Depuis 1864, la Maison Alfred Gratien élabore à Épernay des champagnes de caractère, vinifiés sous bois et sans fermentation malolactique. Un savoir-faire artisanal transmis depuis plus d’un siècle par la famille Jaeger, pour préserver l’authenticité du fruit et l’identité du terroir.
À Épernay, la Maison Alfred Gratien perpétue depuis 1864 un art du champagne fondé sur l’artisanat, la patience et l’exigence. Dans le chai centenaire où sommeillent près de 1000 fûts de chêne, les cuvées prennent vie à l’écart des tendances. Ici, pas de fermentation malolactique, mais une vinification sous bois dans de petits fûts de 228 litres, pour préserver la fraîcheur et offrir structure, complexité et émotion.
Depuis 2007, Nicolas Jaeger veille sur cette maison indépendante avec une vision héritée de trois générations : son arrière-grand-père, son grand-père et son père furent tous chefs de cave avant lui. Viticulteur lui-même, il parle le même langage que les vignerons partenaires, et ajuste avec précision les approvisionnements. Sa touche personnelle ? Une solera de vins clairs pour enrichir les liqueurs d’expédition et jouer avec plus de nuances sur les assemblages.
« Le bois est un messager, il insuffle au vin une histoire », confie Nicolas Jaeger. L’oxydation maîtrisée, les tanins protecteurs, et un vieillissement long sous liège donnent aux champagnes Alfred Gratien un potentiel de garde rare. Certaines bouteilles patientent plus de 20 ans dans la vinothèque, comme les cuvées de la Collection Memory.
Parmi les icônes, le millésime Paradis Rosé 2008 incarne l’aboutissement de ce savoir-faire : assemblage de Chardonnay (63 %) et de Pinot Noir (37 %), il révèle des arômes de giroles, fruits confits, caramel, et une bouche tendue, saline, à la finale longue et élégante. À table, il sublime veau aux girolles, langoustines ou coquillages safranés.
En 2025, alors que la Champagne célèbre les 10 ans de son inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO, Alfred Gratien rappelle que le luxe est d’abord une affaire de temps. Dans ses crayères profondes, 1,3 million de bouteilles dorment, veillées par l’ombre du fondateur et l’exigence d’un artisanat inchangé. Une part d’éternité dans chaque flacon.
