Chaque secteur explore aujourd’hui les possibilités offertes par l’IA générative, qu’il s’agisse d’automatiser les tâches répétitives ou de concevoir des produits et services innovants. Le secteur de la beauté, historiquement en pointe sur les nouvelles technologies, ne fait pas exception. C’est dans cette dynamique que L’Oréal, leader mondial des cosmétiques, vient de nouer un partenariat stratégique avec Nvidia, visant à accélérer le déploiement à grande échelle de l’IA générative au sein de ses activités.
L’Oréal n’est pas novice en matière d’IA, et je suis de près ses avancées depuis 2019. Pourtant, l’entreprise semble aujourd’hui pleinement consciente que le jeu a changé : l’IA générative, capable de créer du contenu inédit à partir de données existantes, s’annonce comme un levier clé pour son futur.
Lors du salon VivaTech à Paris le mois dernier, L’Oréal a officialisé son intégration à l’écosystème de microservices AI Enterprise de Nvidia. Parmi les premières initiatives figure un projet innovant qui révolutionne l’industrie, en couvrant la conception et le marketing, avec des visualisations produits 3D destinées à la promotion et à la recherche.
L’Oréal est-elle sur le point de lancer une transformation majeure grâce à l’IA ? Et comment l’ensemble du secteur beauté-cosmétique s’empare-t-il de ces opportunités disruptives ? Explorons ensemble.
Comment L’Oréal exploite-t-elle l’IA générative ?
Grâce à son partenariat avec Nvidia, L’Oréal va renforcer sa plateforme d’IA générative CREAITECH, capable de créer des visualisations et des contenus à partir de modèles produits. L’objectif : accélérer la conception et la production d’images et de modèles 3D pour le marketing et la recherche.
Ce processus automatisé permet aux équipes créatives de tester et d’ajuster rapidement diverses stratégies marketing. Les visuels peuvent même être personnalisés pour des clients spécifiques ou adaptés aux particularités des marchés locaux.
L’adaptation locale des produits est cruciale, mais aussi très gourmande en ressources pour les fabricants de biens de consommation emballés. L’IA générative offre ici un véritable potentiel d’optimisation et d’efficacité.
Les projets dévoilés jusqu’à présent dans le cadre du partenariat posent les bases de futures initiatives d’IA générative au sein de L’Oréal. Au cœur de cette stratégie : AI Refinery, un nouvel outil de développement qui alimente Noli, la place de marché beauté récemment lancée par L’Oréal et propulsée par l’IA. Exploitant les vastes bases de données de l’entreprise sur les types de peau, les couleurs de cheveux et les formulations de produits, cet outil crée des moteurs de recherche intelligents et d’autres applications dédiées aux consommateurs.
Autre illustration de l’innovation IA chez L’Oréal : Beauty Genius, l’assistant beauté personnel doté d’IA générative. Conçu pour lutter contre la surcharge d’informations sur un marché saturé, Beauty Genius propose des conseils personnalisés 24h/24, fondés sur les connaissances exclusives de L’Oréal, des données dermatologiques et des outils d’essai virtuels en temps réel. Grâce à l’IA générative, la réalité augmentée et la vision par ordinateur, il recommande des routines adaptées, répond aux questions les plus intimes, et guide les utilisateurs vers les produits idéaux en fonction de leur teint, type de cheveux et préoccupations beauté : le tout dans une interface sécurisée et intuitive.
Ces exemples ne sont que les premiers fruits d’un chantier plus vaste. L’Oréal entend déployer l’IA générative à travers toutes ses fonctions, grâce à son partenariat avec Nvidia, pour devancer ses concurrents. Mais l’entreprise a aussi ses propres ambitions et projets en interne.
Comment se positionnent les autres grands acteurs de l’industrie ?
Les géants de la beauté ont été parmi les premiers à adopter l’intelligence artificielle, et cette dynamique s’intensifie avec l’arrivée de l’IA générative.
Au-delà de L’Oréal, Estée Lauder s’est récemment associée à Adobe pour accélérer la création et le lancement de campagnes marketing numériques, en s’appuyant sur la plateforme d’IA générative Firefly et ses API. La marque a aussi développé un assistant de maquillage vocal destiné à faciliter l’application pour les malvoyants, en guidant l’utilisateur étape par étape et en suggérant des améliorations personnalisées.
Unilever mise également sur l’IA générative pour offrir des « expériences ultra-personnalisées ». Sa marque Dove a lancé un thérapeute virtuel du cuir chevelu qui prodigue des conseils experts en soins de la peau, renforçant ainsi le lien personnalisé avec ses clients.
Cette évolution s’inscrit dans une tendance plus large, observée dans plusieurs secteurs, où l’IA générative permet de créer des interactions plus proches et plus authentiques avec les consommateurs. Une étude Salesforce confirme que 76 % des marketeurs utilisent aujourd’hui l’IA générative pour produire du contenu de base, et 63 % pour analyser leurs données marketing.
Par ailleurs, des start-ups et scale-ups spécialisées en IA apportent, elles aussi, leur pierre à l’édifice. C’est le cas de Revieve, qui propose sur Google Cloud une gamme d’outils IA dédiés aux soins de la peau et au maquillage. Ces solutions permettent aux acteurs plus modestes, qui ne disposent pas de leurs propres infrastructures, de bénéficier d’outils avancés pour enrichir leur offre client.
Un nouvel horizon pour l’industrie de la beauté et des cosmétiques
Nous ne faisons qu’effleurer la surface de ce que l’IA générative peut réellement apporter. Si le marketing et les interactions clients servent souvent de terrain d’expérimentation privilégié, l’utilisation de cette technologie va bientôt s’étendre à la conception et au test des produits eux-mêmes.
Par exemple, L’Oréal a récemment annoncé une initiative visant à développer un modèle d’IA capable de réduire le gaspillage de matériaux et d’énergie lors de la formulation des produits, un enjeu clé pour la durabilité.
À l’instar d’autres secteurs, l’IA sera aussi de plus en plus mobilisée pour optimiser les processus internes, qu’il s’agisse du recrutement, de l’intégration des collaborateurs, ou encore de la gestion juridique et réglementaire.
Par ailleurs, une nouvelle génération d’outils et plateformes « agentiques » promet d’automatiser des tâches encore plus complexes, ouvrant la voie à une prochaine vague d’innovations majeures.
Avec la démocratisation des solutions SaaS, l’IA générative ne se limite plus aux grands acteurs comme L’Oréal ou Estée Lauder. Cela signifie que la prochaine révolution dans l’univers de la beauté pourrait bien venir d’un acteur inattendu. Les opportunités sont immenses pour celles et ceux qui sauront surfer sur cette nouvelle vague.
Une contribution de Bernard Marr pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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