Une bascule inédite s’est opérée dans le mix énergétique européen au printemps 2025. Pour la première fois, le solaire est devenu la première source d’électricité du continent sur deux mois consécutifs, en mai et juin, selon les données du think tank Ember. Cette percée historique s’explique par un ensoleillement exceptionnel combiné à l’essor rapide des infrastructures photovoltaïques ces dernières années.
Ce qu’il faut retenir
Avec 46 % de la production électrique totale assurée par le solaire sur les deux mois, cette technologie domine pour la première fois le mix énergétique à l’échelle européenne sur une période prolongée. Ce record reflète une dynamique de fond : en seulement trois ans, le parc photovoltaïque européen a doublé, porté par le plan REPowerEU, les incitations fiscales nationales et l’essor de la production locale de panneaux.
Selon la Commission européenne, la capacité solaire installée dans l’UE est passée de 165 GW en 2021 à près de 360 GW attendus fin 2025. Les conditions météorologiques ont aussi joué un rôle clé, avec des niveaux d’ensoleillement supérieurs de 15 à 20 % par rapport à la normale saisonnière dans plusieurs pays d’Europe du Sud et centrale.
Pas moins de treize États membres ont battu leur record national de production solaire en juin. Aux Pays-Bas, le solaire a couvert 40,5 % de la production, tandis qu’en Grèce, il a assuré 35,1 %. La France, encore loin de ces niveaux, a tout de même enregistré un record avec près de 10 % de son mix électrique couvert par le solaire.
Pourquoi c’est important à suivre
L’Europe franchit un seuil stratégique dans sa transition énergétique. Cette poussée du solaire rapproche l’Union européenne de ses objectifs climatiques pour 2030, à savoir une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. La consommation d’électricité sur le continent est en hausse constante, notamment en raison de l’électrification des usages (mobilité, chauffage, industrie). Ce contexte rend la progression rapide du solaire d’autant plus cruciale.
Parallèlement, la part du charbon poursuit sa chute dans le mix énergétique européen. En juin 2025, il ne représentait plus que 6,1 %, contre plus de 15 % il y a cinq ans. Cette baisse s’explique à la fois par la compétitivité croissante des énergies renouvelables et par des politiques nationales de sortie du charbon. En Allemagne, plusieurs centrales ont été fermées ; en Irlande, la dernière centrale a cessé de fonctionner le 20 juin ; et dix pays membres n’ont produit aucun kilowatt-heure d’origine charbonnière en juin.
Des pays comme l’Espagne ont prévu une sortie totale du charbon d’ici fin 2025, tandis que la Slovaquie a entamé la fermeture de ses dernières centrales charbonnières dans la région de Haute‑Nitra, sans échéance nationale clairement fixée.
Citation principale
« Pour atteindre les objectifs de décarbonation de 2030, l’Europe doit encore doubler sa production d’électricité solaire. Mais depuis trois ans, le nombre de panneaux photovoltaïques a déjà doublé. La croissance du solaire va vraiment dans le bon sens », souligne Chris Rosslowe, auteur principal du rapport publié par le think tank Ember.
Le chiffre à retenir : 46 %
Avec une part de 46 % dans la production électrique sur deux mois, le solaire dépasse largement les niveaux atteints les années précédentes. Il ne s’agit plus d’un pic ponctuel, mais bien d’une tendance mensuelle confirmée. À titre de comparaison, le solaire ne représentait qu’environ 20 % de la production à la même période en 2020.
À surveiller
Malgré cette performance remarquable, le solaire reste minoritaire sur l’année dans le mix énergétique européen : il ne représente encore qu’environ 12 % de la production annuelle totale. L’intermittence de la production solaire impose des défis techniques majeurs. Le stockage de l’énergie (batteries, hydrogène, STEP) et le renforcement des réseaux électriques deviennent les deux axes structurants de la prochaine phase de transition.
Le plan européen “Net Zero Industry Act”, qui vise à sécuriser l’approvisionnement en technologies bas carbone, inclut désormais un volet stratégique pour le solaire et les batteries. Si les investissements se maintiennent, le solaire pourrait devenir un pilier structurel du mix énergétique européen à l’horizon 2030.
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