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Détecter l’épuisement professionnel grâce à l’IA : un levier clé pour retenir les talents

épuisement professionnel
Détecter l’épuisement professionnel grâce à l’IA : un levier clé pour retenir les talents. Getty Images

Dans un contexte où les entreprises réduisent leurs effectifs tout en exigeant davantage des salariés restants, il n’est guère étonnant que l’épuisement professionnel figure parmi les premières causes de départ. D’après le rapport Global Talent Trends 2024-2025, plus de 80 % des employés se déclarent exposés à ce risque. Et pourtant, les signaux d’alerte sont souvent visibles des mois avant qu’un salarié ne décide de partir.

 

Pour les organisations soucieuses de fidéliser leurs talents, la détection précoce de ces signes est cruciale. L’intelligence artificielle peut jouer un rôle clé en fournissant aux managers des indicateurs concrets pour repérer plus tôt les situations à risque. Mais avant de pouvoir agir efficacement, encore faut-il comprendre les véritables raisons qui poussent les collaborateurs vers la sortie ; l’IA peut ensuite devenir un levier puissant pour y remédier.

 


Comment l’IA peut-elle aider à détecter l’épuisement professionnel, en particulier lorsque la surcharge cognitive devient insoutenable ?

L’une des causes les plus insidieuses du burn-out réside dans cette accumulation invisible : interruptions constantes, priorités mouvantes, fatigue mentale liée à la multiplication de tâches sans lien entre elles. Autant de facteurs qui grignotent peu à peu l’énergie, en particulier chez les collaborateurs les plus performants (ceux à qui l’on confie naturellement davantage), jusqu’à ce que la pression prenne le pas sur la reconnaissance.

C’est précisément là que l’IA peut faire la différence. En analysant les données issues des calendriers, la fréquence des réunions ou encore la dispersion des tâches, elle est capable d’identifier les signes d’une fragmentation excessive du travail. Si un employé passe ses journées à jongler entre contextes et interlocuteurs, l’IA peut générer un « score de surcharge », signal d’alerte précieux pour les managers.

Plutôt que d’attendre que l’épuisement se manifeste par des erreurs, des retards ou une démission, l’encadrant peut alors intervenir en amont : revoir les priorités, alléger la charge, ou redistribuer les missions. Une manière proactive de replacer l’humain au centre, avec l’aide de la technologie.

 

Comment l’IA peut-elle utiliser le recul de la curiosité comme indicateur précoce d’un désengagement ou d’un épuisement professionnel ?

Les collaborateurs impliqués posent des questions, remettent en cause les évidences, proposent des alternatives. Ils s’emparent des nouveaux défis avec envie. Lorsqu’ils cessent soudainement de le faire, ce n’est pas anodin : c’est souvent le signe d’un désintérêt croissant, voire d’un début d’épuisement.

Grâce à l’intelligence artificielle, il devient possible de détecter ces micro-changements avant qu’ils ne deviennent visibles à l’œil nu. Sans surveiller les individus, l’IA peut analyser les dynamiques collectives sur les plateformes de collaboration : une baisse des échanges dans les canaux de réflexion, un recul des contributions dans les espaces d’idéation, ou encore une diminution de l’usage des outils de formation. Autant d’indicateurs indirects de la curiosité d’un collaborateur.

Lorsque quelqu’un, auparavant actif et curieux, se met à se retirer de ces espaces, le système peut le signaler. C’est alors l’occasion pour le manager d’ouvrir un dialogue, de comprendre ce qui freine ou démotive, et d’agir avant que la situation ne se traduise par un départ silencieux.

 

Comment l’IA peut-elle aider les managers à repérer la fatigue émotionnelle à travers la communication ?

L’épuisement professionnel ne se manifeste pas toujours par un cri d’alarme : parfois, il s’insinue dans les détails du quotidien, notamment dans la façon dont les collaborateurs communiquent. Un ton devenu neutre, des messages plus courts, une disparition progressive des émojis ou de l’humour ; autant de petits signaux qu’un salarié autrefois expressif se referme peu à peu.

C’est là que l’intelligence artificielle peut jouer un rôle clé. En analysant les tendances de communication dans le temps, elle peut détecter ces glissements subtils de ton ou de style. Non pas pour surveiller ou évaluer, mais pour alerter lorsqu’un changement marqué survient. Un passage de l’enthousiasme à la distance, de l’engagement à la neutralité, mérite l’attention.

Plutôt que d’attendre que la baisse de performance s’installe, les managers peuvent ainsi engager une discussion bienveillante, axée sur l’écoute et le soutien, et agir avant que l’épuisement ne prenne racine.

 

Comment l’IA peut-elle repérer quand un employé passe de la prise d’initiative à la mise en retrait ?

