Alibaba en baisse après des inquiétudes américaines sur un accord d’IA avec Apple

Les actions d’Alibaba ont perdu 4,8 % lundi à la Bourse de Hong Kong, alors que des inquiétudes grandissent aux États-Unis autour d’un accord prévoyant l’intégration de la technologie d’intelligence artificielle du groupe chinois aux iPhones commercialisés en Chine.

Les investisseurs d’Alibaba, également présent à la Bourse de New York, ont réagi à un article du New York Times publié samedi, révélant que Washington scrute de près le projet d’Apple de recourir à l’intelligence artificielle d’Alibaba pour améliorer ses assistants vocaux sur les iPhones vendus en Chine, son deuxième marché en termes de ventes.

D’après le quotidien américain, des responsables de la Maison Blanche et des membres du Congrès s’inquiètent du risque que ce partenariat renforce les capacités d’une entreprise chinoise dans le domaine stratégique de l’IA, tout en exposant davantage Apple aux lois locales sur la censure et le partage des données. Le Times cite trois sources anonymes proches du dossier.

Ni Alibaba ni Apple n’ont répondu aux sollicitations de Forbes Asia, que ce soit par courriel ou par messagerie.

« Dans le contexte de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, des sujets comme les droits de douane sur les petits colis ou la collaboration entre Alibaba et Apple suscitent de plus en plus d’inquiétudes », a commenté par SMS Dickie Wong, directeur exécutif de la recherche chez Kingston Securities à Hong Kong.

Il faisait notamment référence à la décision prise sous l’administration Trump d’imposer des droits de douane sur les colis transfrontaliers d’une valeur inférieure ou égale à 800 dollars. Si ces taxes ont été temporairement assouplies à la mi-mai, dans le cadre d’un accord de suspension de 90 jours conclu entre Pékin et Washington, les tensions restent vives entre les deux principales puissances économiques mondiales, souligne un rapport de S&P Global Ratings daté du 16 mai. « L’accord récemment conclu entre les États-Unis et la Chine ne prévoit qu’un répit de 90 jours », souligne le rapport. « Passé ce délai, en l’absence de compromis, les droits de douane pourraient repartir à la hausse — potentiellement de façon significative. »

Pendant des années, Alibaba, aux côtés de ses rivaux Shein et Temu (filiale de PDD Holdings), a tiré parti de l’exonération des droits de douane sur les petits colis pour expédier directement aux consommateurs américains et renforcer sa présence sur le marché des États-Unis.

Sur la période, le chiffre d’affaires total d’Alibaba a progressé de 7 % sur un an pour atteindre 236,4 milliards de yuans (soit 29 milliards d’euros). Le bénéfice net, lui, a bondi à 12 milliards de yuans, en hausse de 1 203 % par rapport à l’an dernier, un résultat largement attribué aux fluctuations de la valeur de ses participations.

Malgré ces chiffres en forte hausse, les résultats sont restés en deçà des attentes du marché, a indiqué via WeChat Wang Xiaoyan, analyste chez 86Research, une société de recherche basée à Shanghai. Les actions d’Alibaba, cotées à New York comme à Hong Kong, ont chuté vendredi après la publication de résultats jugés décevants.

Wang Xiaoyan souligne également que les bénéfices pourraient rester volatils dans les mois à venir, alors qu’Alibaba continue d’investir massivement dans les services de livraison express, visant à livrer les commandes en ligne en moins d’une heure.

Les investisseurs espéraient aussi une croissance plus soutenue de l’activité cloud du groupe, dont les revenus ont progressé de 18 % sur un an pour atteindre 30,1 milliards de yuans ce trimestre. « Beaucoup tablaient sur un effet d’entraînement des avancées en intelligence artificielle en Chine, susceptibles d’accroître la demande pour les services d’Alibaba spécialisés dans le traitement et le stockage de données », ajoute-t-elle.

Une contribution de Yue Wang pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

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