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Après le flop du métavers, Meta cherche sa place dans la nouvelle ère de l’IA

Meta met fin à une stratégie perdante — celle du métavers — pour engager un nouveau virage stratégique résolument axé sur l’intelligence artificielle. Avec son plan d’investissement massif, le groupe de Mark Zuckerberg mise tout sur l’IA générative afin de rattraper son retard sur OpenAI et consorts.

 

« Ouvrir une nouvelle ère d’émancipation personnelle », affirme Zuckerberg comme justification philosophique de ce nouveau cap. Une formule qui marque un tournant radical, à mille lieues du métavers, l’échec retentissant qui a coûté plusieurs dizaines de milliards de dollars à l’entreprise. En 2022, le patron de Meta annonçait que cette technologie allait bouleverser le monde. Mais Horizon Worlds n’a jamais trouvé son public, et la valeur boursière du groupe a chuté sous le poids de ces investissements hasardeux.

Aujourd’hui, Zuckerberg semble vouloir faire oublier ce revers. Et avec un super-profit de 71,5 milliards de dollars sur les douze derniers mois, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp dispose des moyens pour accélérer. Le groupe annonce vouloir investir « des centaines de milliards de dollars » dans l’intelligence artificielle, en particulier dans le développement d’une superintelligence embarquée, capable d’assister chaque utilisateur de manière personnalisée, via commande vocale.


 

Une infrastructure colossale au service de l’IA

Au deuxième trimestre 2025, Meta a enregistré un chiffre d’affaires de 47,5 milliards de dollars, en hausse de 22 %, et un bénéfice net de 18,34 milliards, soit +36 % sur un an. Une performance saluée par les marchés : l’action du groupe a grimpé de 12 % à la clôture de la Bourse de New York. Meta attribue cette croissance à l’intégration de l’IA dans ses outils publicitaires : la technologie recommande automatiquement des emplacements aux annonceurs et des contenus aux utilisateurs. « Une part significative de nos recettes publicitaires provient désormais de campagnes utilisant l’une de nos fonctionnalités d’IA générative », a précisé Zuckerberg lors d’une conférence avec des analystes.

Fort de cette dynamique, le groupe lance la construction de nouveaux data centers géants exclusivement destinés à l’IA générative. Le centre Prometheus est déjà en chantier, et d’autres sont prévus dans l’Iowa, l’Indiana et le Texas. Ces projets figurent parmi les plus coûteux jamais entrepris par Meta. À eux seuls, les investissements en capital pour 2025 sont estimés entre 64 et 72 milliards de dollars.

En parallèle, Meta a déboursé 14,3 milliards pour acquérir 49 % de la startup Scale AI, spécialisée dans l’entraînement des modèles d’IA, et dont le fondateur Alexandr Wang dirige désormais le nouveau Superintelligence Lab du groupe. L’objectif : concevoir une IA personnelle embarquée dans les appareils du quotidien — téléphones, lunettes, interfaces vocales — capable d’accompagner chaque individu dans ses tâches, décisions ou besoins d’information.

 

Guerre des talents, lunettes connectées et rattrapage d’OpenAI

Meta entend aussi attirer les meilleurs talents du secteur. « En dehors des infrastructures, nous prévoyons que la rémunération des employés sera le deuxième facteur de croissance des dépenses en 2026, avec le recrutement de talents dans les domaines prioritaires », a indiqué le groupe dans son communiqué. En coulisses, les packages proposés atteignent des niveaux spectaculaires : certains ingénieurs se voient offrir plus d’un milliard de dollars sur quatre ans pour rejoindre les équipes IA de Meta. Le groupe recrute à tour de bras chez Google, OpenAI ou Apple.

Côté grand public, Meta capitalise sur le succès inattendu de ses lunettes Ray-Ban Meta, dont les ventes ont triplé sur un an. Ces montures intégrant micros, caméra et Meta AI marquent une rupture : elles incarnent la volonté du groupe de diffuser l’IA dans des objets familiers, discrets, sans interface encombrante. Une approche concrète, loin de l’abstraction technologique du métavers.

Zuckerberg espère désormais rattraper OpenAI, maison mère de ChatGPT. Mais la compétition ne s’arrête pas là. Meta affronte aussi Microsoft, solidement installé grâce à son alliance avec OpenAI et son intégration d’outils d’IA dans l’ensemble de ses services cloud. La bataille pour la domination de l’IA ne se limite donc plus à la recherche ou à la vision produit — elle se joue aussi sur l’infrastructure, l’échelle, et la capacité à transformer les usages.

 

Une stratégie alignée sur les vents politiques

À cette ambition technologique s’ajoute un positionnement politique qui interroge. Tout comme Elon Musk ou Jeff Bezos, Mark Zuckerberg semble tirer profit du retour de Donald Trump sur la scène politique. Si Meta n’a jamais affiché de soutien officiel, les assouplissements réglementaires impulsés par la nouvelle administration ont offert un répit stratégique aux géants de la tech. Le groupe a su non seulement surmonter les incertitudes liées à la guerre commerciale ravivée par Trump, mais aussi en tirer parti.

Zuckerberg, souvent qualifié de suiveur plus que de visionnaire, montre à nouveau sa capacité à s’adapter aux tendances dominantes. Après le mirage du métavers, il s’aligne sur le nouveau consensus de l’IA générative. Mais cette fois, les chiffres sont là. Et les infrastructures, le recrutement et les produits semblent dessiner une trajectoire plus solide. Reste à savoir si cette stratégie débouchera sur une adoption massive — ou si elle retombera dans la surenchère marketing qui a précipité l’échec du métavers.

 


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