Le Premier ministre entend porter les économies à 43,8 milliards d’euros, contre 40 milliards initialement prévus, afin de ramener le déficit public à 4,6% du PIB en 2026. Ce resserrement s’inscrit dans « un plan pluriel de retour à l’équilibre de la dette sur quatre ans ».
On en sait un peu plus sur l’orientation budgétaire prise par le gouvernement. Le Premier ministre François Bayrou a présenté, ce mardi 15 avril, les grandes lignes du Budget 2026, visant à ramener le déficit public à 4,6 % du PIB contre 5,8 % en 2024. Entouré de cinq ministres, le locataire de Matignon a assuré que « notre pronostic vital en tant qu’État est engagé », afin de préparer les esprits à une potion amère.
Pour faire face à la « malédiction » de la dette, « qui augmente de 5 000 euros chaque seconde », le Béarnais a relevé son plan d’économie à 43,8 milliards d’euros contre 40 milliards initialement annoncés. Cet ajustement des finances publiques s’inscrit dans « un plan pluriel de retour à l’équilibre de la dette sur quatre ans », sous le regard attentif de Bruxelles. Forbes fait le point sur les principales mesures avancées, qui devront néanmoins franchir l’étape parlementaire à l’automne.
Gel des crédits de l’État
C’était l’une des pistes privilégiées par l’exécutif. François Bayrou a annoncé un gel budgétaire pour tous les ministères, à l’exception de celui de la Défense. En clair, les crédits alloués en 2025 seront reconduits en l’état pour 2026. « L’État se fixe comme première règle de ne pas dépenser davantage à l’euro près en 2026 qu’en 2025 », a-t-il avancé. Tous les ministères, « sans exception, seront solidaires de cet effort collectif ». Le chef du gouvernement a précisé qu’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ne serait pas remplacé.
Il a également annoncé la suppression de plus de 1 000 emplois dans des agences jugées « improductives qui dispersent l’action de l’État », ainsi que la disparition de 3 000 postes de fonctionnaires en 2026, « hors postes d’élèves professeurs créés dans le cadre de la réforme des enseignants ». Les collectivités locales seront également mises à contribution, avec une baisse de 3,5 milliards d’euros de leurs dotations.
« Année blanche » pour les prestations sociales
Parallèlement, une « année blanche » côté social se profile. Il s’agirait de geler en valeur les dépenses sociales en 2026 au niveau de 2025 : minima sociaux, retraites, assurance chômage… Ces prestations étant normalement indexées sur l’inflation, elles doivent en principe être revalorisées chaque année.
« La règle, c’est pas plus mais pas moins », a résumé le Premier ministre. Ce gel permettrait de dégager 5 milliards d’euros d’économies, selon l’OFCE, dont 3,7 milliards portés par les retraités. Au total, « l’année blanche » permettrait de contenir la progression des dépenses à hauteur de 7 milliards d’euros, selon François Bayrou.
Contribution de solidarité pour les hauts revenus
Le Premier ministre a également annoncé la création d’une « contribution de solidarité » ciblant les plus hauts revenus, estimant que « l’effort de la Nation se doit d’être équitable ». Les contours de cette contribution seront définis avec les « missions compétentes des deux assemblées ». Il a par ailleurs confirmé le dépôt prochain d’un projet de loi « contre la fraude sociale et fiscale », afin de « mieux la détecter, la sanctionner et recouvrer l’argent perdu ».
Les niches fiscales profitant principalement aux ménages les plus aisés et aux grandes entreprises sont dans le viseur du gouvernement. François Bayrou a également évoqué la suppression de l’abattement fiscal pour frais professionnels dont bénéficient actuellement les retraités, remplacé par un forfait annuel. « Mais il ne faut pas toucher aux petites retraites ni aux retraites moyennes », a-t-il insisté.
Un effort de 5 milliards sur les dépenses de santé
Alors que les dépenses de la Sécurité sociale devaient croître de 10 milliards d’euros en 2026, François Bayrou souhaite limiter cette progression à 5 milliards. Il a ainsi proposé de doubler le reste à charge sur les médicaments, avec un plafond qui passerait de 50 à 100 euros par assuré et par an. Cette mesure concernerait environ 90 % des patients, selon des estimations du ministère de la Santé.
Les personnes atteintes de maladies chroniques, soit environ 13 millions de Français, pourraient également être concernées. Le Premier ministre souhaite un encadrement plus strict du remboursement à 100 %, et une sortie de ce régime spécifique lorsque « l’état de santé ne justifie plus une telle prise en charge ».
Autre levier envisagé : les arrêts maladie, en forte augmentation ces dernières années. François Bayrou propose que les médecins généralistes puissent désormais fixer eux-mêmes un jour de reprise du travail, un changement qui viserait à limiter les prolongations d’arrêt jugées injustifiées.
Vers une allocation sociale unifiée
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, l’unification de certaines prestations sociales refait surface. Le Premier ministre a confirmé qu’un projet de loi serait proposé « avant la fin de l’année », en vue de créer une « allocation sociale unifiée, pour une solidarité plus lisible et qui donne toujours la priorité au travail ». Objectif : mettre en place un versement social unique, qui fusionnerait notamment le RSA et la prime d’activité.
Nouvelle concertation sur l’assurance chômage
Deux négociations vont être ouvertes avec les partenaires sociaux : l’une sur l’assurance chômage, l’autre sur le droit du travail. Ces discussions pourraient aboutir à un nouveau durcissement des conditions d’accès à l’allocation chômage. François Bayrou a déclaré vouloir « lever les obstacles qui tiennent pour beaucoup les Français éloignés du travail », tout en améliorant « les conditions de travail pour tous, faciliter les recrutements [et] augmenter les offres de travail lorsque c’est possible ».
Sur le front de l’emploi, le Premier ministre a également suggéré de supprimer deux jours fériés : le lundi de Pâques et le 8 mai. Cette mesure, selon lui, permettrait de rapporter « plusieurs milliards ». Si elle était adoptée, la France ne compterait plus que neuf jours fériés par an, soit le plus faible total de l’Union européenne, à égalité avec le Danemark, l’Irlande et les Pays-Bas.
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