Les immatriculations de voitures neuves ont chuté en juin en Europe, alors même que les véhicules électrifiés battent des records. Pris en étau entre la montée des marques chinoises, la pression tarifaire américaine et des marges sous tension, les constructeurs historiques voient leur position sérieusement menacée.
Ce qu’il faut retenir
Le marché des voitures neuves s’enfonce dans la crise. Les ventes de véhicules sortis d’usines ont reculé de 5,1 % en juin, selon les chiffres publiés ce jeudi 24 juillet par l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA). Environ 1,24 million de voitures ont été vendues. Sur un an, ce repli atteint 7,4 %. L’Allemagne, l’Italie et la France accusent des baisses à deux chiffres, alors que le Royaume-Uni et l’Espagne résistent.
Ce recul intervient malgré la progression continue des véhicules électrifiés – électriques, hybrides et hybrides rechargeables – dont les immatriculations représentent désormais près de 60 % des ventes dans l’Union européenne. Les grands noms du secteur – Volkswagen, Renault, Stellantis, Hyundai – ont tous vendu moins de voitures qu’en juin 2024. L’américain Tesla perd également du terrain pour le sixième mois consécutif, avec une chute de 22,9 % de ses ventes et une part de marché réduite à 2,8 %. Dans le même temps, des marques chinoises comme BYD grignotent du terrain, leur part ayant plus que doublé pour atteindre 4,5 %.
Pourquoi c’est important à suivre
Ce ralentissement n’est pas seulement conjoncturel : il reflète une mutation structurelle du marché européen. Entre la pression réglementaire pour accélérer la transition écologique, la menace de droits de douane américains, et la concurrence frontale de constructeurs chinois à bas coût, les groupes européens peinent à ajuster leur offre. Plusieurs d’entre eux ont déjà lancé des alertes sur leurs bénéfices ou annoncé des pertes significatives, ce qui menace des emplois, des chaînes d’approvisionnement et des investissements à long terme.
La dynamique actuelle montre que les marques historiques tardent à satisfaire une demande en pleine évolution : des voitures moins chères, plus propres, livrables rapidement. Or, les nouveaux entrants – notamment les marques chinoises – maîtrisent mieux ces leviers. Si cette tendance se confirme, l’Europe pourrait perdre son leadership historique dans l’industrie automobile mondiale au profit de géants asiatiques déjà bien installés dans l’électrique.
Citation principale
« Alors que les conducteurs réclament des voitures plus propres et moins chères, de nouvelles marques dynamiques se positionnent pour combler le vide laissé par certains acteurs historiques, trop lents à offrir aux clients ce qu’ils attendent », signale Ben Nelmes, fondateur de New AutoMotive, une organisation de recherche indépendante sur le secteur automobile.
Le chiffre à retenir : 58,5 %
C’est la part des véhicules électrifiés (100 % électriques, hybrides et hybrides rechargeables) dans les nouvelles immatriculations de voitures particulières dans l’Union européenne en juin 2025, contre 50 % un an plus tôt. Ce chiffre marque un tournant majeur vers l’électrification du parc automobile.
À surveiller
La menace américaine de droits de douane à l’encontre des produits européens est scrutée de près par les professionnels du secteur. Une taxe de 25 % pourrait coûter jusqu’à 75 milliards de dollars par an aux constructeurs automobiles européens, selon les estimations du cabinet Bernstein. L’industrie automobile allemande serait particulièrement touchée, alors que des constructeurs comme Porsche, BMW, Volkswagen et Mercedes-Benz réalisent entre 12 et 25 % de leurs ventes aux États-Unis. Selon les dernières informations relayées par Reuters, le Financial Times et Politico, Washington et Bruxelles sont proches d’un accord fixant un tarif de 15 % sur les voitures européennes, en remplacement des niveaux antérieurs, mais l’administration maintient une ligne ferme, évoquant un plancher global situé entre 15 % et 20 % pour d’autres produits européens.
Autre signal à surveiller : l’évolution de la part de marché des constructeurs chinois en Europe, notamment BYD, MG (filiale du groupe SAIC) ou encore Nio. Ces marques, longtemps marginales, voient leur présence croître rapidement : leur part combinée atteint déjà 4,5 %, contre environ 2 % un an plus tôt. Cette progression se fait aux dépens des marques européennes et de Tesla, et pourrait s’accélérer si les prix des véhicules chinois restent compétitifs malgré les éventuelles barrières tarifaires imposées par l’Union européenne.
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