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Finances publiques : un rapport sévère de la Cour des comptes avant un budget sous tension

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Le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici lors de la Journée de rentrée de la Mutualité Française le 26 septembre 2024 à Paris. (Photo by Thierry NECTOUX/Gamma-Rapho via Getty Images)

À quelques jours des grandes lignes sur le Budget 2026, la Cour des comptes adresse un avertissement sévère au gouvernement. Sans réformes ambitieuses, la dette publique pourrait exploser au-delà de 130 % du PIB d’ici 2029.

 

Ce qu’il faut retenir 

La Cour des comptes se montre rarement tendre quand il s’agit d’évoquer la trajectoire des finances publiques. L’institution n’a pas dérogé à la règle dans son dernier rapport publié le 2 juillet. « Le report des efforts n’est plus possible, alors que la charge de la dette publique a déjà doublé entre 2020 et 2024 et devrait devenir le premier poste de dépense de l’Etat d’ici la fin de la décennie, devant l’Education nationale et la Défense », soulèvent les magistrats de l’institution présidée par Pierre Moscovici. Face à une dette publique qui a atteint 114 % du PIB, l’institution présidée par Pierre Moscovici insiste sur la mise en place de mesures courageuses.

 


Pourquoi c’est important à suivre 

Alors que le gouvernement Bayrou planche actuellement sur le Budget 2026, dont les grandes lignes seront dévoilées autour du 16 juillet, la fragmentation actuelle de l’Assemblée nationale menace la mise en œuvre de réformes structurelles indispensables pour dégager des économies durables craint la Cour.  Elle estime que cette situation risque de conduire à un projet minimaliste, comme une « année blanche » où une partie des dépenses et des seuils fiscaux seraient simplement gelés, sans véritable ajustement, à l’instar du budget 2025.

Pour autant, un budget réalisé pour éviter la censure parlementaire serait une erreur. Après les dépenses massives liées au Covid-19 et au « quoi qu’il en coûte », la France a tardé à maîtriser ses finances publiques. Les dérives constatées en 2023 et 2024 ont doublé l’ampleur des efforts nécessaires pour ramener le déficit public sous la limite européenne de 3 % du PIB.  La portée et la crédibilité des décisions budgétaires à venir sont donc cruciales pour assurer la stabilité économique et éviter des mesures plus douloureuses demain, estiment les magistrats. 

 

Citation principales 

« Toute année perdue supplémentaire, en prolongeant la hausse de l’endettement, impliquerait des efforts futurs plus importants et plus douloureux – particulièrement en cas de nouveau choc macroéconomique –, voire exposerait le pays, en cas de défiance soudaine de ses créanciers, à devoir procéder dans l’urgence à des ajustements brutaux et préjudiciables au potentiel de croissance et à la cohésion sociale », écrit la Cour dans son rapport.

 

Le chiffre à retenir : 105 milliards 

Près de 105 milliards d’euros d’efforts budgétaires seront nécessaires d’ici 2029 pour ramener le déficit sous le seuil de 3 % du PIB, soit plus du double des estimations faites il y a deux ans.

 

À surveiller 

La Cour des comptes a testé cinq scénarios pour évaluer la solidité de la trajectoire budgétaire. En cas de crise économique mondiale ou si les économies promises par le gouvernement ne sont que partiellement réalisées, le déficit public pourrait rester élevé, entre 3,6 % et 6,6 % du PIB en 2029, bien au-delà de l’objectif des 3 %. La dette publique, aujourd’hui à 114 % du PIB, continuerait à croître dangereusement. Dans le scénario le plus défavorable, elle dépasserait 130 % en 2029 et atteindrait 270 % du PIB d’ici 2050. Reste à savoir si les prévisions deviendront réalité ou si le gouvernement trouvera un moyen d’atteindre son objectif. 

 


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