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L’accord commercial entre les États-Unis et l’UE fait grimper le prix du pétrole, mais cette hausse va-t-elle durer ?

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Source : Getty Images

Lundi 28 juillet, les contrats à terme sur le pétrole ont augmenté de plus de 2,5 % à la suite d’un apaisement des tensions commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne (UE), mais des doutes subsistent quant à la vigueur de la reprise.

 

À 14 h 50 (EDT), le contrat à terme sur le Brent, référence mondiale, pour le mois le plus proche, était en hausse de 1,79 dollar (soit une augmentation de 2,65 %) pour atteindre les 69,45 dollars le baril dans les échanges américains, tandis que le contrat pour le mois le plus proche sur le West Texas Intermediate s’échangeait à 66,86 dollars le baril, en hausse de 1,70 dollar (soit une augmentation de 2,61 %).

Cette hausse fait suite à l’accord commercial conclu dimanche en Écosse entre le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, après des mois de tensions entre les deux parties.


Selon les termes de l’accord, les États-Unis imposeront un droit de douane de base de 15 % sur la plupart des exportations de l’UE vers les États-Unis, ce qui représente une multiplication par près de trois des taux actuels, mais limitera la menace d’un droit de douane plus élevé de 30 % brandie par Donald Trump le 1er août si les négociations entre les deux parties échouaient.

 

Augmentation des exportations énergétiques américaines, apaisement des tensions commerciales

En contrepartie, les Européens ont également promis d’importer des énergies américaines, principalement du pétrole et du gaz naturel liquéfié, pour un montant de 250 milliards de dollars sur trois ans. Si ces chiffres se confirment, cela marquerait une augmentation massive des exportations énergétiques américaines vers l’Europe.

Pour mettre les choses en perspective, en 2024, les achats totaux de produits énergétiques américains par l’UE, y compris le charbon, étaient inférieurs à 100 milliards de dollars, selon l’Energy Information Administration (EIA), l’agence statistique du département d’État américain à l’Énergie.

Quelle que soit l’évolution du volume des échanges énergétiques, l’apaisement des tensions devrait stabiliser les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’UE, qui représentent près de 2 000 milliards de dollars. Cela a déclenché un rebond des marchés pétroliers et boursiers, qui ont repris leurs activités lundi après le week-end.

L’accord devra être approuvé par l’ensemble des 27 États membres de l’UE. Bien que chacun de ces pays ait des intérêts différents et soit exposé à des degrés divers aux exportations de marchandises vers les États-Unis, aucun État membre n’a jusqu’à présent indiqué son intention de bloquer l’entrée en vigueur de l’accord, malgré le peu d’enthousiasme des dirigeants européens.

Cette hausse a également renforcé les prix par rapport à la semaine dernière, après que Donald Trump ait conclu un accord commercial avec le Japon, alors que la saison estivale aux États-Unis, marquée par une demande plus forte, offre un potentiel de hausse supplémentaire.

La dernière évolution des prix rapproche les contrats à terme sur le Brent au seuil de 70 dollars le baril, un niveau qui devrait être plafonné au plus fort de l’été dans l’hémisphère nord. Cependant, les craintes d’un excédent de pétrole persistent, et pour cause, car le marché du brut reste suffisamment approvisionné.

 

La reprise du pétrole va-t-elle durer ?

Au début du mois, l’OPEP+, un groupe restreint de producteurs de pétrole dirigé par la Russie et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) menée par l’Arabie saoudite, a décidé d’augmenter les niveaux de production pour le mois d’août de 548 000 barils par jour supplémentaires.

Les producteurs que sont l’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie et Oman ont déclaré que cette décision était motivée par « les fondamentaux sains du marché pétrolier et les perspectives économiques mondiales stables ».

Cependant, la véritable raison reste la hausse de la production des pays non membres de l’OPEP, en particulier celle des États-Unis. Selon l’EIA, la production de pétrole brut du pays a atteint un niveau record de 13,47 millions de barils par jour en avril, battant le précédent record de 13,45 millions de barils par jour établi en octobre 2024.

Lundi, l’EIA a également confirmé que la production américaine sur les terres fédérales avait également atteint un niveau record de 1,7 million de barils par jour en 2024, signe d’une vigueur soutenue à court et moyen terme.

Les rangs des producteurs non membres de l’OPEP sont également renforcés par l’augmentation de la production du Brésil, du Canada, de la Guyane et de la Norvège. Collectivement, la croissance de la production hors OPEP devrait augmenter de 1,4 million de barils par jour, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Cela signifie que la croissance de la production hors OPEP est à elle seule plus que suffisante pour répondre aux prévisions de croissance de la demande mondiale pour cette année avancées par divers prévisionnistes. Celles-ci varient entre 0,72 million de barils par jour et 1,3 million de barils par jour, l’AIE et l’OPEP se situant aux extrémités opposées de cette fourchette.

Avec l’arrivée de barils supplémentaires provenant de toutes parts, on craint que le marché pétrolier ne se retrouve avec un excédent pouvant atteindre 500 000 barils par jour, voire plus. Étant donné que l’OPEP+ souhaite désormais livrer bataille aux producteurs non membres de l’OPEP afin de gagner des parts de marché, les prix du pétrole devraient baisser.

Par exemple, en mai dernier, avant l’escalade des tensions au Moyen-Orient le mois suivant, les analystes de Goldman Sachs prévoyaient des prix moyens du pétrole inférieurs à 60 dollars, soit 56 dollars pour le Brent et 52 dollars pour le West Texas Intermediate à la fin de l’année et l’année prochaine.

Ils faisaient partie d’un nombre croissant de leurs pairs qui s’apprêtaient à réviser à la baisse leurs prévisions pour les prix du pétrole en 2025-2026, les ramenant à 60 dollars ou moins. À moins d’une escalade géopolitique majeure ou d’un événement macroéconomique, cette possibilité n’est peut-être pas aussi éloignée qu’elle peut le sembler à certains.

Avertissement : Le commentaire ci-dessus vise à stimuler la discussion sur la base de l’opinion et de l’analyse de l’auteur, qui s’exprime à titre personnel. Il ne s’agit pas d’une sollicitation, d’une recommandation ou d’un conseil d’investissement visant à négocier des actions, des contrats à terme, des options ou des produits liés au pétrole et au gaz naturel. Les marchés du pétrole et du gaz naturel peuvent être très volatils et les opinions dans ce secteur peuvent changer instantanément et sans préavis.

 

Une contribution de Gaurav Sharma pour Forbes US, traduite par Flora Lucas


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