Alors que l’inflation ralentit et que le crédit repart, la Banque centrale européenne entretient le flou sur sa future politique monétaire. Une pause prolongée dans les baisses de taux devient plus probable, forçant les marchés à revoir leurs anticipations.
Ce qu’il faut retenir
Le rebond de l’activité dans la zone euro prend de court les marchés. Alors que certains anticipaient une série rapide de baisses de taux de la BCE en 2024, les récentes données économiques suggèrent un scénario moins agressif. Ce jeudi 24 avril, la BCE a maintenu son taux directeur à 2 %, après l’avoir abaissé de 4 % sur un an. Christine Lagarde a salué une économie « légèrement meilleure que prévu », portée par une reprise du crédit et une embellie modeste en Allemagne, selon l’indice Ifo.
Résultat : les marchés commencent à douter d’une nouvelle baisse de taux en 2025. Certaines banques, comme Goldman Sachs et BNP Paribas, ont déjà changé de cap et ne prévoient plus d’assouplissement cette année. D’autres, comme Barclays ou UniCredit, y croient encore – prudemment.
Pourquoi c’est important à suivre
La BCE est à un carrefour stratégique. Si l’inflation paraît sous contrôle et les conditions financières se normalisent, l’institution reste vigilante face à des facteurs de risque multiples : tensions commerciales entre les États-Unis et l’Europe, instabilité politique en France, ralentissement chinois et incertitudes géopolitiques mondiales. Un faux pas de communication ou un relâchement prématuré de la politique monétaire pourrait fragiliser la reprise. À l’inverse, maintenir des taux élevés trop longtemps freinerait le crédit et l’investissement.
Pour les investisseurs, il s’agit donc de lire entre les lignes des discours des gouverneurs, tout en surveillant de près les prochaines publications d’indicateurs macroéconomiques : emploi, inflation de base, production industrielle. La trajectoire des taux directeurs n’est plus uniquement dictée par les données brutes, mais aussi par la perception de leur soutenabilité dans un contexte post-crise. Cette incertitude rend la lecture des marchés plus complexe, mais aussi plus sélective.
Citation principale
« Prendre davantage de temps pour décider est actuellement particulièrement utile – la valeur optionnelle de l’attente est exceptionnellement élevée , a écrit François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, dans un billet de blog. Toutefois, nous ne devrions pas attendre en vain que l’incertitude générale se dissipe significativement, du moins pas sous l’administration actuelle des États-Unis. »
Le chiffre à retenir : 50 %
Les marchés estiment désormais à seulement 50 % la probabilité d’un nouvel ajustement d’ici la fin de l’année – un net recul par rapport au début de semaine, où une baisse supplémentaire était intégrée dans leurs prévisions.
À surveiller
La combinaison entre un euro fort, une croissance atone et l’impact incertain des droits de douane américains pourrait rapidement faire basculer l’inflation sous la barre des 2 %, l’objectif de la BCE. Un tel scénario raviverait les débats sur la nécessité de relancer le cycle de baisse des taux. L’euro, en s’appréciant, agit comme un frein aux prix importés, accentuant la pression désinflationniste. Contrairement aux vagues tarifaires précédentes, les nouveaux droits de douane américains visent surtout les biens industriels européens, avec peu d’effet inflationniste direct mais un impact potentiel sur les exportations.
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