Sous pression pour réduire le déficit public, Amélie de Montchalin exclut toute hausse généralisée des impôts, mais reste ouverte à des ajustements sur les retraites et les prestations sociales. La ministre des Comptes publics défend une stratégie reposant sur des coupes ciblées dans les dépenses.
Ce qu’il faut retenir
Sur la question de la fiscalité, les signaux du camp présidentiel sont contrastés. Mercredi 2 juillet, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet expliquait dans Les Échos qu’on ne pouvait « exclure d’emblée toute hausse d’impôts », ouvrant ainsi la porte à des pistes longtemps considérées comme taboues dans la macronie.
Mais ce vendredi, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a rectifié le tir au micro de RTL : « Il n’y aura pas de hausse d’impôts généralisée. »
« Nous n’allons pas sortir de cette situation [budgétaire] par des impôts », a-t-elle insisté. « Ce n’est pas la boussole que nous avons. On doit réduire nos dépenses. »
Pour rappel, le gouvernement vise 40 milliards d’euros d’économies afin de ramener le déficit public à 4,6 % du PIB en 2026. Parmi les pistes de travail évoquées : la suppression de certains avantages fiscaux pour les retraités et un gel temporaire des pensions, deux options que la ministre qualifie de « dans le débat ».
Pourquoi c’est important à suivre
Alors que le gouvernement Bayrou planche actuellement sur le Budget 2026 — dont les grandes lignes seront dévoilées autour du 16 juillet — la réduction de la dépense publique apparaît comme un impératif budgétaire. Mais sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, le parcours s’annonce semé d’embûches.
La gauche a déjà prévenu qu’elle ne voterait pas de budget d’austérité. De leur côté, le RN et Les Républicains ont adressé une fin de non-recevoir à l’éventualité d’un gel du barème de l’impôt sur le revenu, y voyant une hausse déguisée de la fiscalité.
Citation principale
«En ce moment, on reçoit, avec Eric Lombard, tous les groupes politiques, tous les groupes parlementaires, parce qu’on doit à la fin trouver un compromis. Ensuite, début octobre, on présentera le budget, et ensuite, il y aura le débat», a expliqué Amélie de Montchalin.
Chiffre à retenir : 6,2 milliards d’euros
Selon l’OFCE, « le gel de l’ensemble des prestations sociales indexées (y compris retraites et chômage) permettrait une économie budgétaire de l’ordre de 5 milliards d’euros ».
Les pensions de retraite porteraient 3,7 milliards d’euros,
Les prestations sociales hors allocations chômage : 800 millions,
Les allocations chômage : environ 400 millions.
Un gel du barème de l’impôt sur le revenu pourrait, quant à lui, générer 1,2 milliard d’euros supplémentaires, soit un total potentiel de 6,2 milliards d’euros si toutes ces mesures étaient appliquées.
Pourquoi c’est important à suivre
Au début du mois de juin, la Commission européenne a suspendu la procédure de déficit excessif ouverte contre la France il y a près d’un an.
« La procédure pour déficit excessif est en suspens pour la France, mais nous constatons quelques petits dérapages. Nous attendons de voir comment ils évoluent »,
a déclaré le commissaire européen Valdis Dombrovskis.
Le gouvernement français a salué cette décision, évoquant une « évaluation positive » de ses efforts budgétaires. Pour autant, la trajectoire reste fragile. Les prochains mois seront déterminants pour savoir si Paris respectera effectivement ses engagements européens.
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