On estime que 124 000 milliards de dollars devraient changer de mains (à l’échelle mondiale) dans le cadre de ce que l’on appelle le « grand transfert de richesse », les femmes devant hériter de près de 70 % de ce montant.
Alice Walton vient de construire une nouvelle école de médecine qui, en plus du programme traditionnel, promet une « approche holistique » qui est « ancrée dans l’art et le bien-être ».
Mackenzie Scott (anciennement Bezos) a discrètement investi ses milliards de dollars dans l’éducation, les arts, les organisations qui soutiennent et aident les femmes, la santé publique, l’immigration, la diversité et le logement abordable, comme l’ont rapporté le Chronicle of Philanthropy et Levers for Change. Joan Kroc a fait don de 200 millions de dollars à NPR (en 2003).
Melinda French Gates investit ses milliards pour aider les femmes et avoir un impact social, « afin d’accélérer le rythme du progrès social grâce à des investissements à fort impact, à la philanthropie, à des partenariats et à des actions de sensibilisation visant à donner plus de pouvoir à un plus grand nombre de personnes, en particulier aux femmes, aux États-Unis et dans le monde entier », selon son site internet Pivotal Ventures. Elle a déclaré que « des décennies de recherche sur l’économie, le bien-être et la gouvernance montrent clairement que l’investissement dans les femmes et les filles profite à tous ».
L’essor du sport féminin reflète également cette prémisse. Le sport féminin est désormais « une catégorie d’investissement en plein essor, tant pour les investisseurs sportifs chevronnés que pour les nouveaux venus », a récemment déclaré Sports Litigation Report. Les sportives, les équipes et leurs fans ont « une mentalité axée sur les valeurs et privilégient les marques qui font preuve d’intégrité et de responsabilité sociale », comme l’a rapporté Claire Poole, contributrice chez Forbes.
Imaginez un monde avec des centaines d’autres Alice, Melinda, Joan et Mackenzie, à travers les générations.
« On estime que 124 000 milliards de dollars devraient changer de mains (à l’échelle mondiale) dans le cadre de ce que l’on appelle le “grand transfert de richesse”, les femmes devant hériter de près de 70 % de ce montant. Combiné à l’amélioration du niveau d’éducation, aux efforts accrus en matière de diversité et d’inclusion, et aux progrès continus dans la réduction de l’écart salarial entre les genres, ce moment marque une augmentation transformatrice de la richesse féminine mondiale. » Tels sont les mots de Silvia Bastante de Unverhau, experte mondiale en philanthropie et conseillère principale chez LGT au sein de Private Banker International.
Citant le rapport de la Bank of America Institute sur les femmes et la richesse, CNBC a déclaré : « Environ 47 000 milliards de dollars devraient être transmis aux femmes des jeunes générations sous forme d’héritage », ce qui signifie que « les femmes contrôleront bientôt plus d’argent que jamais ». McKinsey rapporte que les femmes américaines auront un héritage de 30 000 milliards de dollars d’ici 2030.
Le pouvoir et l’influence s’exercent au gré des fluctuations de la richesse
Quel que soit le montant final, il s’agit d’un bouleversement économique majeur. Si la richesse est synonyme de pouvoir, ce qui semble être le cas dans l’économie actuelle, les femmes sont sur le point d’acquérir un pouvoir financier, géopolitique, économique et culturel considérable.
Selon les experts, ce transfert massif de richesse est principalement dû à des facteurs démographiques, car les baby-boomers (nés entre 1946 et 1964) et la « génération silencieuse » (née entre 1928 et 1945) vont transmettre leur patrimoine. Les femmes ayant tendance à vivre plus longtemps que les hommes, ce sont les veuves qui hériteront de la majeure partie de ces richesses. Il s’agit d’un « transfert de richesse potentiel d’une ampleur telle qu’il avoisine le PIB annuel des États-Unis. Après avoir joué les seconds rôles pendant des années, les femmes sont sur le point de passer au premier plan », selon McKinsey.
Cela s’explique également par le fait que les femmes occupent désormais une place centrale dans les instances dirigeantes, gagnent mieux leur vie, créent et vendent davantage d’entreprises et investissent plus. L’analyse McKinsey’s 2024 Women in the Workplace (portant sur plus de 1 000 entreprises et 480 000 personnes) a révélé que 29 % des postes de direction, 29 % des postes de cadres supérieurs et 34 % des postes de vice-présidents sont désormais occupés par des femmes, contre 17 %, 23 % et 27 % en 2015, respectivement.
Quel sera l’impact sur l’économie et la structure du pouvoir ?
