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Expertise-comptable : d’autres modèles existent face à la financiarisation

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Expertise-comptable : d’autres modèles existent face à la financiarisation

La profession d’expert-comptable connaît une transformation profonde, marquée par une vague de rachats orchestrés par des fonds d’investissement. Cette financiarisation croissante s’observe en France comme à l’international et soulève des questions quant à la pérennité de l’accompagnement personnalisé des dirigeants d’entreprise.

Une contribution écrite par Valentin Dreux, co-dirigeant du cabinet DV Experts

 

La financiarisation : une lame de fond

Depuis quelques années, les cabinets d’expertise comptable attirent l’attention des fonds de private equity, séduits par la stabilité et la rentabilité de ce secteur. Cette tendance se traduit par une multiplication des opérations de rachat, visant à constituer des groupes de grande envergure.

Cette consolidation peut offrir des avantages en termes d’investissements technologiques et d’élargissement de l’offre de services. Elle permet d’aller plus vite, plus loin et de relever des défis complexes auxquels notre profession fait face, notamment autour de l’intelligence artificielle.

Cependant, elle peut comporter des risques. L’intégration de cabinets au sein de structures financières pourrait entraîner une standardisation des services, une pression accrue sur la rentabilité et une dilution de la relation de confiance entre l’expert-comptable et son client. Le métier risque alors de perdre sa dimension entrepreneuriale : si les experts-comptables deviennent tous salariés de grands groupes, comment pourront-ils comprendre le quotidien d’un dirigeant de TPE-PME ?

 

L’entreprise familiale : un modèle résilient

Face à cette évolution, d’autres modèles existent. Et notamment celui de l’entreprise familiale, qui apparaît comme une alternative solide et pérenne. En France, les entreprises familiales représentent 69 % de l’emploi et 65 % de la valeur ajoutée totale*. Elles se distinguent par leur ancrage territorial, leur gestion sur le long terme et leur capacité à traverser les crises.

La transmission intergénérationnelle, bien que complexe, permet de préserver l’ADN de l’entreprise et de maintenir une relation de proximité avec les clients. Les dirigeants issus de la famille fondatrice sont souvent plus enclins à adopter une vision stratégique à long terme, privilégiant la pérennité à la rentabilité immédiate.

 

Préserver l’essence du métier

Il est essentiel de préserver l’essence et le sens du métier d’expert-comptable, qui repose sur la confiance, la proximité et une compréhension fine des problématiques entrepreneuriales. La financiarisation, si elle n’est pas encadrée, pourrait compromettre ces fondamentaux.

Les instances professionnelles, les pouvoirs publics et les acteurs du secteur peuvent encourager et soutenir les modèles d’entreprises qui privilégient une gestion durable. Cela passe notamment par la pérennité des dispositifs fiscaux favorisant la transmission familiale, et des modes de financements adaptés : le recours à l’emprunt in fine ou une durée de remboursement allongée à 10 ans, des garanties mutualisées.

 

La profession d’expert-comptable est à un tournant. Entre la tentation de la financiarisation et la vision long-terme, le choix est déterminant pour l’avenir du métier. Le modèle de l’entreprise familiale offre entre autres une voie résiliente et respectueuse de l’essence même de la profession. Il est impératif de reconnaître et de soutenir ces initiatives pour garantir un avenir où l’expertise-comptable reste au service des entrepreneurs et de l’économie réelle.

 

Sources :
Dauphine – Chaire Entreprises familiales 2024

 


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