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Amsterdam ne veut plus être la capitale du cannabis

AmsterdamCrédit photo : Unsplash

VOLUTES | Amsterdam ne veut plus être la capitale européenne du cannabis. La maire écologiste Femke Halsema souhaite en effet bannir les touristes étrangers des coffee-shops de la ville.

Ce n’est un secret pour personne que la première femme maire de la ville, ainsi que de nombreux habitants, en ont assez du « pouvoir d’attraction d’Amsterdam en tant que lieu de villégiature du tourisme des drogues douces», comme l’a écrit récemment Femke Halsema dans une lettre à son conseil municipal. S’il est approuvé, ce projet devrait autoriser la vente de produits à base de marijuana uniquement aux ressortissants néerlandais et aux résidents des Pays-Bas.

Avant les mesures de confinement dues au Covid-19, les coffee-shops ainsi que le quartier rouge d’Amsterdam attiraient plus d’un million de visiteurs par mois, soit plus que sa population permanente.

Au total, 46 millions de personnes ont visité les Pays-Bas en 2019 : la plupart ont séjourné à Amsterdam et ont acheté ou fumé du cannabis dans les boutiques de marijuana.

 

Trop, c’est trop

Le New York Times explique : «Afin de sévir contre le nombre croissant de « touristes de la drogue » à petit budget et contre le crime organisé,  la ville néerlandaise prévoit d’interdire la vente de marijuana aux étrangers dans ses coffee-shops ».

Cette fois, le procureur et la police soutiennent la démarche de la maire. Le milieu des affaires, en particulier dans le centre ville, les ont rejoints, même si dans le passé, ils s’étaient opposés à tout contrôle drastique. Leur position semble s’être assouplie car de nombreux entrepreneurs veulent changer la réputation d’Amsterdam pour un faire un lieu d’accès illimité au sexe et à la drogue.

La capitale, célèbre pour son attitude libérale à l’égard de la drogue et son quartier rouge, s’efforce désormais de contrôler le flux de jeunes touristes qui arrivent en ville avec l’unique intention de fumer de la marijuana (et de saper les organisations criminelles qui se cachent derrière le commerce de la drogue).

La maire a donc déclaré : « Nous pouvons être une ville ouverte, hospitalière et tolérante, mais aussi une ville qui rend la vie difficile aux criminels et ralentit le tourisme de masse ».

La proposition suit l’exemple d’autres villes du sud des Pays-Bas, dont Maastricht et Den Bosch, qui ont déjà interdit aux touristes de fréquenter leurs coffee-shops après la venue en masse de visiteurs venus d’Allemagne, de France et de Belgique. La maire a déclaré à plusieurs reprises lors de sa campagne que le commerce du cannabis était devenu trop important et incontrôlable. Selon elle, la capitale est surtout connue comme « un lieu de tourisme des drogues douces » et un refuge pour les consommateurs de cannabis du monde entier.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les coffee-shops ont eu l’autorisation de rester ouverts, mais les clients doivent consommer leurs achats à l’extérieur.

 

Une demande toujours croissante

Ces derniers temps, la demande de cannabis aux Pays-Bas n’a cessé d’augmenter d’année en année, malgré les efforts des autorités pour promouvoir d’autres activités touristiques et contrôler le nombre d’hôtels et de locations Airbnb en ville. Ceux que l’on appelle les « touristes cannabis » représenteraient une nuisance, surtout autour du centre ville.

Amsterdam veut donc réduire le flux de visiteurs et améliorer la qualité de vie de ses résidents. Les foules se sont en effet bousculées dans la capitale ces dernières années grâce à la démocratisation des vols low-cost, qui en ont fait l’une destination de week-end les plus populaires.

« Amsterdam, tout comme Barcelone et Venise, a des relations de plus en plus difficiles avec nombre de ces visiteurs, et se plaignent notamment de la saturation des quartiers historiques et de la pénurie de logements pour les locaux en raison des locations de courte durée qui sont destinées aux touristes », rapporte le New York Times.

Selon une étude commandée par le gouvernement local, 57 % des visiteurs étrangers estiment qu’une visite dans un coffee-shop était une raison « très déterminante » de leur venue.

Femke Halsema précise : « Les coffee-shops, en particulier dans le centre, fonctionnent en grande partie grâce aux touristes. L’augmentation du tourisme n’a fait qu’augmenter la demande » et a ainsi attiré la criminalité des drogues dures par le même procédé.

 

Au-delà du commerce sexuel et de la drogue

Alors que l’effondrement du tourisme lié à la pandémie a frappé le budget de la ville de plein fouet, la maire d’Amsterdam est déterminée à poursuivre son projet, même s’il ne fait pas l’unanimité et pourrait décourager un grand nombre de fêtards potentiels.

Femke Halsema souhaite plutôt rendre à la ville sa renommée culturelle internationale, déclarant à la télévision néerlandaise : « Amsterdam est une ville internationale et nous souhaitons accueillir les touristes, mais nous aimerions des touristes qui viennent pour la richesse de la ville, pour sa beauté, pour ses institutions culturelles ».

Selon le ministère de la santé publique, les Pays-Bas comptent 570 coffee-shops, dont 166 (30 %) à Amsterdam.

Depuis les années 1970, le gouvernement néerlandais tolère ces établissements. Amsterdam en particulier a fait la promotion de la culture du cannabis depuis des décennies, organisant notamment des événements comme le festival de la Cannabis Cup.

 

Combattre le crime organisé

Cette attitude laxiste a permis aux coffee-shops de devenir une attraction touristique majeure, avec des intérêts souvent louches et puissants opérant en coulisses.

Le nouveau projet présenté au conseil municipal d’Amsterdam la semaine dernière vise donc également à lutter contre le flux de drogues dures et le crime organisé lié au commerce de marijuana.

La maire est déterminée : « Je veux réduire le marché du cannabis et le rendre gérable. Il s’agit d’un plan de grande envergure, mais je ne vois pas d’alternative ».

L’étude officielle indique que sur les 166 coffee-shops autorisés à Amsterdam, 68 suffiraient à soutenir la demande locale.

Dans un modèle contradictoire, malgré la légalité des coffee-shops, la production de cannabis et son approvisionnement ont toujours été illégaux aux Pays-Bas, alors même que la possession de moins de cinq grammes a été dépénalisée en 1976 dans le cadre d’une politique dite de « tolérance ».

Malgré tout, des études ont montré que le tourisme chuterait fortement si les étrangers venaient à être bannis des coffee-shops. Pour la maire, qui est décidée à remodeler le secteur une fois la crise passée, c’est le prix à payer pour avoir été trop tolérant dans le passé.

 

Article traduit de Forbes US – Auteure : Cecilia Rodriguez

 

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