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Au même titre que la parole, libérons l’écoute !

courageA businesswoman conducting a meeting in a large, modern office space, standing in front of her colleagues and reading from a document.

Le courage de parler doit être accompagné du courage d’écouter… L’un ne va pas sans l’autre si on veut avancer ensemble et sortir du silence qui fait le lit de nos hontes et de nos ressentis.

Une contribution d’Eglantine Tancray, CEO de Taylor River

 

On peut être non coupable de violences ou d’agissements sexistes en étant pourtant parfois responsable de leurs dégâts. Responsable de ne pas avoir vu, dénoncé, dit, écouté de la bonne manière…

Et cela demande aussi du courage que de le reconnaître.

Le sexisme est endémique, malheureusement nous sommes tous responsables de sa perpétuation.  Nous devons apprendre ensemble à changer de regard sur les agissements sexistes du quotidien. Sans mettre au même niveau une agression sexuelle avec ce que l’on appelle le sexisme ordinaire, je suis pourtant intimement convaincue de l’importance de le combattre quand on en est victime ou témoin.

Ce dernier se définit comme l’ensemble des attitudes, propos et comportements fondés sur des stéréotypes de sexe, qui bien qu’en apparence anodins, ont pour objet ou pour effet, de façon consciente ou inconsciente, de les délégitimer et de les inférioriser, de façon insidieuse voire bienveillante, et d’entraîner une altération de leur santé physique ou mentale (cf définition de l’initiative StOpE de l’AFMD).

Il est le continuum d’autres violences plus graves qui y prennent naissance. Il est nécessaire de cultiver la libération de la parole et de l’écoute contre ces agissements.

Ce qui n’est pas toujours facile surtout lorsqu’il nous est déjà arrivé d’avoir été témoin ou victime dans le passé. On peut se reprocher de ne pas avoir réagi, ni même avoir constaté ou dénoncé les faits.

On peut alors vivre avec un certain malaise la libération de la parole qui nous rappelle quelque chose que l’on n’a pas osé faire à l’époque et que l’on préférerait occulter. C’est parfois plus confortable de minimiser et de penser que tout va bien, on peut gérer, on peut se débrouiller avec ça, on n’est ni des victimes ni des bourreaux, arrêtons d’en faire des caisses… 

Et à force de se débattre contre ce statut de victime, on peut manquer d’attention pour accepter de voir certaines choses anormales qui nous arrivent ou qui se passent autour de nous. Et on manque de force pour écouter et agir en conséquence quand on en est témoin.

Ce manque de courage oblige les victimes à décupler le leur pour se faire entendre au risque de se sentir encore plus isolées. Judith Godrèche déclarait aux Césars : « Je parle, je parle et je ne vous entends pas ».

C’est parfois le cas d’agissements sexistes qui sont remontés en entreprise mais qui ne sont pas entendus « Miss, si tu peux mettre une jupe pour le RDV client, ça nous aiderait » ; « ça va, c’est pour rire » ; « tu prends tout mal en ce moment, t’as tes règles ? » ;  « Vous êtes si émotives, vous, les femmes… Vous prenez tout à cœur » ; « Tu sais, il y a d’autres urgences à traiter pour l’entreprise plus graves que quelques blagues graveleuses »

Apprendre à mieux écouter dans le présent demande parfois le courage de reconnaître qu’on a peut-être mal entendu ou agi dans le passé.  

Comme on ne peut pas changer le passé, il est important de se concentrer sur le présent si on veut construire un futur meilleur, paritaire et inclusif. 

Alors concentrons-nous en tant que DG, DRH, Managers, collègues, partenaires externes etc. à mieux écouter et agir pour le futur. Lorsque l’on accueille une plainte d’agissement sexiste, la présomption d’innocence est bien évidemment de mise et elle doit nécessairement être accompagnée de notre qualité d’écoute et du respect accordé aux paroles qui nous sont formulées.  L’une ne va pas sans l’autre, ce sont les 2 parties d’une même scène démocratique pour laquelle ce sera effectivement à la justice de trancher s’il y a lieu. 

Le courage de parler doit donc être accompagné du courage d’écouter et de se remettre en question. En ce 8 mars, rappelons-nous de l’intérêt de s’aider les uns les autres à entretenir ce courage de formuler les actions nécessaires au changement ! 

 

À lire également : Ce que l’air d’être parents nous apprend sur le management 

 

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