30 Under 30 – La suite : qu’est devenu Hugo Dinh, cofondateur de Naox ?

Lauréat du classement Forbes 30 Under 30 en 2022, Hugo Dinh avait cofondé en 2018 NaoX Technologies, une start-up qui travaille pour rendre les capteurs d’électroencéphalogramme plus simples et accessibles. Toujours à la tête de NaoX, Hugo Dinh entend mettre sur le marché de nouveaux dispositifs médicaux d’ici fin 2025 pour démocratiser le diagnostic des troubles neurologiques. Voici ce qu’il est devenu.

Arrivé du Vietnam à l’âge de 15 ans, Hugo Dinh étudie quelques années plus tard les neurosciences à l’école Polytechnique. Après avoir poursuivi ses études à Berkeley, dans la Silicon Valley, il fonde la biotech NaoX Technologies avec Michel Le Van Quyen, dans le but de faire sortir l’électroencéphalogramme de l’hôpital. Cachée dans des écouteurs, cette technologie d’encéphalogramme embarquée est capable de mesurer l’activité cérébral de celui qui les porte.

Aujourd’hui, les cofondateurs de NaoX Technologies espèrent une commercialisation pour 2025. Les écouteurs inventés par la start-up sont en phase d’être présentés aux organismes de certification dans l’objectif d’obtenir une autorisation de mise sur le marché.  

Forbes France : Où en êtes-vous aujourd’hui, depuis votre sélection 30 Under 30 ?

Hugo Dinh : Je suis toujours CEO de NaoX Technologies. L’aventure connaît des hauts et des bas, comme tout parcours entrepreneurial, mais nous restons concentrés sur notre objectif principal : mettre sur le marché nos dispositifs médicaux d’ici fin 2025, pour démocratiser le diagnostic des troubles neurologiques.

Quelles sont vos activités actuelles ?

H. D. : Elles n’ont pas tellement changé depuis les débuts : je m’occupe toujours des levées de fonds, d’un peu de R&D, de finance, de produit… Bref, je touche à tout. La grande nouveauté, c’est la dimension RH. Nous sommes passés de 5 à 25 personnes, et gérer une équipe aussi talentueuse, créative et motivée demande beaucoup d’énergie et pas mal de jus de cerveau !

Que retenez-vous de votre parcours entrepreneurial jusqu’ici ?

H. D. : C’est incroyablement enrichissant. J’ai appris bien plus que ce que j’aurais pu imaginer, dans un temps très court.

Y a-t-il une réussite dont vous êtes particulièrement fier ?

H. D. : Être présent le jour de la naissance de mon fils. On dit souvent qu’entreprendre ne laisse pas de place pour la vie personnelle. Pour moi, avoir pu vivre pleinement ce moment, c’est une vraie réussite dans l’équilibre entre ma vie pro et perso.

Une difficulté ou un échec marquant ?

H. D. : Nous avons connu des retards sur le développement de notre produit, initialement prévu pour fin 2024. Nous avons sans doute été trop optimistes au départ. La réalité, c’est qu’un projet technique de cette envergure demande bien plus de ressources et de temps que ce que nous avions anticipé.

Un conseil que vous auriez aimé recevoir au début ?

H. D. : Prendre du recul. Au début, on est dans le feu de l’action, sans jamais vraiment mesurer ce qu’on accomplit. Et puis vient un moment, souvent quand les retards s’accumulent, où on doute. Un investisseur m’a dit : « Regardez ce que vous avez accompli. Vous êtes passés de 5 personnes dans un grenier à 25 dans vos propres locaux à Paris. Vous maîtrisez une technologie unique, vous travaillez avec l’ex-CEO de Withings pour la démocratiser. Soyez-en fiers. ». Ce conseil m’a marqué. Je souhaite à chaque entrepreneur de l’entendre un jour.

Comment voyez-vous l’évolution de votre secteur depuis votre lancement ?

H. D. : Quand nous avons commencé en 2018, la santé digitale était encore incomprise. Depuis le COVID, elle est devenue évidente. En 2025, suivre son cœur via une montre connectée est devenu banal. Et demain, en 2026, on espère que suivre son cerveau grâce à des écouteurs, avec NaoX, le sera aussi.

Votre regard sur l’écosystème startup / jeunes entrepreneurs aujourd’hui ?

H. D. : Entreprendre aujourd’hui est plus difficile qu’il y a 6 ou 7 ans. Le contexte économique a changé : la dette publique limite les investissements, certaines licornes s’effondrent, la confiance est fragile. Mais comme aux États-Unis, après la bulle internet, c’est une étape de maturité. On apprend à cibler les vraies innovations, à construire des réseaux solides, à miser sur la croissance. Ce passage à vide est nécessaire. L’écosystème français se réorganisera, et une nouvelle génération de startups plus solides, plus matures, émergera.

Hugo Dinh poursuit son chemin sans dévier de sa mission initiale : rendre les technologies de suivi cérébral accessibles, simples et intégrées à notre quotidien. Avec NaoX, il parie sur une convergence entre innovation médicale et objets connectés, dans un secteur en pleine mutation. Malgré les retards et les ajustements, le cap est maintenu, porté par une vision à long terme et une équipe en croissance. Reste à franchir la dernière ligne droite réglementaire avant, peut-être, une nouvelle étape pour l’électroencéphalogramme : sortir enfin de l’hôpital et entrer dans les usages.

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