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Au coeur de la campagne | Mot à mot : « Trahir »

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Bas les masques ! Le temps des campagnes présidentielles, chacun révèle son vrai visage.  Notoirement au Rassemblement National, petit théâtre des faux-semblants et des sourires artificieux. Qui dit vrai ? Qui ment ? Chaque jour, le rideau se lève sur un nouveau Janus – Marion Maréchal, Gilbert Collard, Damien Rieu et j’en passe, qui s’en vont là où le vent les porte, en clair, vers Eric Zemmour ! Marine Le Pen crie à la trahison. Trahir ? Parlons-en.

 

La où « trahir » passe, haïr n’est pas loin. Deux syllabes qui concentrent les passions et relations tumultueuses des politiciens. « Trahir », un son de mauvais augure, qui retentit comme un grincement, grave au début puis aigu, avec ses deux voyelles qui s’entrechoquent dans un hiatus crucial. C’est une collision phonétique, un conflit auditif !

 

Défini selon le Littré par « faire une perfidie à quelqu’un », « trahir » implique une action contre l’autre, néfaste, méchante. Le verbe latin à l’origine du mot, tradere, « abandonner, délasser » renforce cette définition et confère un rôle de victime à la personne trahie, réveillant les peurs infantiles de ces grands gamins de candidats. Une situation que certains ne se privent pas de mettre en scène. Lorsque Marine Le Pen évoque sur Europe 1 l’impression « brutale, violente, difficile » qu’elle éprouve à l’annonce de Marion, sa nièce chérie, « qu’elle a élevée pendant les premières années de sa vie » (snif !), elle fend l’armure dans le but d’attendrir ses électeurs. Larmichette de crocodile ou stratégie politicienne ? Un peu des deux mon capitaine.

 

La notion de « coup », tantôt de Jarnac, ou de poignard dans le dos, est inhérente à la trahison. Car, plus qu’une défection, une trahison se manifeste à un moment décisif. Et pour cela, rien de tel qu’une campagne présidentielle ! Dexter de la politique, Eric Besson porte son coup de scalpel avec précision, quand en 2007, alors membre actif de la campagne de Ségolène Royal, il orchestre son ralliement au camp de l’adversaire de l’ex-candidate Nicolas Sarkozy, le soir même du premier tour. Bien trahir, c’est aussi avoir le sens du timing. 

 

De Brutus à Marion, en politique, la « trahison » est une véritable « tradition », deux termes qui partagent une histoire commune, car, versatile, ce même verbe tradere signifie également « enseigner, transmettre ». François Hollande a bien compris la leçon le jour où son protégé, le ministre de l’Économie Emmanuel Macron le court-circuite. La politique, c’est le règne du chacun pour soi au nom du collectif.

 

Par Nina Derai, directrice de projets naming et stratégie

 

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