l’Iran pourrait perturber une partie du trafic maritime, ce qui entraînerait une augmentation du coût du pétrole brut en raison de la hausse des frais d’assurance. Cependant, le pays comprend probablement que toute tentative de blocus « nécessiterait une réponse militaire à grande échelle de la part des États-Unis, contre laquelle l’Iran n’a absolument aucun moyen de se défendre ». Le terminal d’exportation de l’île de Kharg, la plus grande source de revenus de l’Iran grâce au transport maritime de pétrole, deviendrait alors une cible potentielle pour des bombardements.
Conséquences sur les autres investissements
Une autre question concerne l’impact potentiel sur les investissements. Rappelons que les événements sont encore récents. Le rendement des bons du Trésor à dix ans, un élément important dans la fixation des taux d’intérêt à long terme, est à son plus bas niveau depuis début mai. Le rendement des bons du Trésor à deux ans est également à son plus bas niveau depuis début mai. Lorsque les rendements baissent, les prix augmentent de manière inverse, ce qui suggère que les investisseurs se tournent vers les obligations d’État américaines comme valeur refuge.
Le S&P 500, le Dow Jones Industrial Average, le Nasdaq et le Russell 2000 sont tous en hausse par rapport à vendredi. L’indice de volatilité VIX est en baisse. Les marchés sont stables.
La chaîne d’approvisionnement mondiale
Selon les données fournies par Marsh Advisory, c’est la chaîne d’approvisionnement mondiale qui pourrait être confrontée à des problèmes. « De nombreuses entreprises mondiales sont plus exposées qu’elles ne le pensent, en particulier aux niveaux 2 et 3, où se trouvent 98 % des relations avec les fournisseurs », a déclaré James Crask, directeur général et responsable mondial du conseil aux clients multinationaux.
Les fournisseurs de la région jouent un rôle important dans des secteurs clés tels que la fabrication technologique (Israël), les intrants industriels (pays du Golfe) et l’agriculture et l’habillement (Turquie).
Rien de tout cela n’élimine les problèmes potentiels résultant d’une intervention militaire américaine, qui créerait classiquement un état de guerre. Cependant, pour l’instant, du moins, les fondements financiers de l’économie américaine n’ont pas été affectés.
Une contribution d’Erik Sherman pour Forbes US, traduite par Flora Lucas
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