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Pratiques trompeuses, greenwashing : pourquoi la France inflige une amende record à Shein ?

Prix barrés artificiels, réductions fictives, allégations écologiques douteuses : le géant chinois de l’ultra fast-fashion Shein écope d’une amende record de 40 millions d’euros infligée par la répression des fraudes françaises, à l’issue d’une enquête approfondie.

 

Ce qu’il faut retenir

L’enquête, menée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) depuis 2022, visait à vérifier si les promotions affichées par Shein — telles que « plus que quelques exemplaires », « offre valable quelques minutes », ou « prix barrés » — reflétaient la réalité.

Le verdict est sans appel : dans 57 % des cas, la baisse de prix affichée était fictive. Dans 19 % des cas, le rabais réel était inférieur à celui annoncé, et dans 11 %, il s’agissait carrément de hausses déguisées. Le montant de l’amende est proportionné à la gravité des infractions et au volume des ventes réalisées, selon l’administration.

 

Pourquoi c’est important à suivre

Au-delà des promotions trompeuses, la DGCCRF a également épinglé Shein pour greenwashing. Le groupe se présentait comme « responsable » et annonçait une baisse de 25 % de ses émissions de CO₂, sans preuve ni méthodologie vérifiable, une pratique désormais ciblée par la réglementation européenne sur les allégations environnementales.

Le Green Claims Directive, en cours d’adoption par l’UE, prévoit d’interdire les labels vagues du type « neutre en carbone » sans certification indépendante.

Shein a accepté l’amende. La DGCCRF appelle les consommateurs à la vigilance, notamment face aux allégations de durabilité de certains sites e-commerce, qui doivent, elles aussi, respecter la réglementation en vigueur.

 

Citation principale

« La réglementation relative aux annonces de réduction de prix définit le prix de référence comme le prix le plus bas pratiqué pendant les 30 jours qui précèdent le début d’une promotion. En ne tenant pas compte des promotions précédentes ou en majorant parfois certains prix avant de leur appliquer une réduction, Shein a contrevenu à ces dispositions », a expliqué la DGCCRF dans un communiqué publié le 1er juillet.

 

Le chiffre à retenir : 22%

Selon La Poste, Shein représente aujourd’hui 22 % des colis livrés en France par ses services. Le chiffre d’affaires du groupe dans l’Hexagone a progressé de 58 % en un an, pour atteindre 1,64 milliard d’euros en 2023, selon Reuters. Cette amende de 40 millions d’euros représente à peine 3 % de ses ventes françaises annuelles, mais son impact réputationnel pourrait être bien plus coûteux.

 

À surveiller

La sanction infligée par la France s’inscrit dans un mouvement européen de résistance à l’ultra fast-fashion, accusée d’exploiter des pratiques sociales et environnementales peu transparentes. Si Shein se prépare à une introduction en Bourse (IPO) sur le marché américain ou britannique selon Bloomberg, une cotation est envisagée pour 2025, ce type de procédure pourrait entacher son image auprès des régulateurs et investisseurs.

La France, de son côté, a renforcé son encadrement du secteur textile avec des propositions législatives visant à taxer les géants de la mode jetable et à mieux informer les consommateurs sur l’impact environnemental de leurs achats.

 


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