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Accord UE-Etats-Unis : la classe politique française dénonce d’une même voix le compromis

Accord UE-Etats-Unis : la classe politique française dénonce d'une même voix le compromis
Accord UE-Etats-Unis : la classe politique française dénonce d'une même voix le compromis

Emmanuel Macron estime que les Européens n’ont pas été « assez craints » et appelle au « rééquilibrage des échanges ». À gauche comme à droite, les réactions sont unanimes pour dénoncer la taxe de 15 % imposée par Donald Trump sur les produits européens. Un front commun rare, qui contraste avec les divisions habituelles sur les dossiers européens.

 

Il est rare, voire exceptionnel, que l’ensemble de la classe politique française soit sur la même longueur d’onde. Du président de la République au Premier ministre, en passant par la gauche et l’extrême droite, tous ont critiqué à l’unisson l’accord commercial conclu entre l’Union européenne et les États-Unis. Le 27 juillet, Ursula von der Leyen a accepté que des droits de douanes de 15 % soient imposés sur la plupart des produits européens. Contrairement à d’autres pays européens, comme l’Allemagne, la France milite depuis le début de la guerre commerciale lancée par Donald Trump le 2 avril pour une posture plus ferme.

Après 72 heures de silence, le chef de l’État est monté au créneau, ce mercredi 30 juillet en Conseil des ministres. « Pour être libres, il faut être craints. Nous n’avons pas été assez craints », a-t-il déploré selon des propos rapportés par des participants à l’AFP. Emmanuel Macron a estimé que l’UE devait obtenir de « nouvelles » exemptions durant les prochaines discussions permettant de finaliser les détails de l’accord. « Ce n’est pas la fin de l’histoire et nous n’en resterons pas là », a-t-il renchéri, appelant à « œuvrer sans relâche au rééquilibrage des échanges, notamment dans les services ».


 

La communication de Bayrou dans le viseur de la gauche 

La critique du chef de l’État rejoint fait écho à celle émise 48 heures plus tôt par son Premier ministre. « C’est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission », écrivait lundi François Bayrou sur X. Le Béarnais marque ainsi un pas de côté politique. Eurodéputé de 1999 à 2002, toujours président du Parti démocrate européen, le locataire de Matignon figure depuis des décennies comme l’un des plus fervents défenseurs de l’Union européenne. 

François Bayrou n’est pas le seul Européen convaincu à critiquer cet accord. « Ce n’est pas un accord, c’est du racket ! », a fustigé Laurent Wauquiez, président des députés Les Républicains. « Ce deal perdant avec Trump est le produit d’une faiblesse politique morale désespérante », a réagi sur X le député européen Place publique, Raphaël Glucksmann. La France insoumise, réputée beaucoup moins tendre avec Bruxelles, a également dénoncé une « capitulation » par l’intermédiaire de son coordinateur Manuel Bompard. 

À gauche, la communication du Premier ministre est aussi ciblée : « Un Premier ministre ne se contente pas de pleurnicher sur X, a taclé Olivier Faure. Il prend des positions, défend nos intérêts et organise la confrontation avec Ursula von der Leyen, au sein de l’Union européenne. » Même constat chez François Ruffin : « Monsieur Bayrou, vous n’êtes pas influenceur. Vous êtes du gouvernement. Intervenez, refusez cet accord ! ».

 

Des ministres plus nuancés 

L’exécutif se retrouve ainsi dans une position délicate. « Dans ce type de négociations européennes, Matignon et l’Elysée sont dans la boucle en amont des décisions », relève Sylvain Kahn, professeur à Sciences Po et spécialiste des questions européennes, dans Le Monde. Ainsi, lorsque le gouvernement tente de se présenter comme un simple spectateur, la posture sonne faux. Selon des sources rapportées par Reuters, Emmanuel Macron se serait tenu en retrait des négociations pour ne pas entraver les discussions entre Bruxelles et les États-Unis. 

Le ministre du Commerce, Laurent Saint-Martin, reconnaît un accord « déséquilibré », mais y voit surtout la fin d’une « incertitude économique délétère, particulièrement dommageable pour les investissements ». Même analyse du ministre de l’Économie, Éric Lombard, dans Libération : « C’est un mauvais accord, mais la moins mauvaise des solutions. »

Les regards se tournent désormais vers les prochaines discussions, qui devraient permettre de préciser le cadre juridique de l’accord et les éventuelles contreparties obtenues par l’UE. Les divergences d’interprétation entre Bruxelles et Washington, notamment sur la portée des engagements énergétiques, risquent de compliquer la phase de ratification. Paris entend peser de tout son poids pour obtenir de nouvelles concessions, espérant que cette fois que l’Union européenne parlera d’une seule voix face à Washington.

 


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