Ce qu’il faut retenir
Confrontée aux tarifs américains et au dumping chinois, la Commission européenne s’apprête à restreindre l’ouverture de ses frontières pour éviter l’effondrement d’une industrie stratégique. Sa clause de sauvegarde sur l’acier, déjà en vigueur depuis 2018, va subir un durcissement attendu par un secteur en crise. Dans une mesure résolument protectionniste, Bruxelles propose de doubler à 50 % les droits de douane sur les importations d’acier et de réduire de moitié les quotas. La Commission devait présenter son plan ce mardi 7 octobre à Strasbourg, dans le cadre d’un ensemble plus large de mesures destinées à rétablir une « concurrence équitable » sur le marché européen.
Pourquoi c’est important à suivre
Ces nouvelles protections du marché européen contre les assauts américains et chinois étaient très attendues par le secteur de la sidérurgie, pris dans une crise sans précédent. Rien qu’en 2024, près de 18 000 emplois directs ont été supprimés et les sites de production ne tournent qu’à 70 % de leurs capacités en moyenne. [L’Eurofer, la fédération européenne de la sidérurgie, alertait encore en septembre 2025 sur « un risque de désindustrialisation accélérée si rien n’est fait ».] Et si en 2018, l’UE s’était dotée d’une clause de sauvegarde effective jusqu’à juin 2026, elle anticipe désormais une révision de ce cadre pour l’adapter à la guerre commerciale mondiale et à la surcapacité chinoise estimée à plus de 400 millions de tonnes.
Citation principale
« L’UE était le dernier grand marché encore ouvert. […] Seul un peu plus de 10 % de son marché restera ouvert à la concurrence internationale. En d’autres termes, le marché européen de l’acier devient un marché domestique », affirme Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission chargé de l’industrie.
Le chiffre à retenir : 135 millions de tonnes
L’Europe a produit 135 millions de tonnes d’acier en 2024. Elle pourra dorénavant en importer 18 millions de tonnes par an sans payer de droits de douane, soit deux fois moins qu’aujourd’hui. La Chine, premier exportateur mondial d’acier, risque de voir ses volumes vers l’Europe chuter de près de 60 %, selon les estimations de Bloomberg.
À surveiller
Afin d’appuyer les négociations toujours en cours avec Washington, Bruxelles soumet également les États-Unis à 50 % de droits de douane sur les importations d’acier européen -mais sans quotas – pour conserver un levier dans les discussions. En misant sur une baisse drastique des importations, l’Europe entend préserver sa souveraineté industrielle, mise à mal par un climat économique mondial incertain. L’ensemble des mesures proposées par la Commission devront encore être validées par le Parlement européen et les États membres. Aujourd’hui, plusieurs pays, dont la France, l’Italie, la Pologne ou encore l’Espagne, devraient y être favorables. L’Allemagne, plus dépendante des importations, reste en revanche plus prudente.
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