Si l’économie actuelle est régie par la règle d’or (celui qui a le plus d’or fait la loi) et que c’est la raison pour laquelle les ultra-riches ont exercé un tel pouvoir, alors nous allons connaître un séisme économique lorsque la fortune changera de mains. C’est déjà le cas, de manière subtile.
Plusieurs études montrent que les femmes dépensent et investissent leur argent en fonction de leurs valeurs
- Influence économique. «Les femmes aisées sont à l’origine de changements positifs grâce à leur influence économique et à leur philanthropie stratégique », selon l’étude Bank of America Study of Philanthropy 2023. L’étude ajoute que « 85 % des décisions relatives aux dons caritatifs des ménages sont prises ou influencées par une femme » et que 85 % des femmes aisées « alignent parfois ou toujours consciemment leurs décisions d’achat sur leurs valeurs, par rapport aux hommes aisés ». Elles sont également susceptibles d’accélérer la croissance économique, car une étude de McKinsey Health a révélé que chaque dollar investi dans la santé des femmes génère trois dollars de croissance économique globale.
- Investir davantage dans les causes, les besoins et les problèmes des femmes. « Les femmes aisées étaient également beaucoup plus susceptibles que les hommes de choisir les questions relatives aux femmes et aux filles parmi leurs trois causes/problèmes les plus importants », selon le rapport de du Bank of America Institute, notamment la santé des femmes et les droits reproductifs. Parmi les raisons invoquées par les personnes interrogées, citons « le désir d’améliorer le monde pour les femmes et les filles, la conviction que le soutien aux femmes et aux filles est le moyen le plus efficace de résoudre d’autres problèmes sociaux, et le désir d’améliorer le monde pour leurs enfants ».
- L’impact compte. « Lorsque les femmes investissent et font des dons à des œuvres philanthropiques, l’impact compte », selon l’étude Bank of America Private Bank’s Study of Wealthy Americans. Cette étude révèle également que « les Américaines sont plus enclines à croire que l’investissement durable peut avoir un impact positif sur la société et, par conséquent, elles s’efforcent d’investir de manière responsable ».
- Aligner leurs achats et leurs investissements sur leurs valeurs. « En tout, 85 % des femmes fortunées aux États-Unis alignent consciemment leurs décisions d’achat sur leurs valeurs au moins une partie du temps, et 10 % des femmes fortunées participent à des investissements durables ou à impact social. »
- Plus de financement pour l’éducation et la justice sociale. En outre, un rapport de FCD Invest a révélé que « les femmes donnent un pourcentage plus important de leur fortune que les hommes et sont plus susceptibles de soutenir des causes en faveur des femmes et des filles, telles que la santé, l’éducation et la justice sociale. Cela pourrait entraîner une augmentation du financement des organisations à but non lucratif et des entreprises sociales, en particulier celles qui se concentrent sur l’équité et le développement communautaire ».
- Plus d’investissements dans les entreprises dirigées par des femmes, plus d’emplois pour les femmes et plus d’innovations par les femmes. « Étant donné que les entreprises dirigées par des femmes ont également tendance à employer davantage de femmes, aider les femmes entrepreneurs contribue également à créer des emplois pour un plus grand nombre de femmes », a constaté la Women’s Entrepreneurs Finance Initiative.
Quel sera l’impact des milliards de dollars détenus par les femmes ?
Les femmes sont plus éduquées que jamais, plus accomplies que jamais, disposent de réseaux plus étendus que jamais, sont plus indépendantes dans leur façon de penser et plus affirmées dans leur rôle de leaders que jamais, sont plus influentes que jamais, disposent de plus de ressources (financières et non financières) que jamais et exercent plus de pouvoir que jamais.
De plus en plus de femmes soutiennent également d’autres femmes, soit en choisissant de faire affaire avec elles, soit en faisant des dons à des organisations à but non lucratif qui répondent à leurs besoins. Il y a également plus de femmes milliardaires autodidactes que jamais auparavant, comme l’a rapporté Forbes.
Comme l’a déclaré Melinda French Gates, « investir dans les femmes et les filles profite à tout le monde ».
« Combiné à l’amélioration du niveau d’éducation, aux efforts accrus en matière de diversité et d’inclusion, et aux progrès continus dans la réduction de l’écart salarial entre les sexes, ce moment marque une augmentation transformatrice de la richesse mondiale des femmes », comme le souligne Silvia Bastante de Unverhau.
Une contribution de Joan Michelson pour Forbes US, traduite par Flora Lucas
À lire également : CLASSEMENT SELF-MADE-WOMEN FORBES | Les femmes de moins de 40 ans les plus riches des États-Unis en 2025

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