Les talents les plus engagés cherchent souvent à se dépasser. Ils se portent volontaires pour des projets ambitieux, prennent des risques mesurés, explorent de nouvelles compétences. Mais lorsqu’ils approchent de l’épuisement, ce comportement évolue. Ils se replient, choisissent des tâches plus simples, plus sûres, et évitent les initiatives exposées. Non pas par désintérêt, mais pour préserver leur énergie.

L’intelligence artificielle peut aider à repérer ce basculement silencieux. En analysant les données issues des outils de gestion de projet, elle peut observer l’évolution des missions acceptées : un glissement progressif du stratégique vers le répétitif, une désaffection pour les projets optionnels ou autrefois stimulants. Autant de signaux faibles qui peuvent indiquer un désengagement lié à la fatigue.

Plutôt que d’attendre que la flamme s’éteigne complètement, le manager peut alors ouvrir un dialogue. Est-ce la charge de travail, une perte de sens, un besoin de reconnaissance ? En identifiant ces changements en amont, l’IA devient un allié pour préserver l’élan professionnel, et l’humain derrière la performance.

 

Comment l’IA peut-elle anticiper le risque de départ et l’épuisement professionnel avant la démission ?

Bien souvent, lorsqu’un salarié remet sa lettre de démission, il a déjà tourné le dos mentalement à l’entreprise depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. L’épuisement se manifeste souvent par un repli progressif : moins de participation aux échanges, moins de prise de congés, évitement des conflits, et un silence croissant. Ces signaux, subtils mais révélateurs, peuvent désormais être détectés grâce à l’intelligence artificielle avant qu’ils ne deviennent irréversibles.

En s’appuyant sur des modèles prédictifs nourris par l’analyse des données historiques de turnover, l’IA identifie les combinaisons de comportements qui précèdent fréquemment une démission. Une baisse d’engagement dans les réunions, une réactivité moindre aux enquêtes internes ou une modification des habitudes de congés sont autant d’indices de ce retrait progressif.

Dès lors que ces schémas émergent, le système alerte les managers, qui peuvent ainsi engager une conversation authentique avec le collaborateur ; non pas avec un protocole figé, mais avec une réelle écoute, pour comprendre ses besoins et l’accompagner avant qu’il ne soit trop tard.

 

Comment l’IA peut-elle aider les dirigeants à aborder l’épuisement professionnel avec plus d’empathie ?

Reconnaître les signes d’épuisement professionnel est une chose, savoir comment en parler en est une autre. Beaucoup de managers hésitent, mal à l’aise face au stress ou au désengagement de leurs équipes. La crainte d’en faire trop, ou au contraire de ne pas en faire assez, les pousse parfois au silence ; un silence qui peut creuser encore davantage le fossé.

C’est là que l’intelligence artificielle peut intervenir comme un véritable coach. En proposant aux dirigeants des exemples de questions ouvertes, des conseils pour répondre avec bienveillance ou des pistes pour engager un dialogue sincère, elle les aide à préparer ces échanges délicats. Sans jamais imposer de script, l’IA encourage une réflexion personnalisée sur la manière la plus adaptée d’aborder la situation.

Quand ces conversations sont menées avec attention et authenticité, les collaborateurs se sentent réellement vus et entendus ; un capital humain bien plus précieux que n’importe quelle prime de fidélisation.

 

Comment l’IA peut-elle favoriser une culture d’entreprise qui prévient l’épuisement professionnel ?

L’enjeu est de saisir les dynamiques qui façonnent la culture interne. Lorsqu’une équipe affiche des signes de surcharge accrue, une curiosité en berne ou une baisse de prise de risque, c’est tout le fonctionnement de cette partie de l’organisation qui se révèle.

Grâce à l’intelligence artificielle, les entreprises peuvent analyser ces signaux d’alerte au sein des différents services ou fonctions. Plutôt que d’attendre les départs, elles disposent d’une boussole pour concevoir des politiques plus pertinentes : intégrer davantage de temps de récupération pour les postes à haute pression, proposer des options de mobilité interne plus souples, ou encore renforcer les compétences des managers en communication empathique.

L’IA donne ainsi aux dirigeants les moyens d’intervenir en amont, pour préserver leurs talents avant qu’ils ne quittent le navire.

 

Pourquoi faut-il miser dès maintenant sur l’IA pour prévenir l’épuisement professionnel ?

À l’heure où retenir les meilleurs talents devient un enjeu stratégique, les entreprises n’ont plus le luxe d’ignorer les signaux faibles de mal-être. Prévenir l’épuisement professionnel est à la fois plus efficace et bien moins coûteux que d’en gérer les conséquences une fois qu’il s’est installé.

L’intelligence artificielle ne remplace pas l’empathie humaine, elle l’amplifie. Bien utilisée, elle permet aux managers d’agir plus tôt, avec des informations plus précises, et d’ouvrir des conversations plus pertinentes. C’est ainsi qu’on bâtit une culture dans laquelle les collaborateurs choisissent de rester parce qu’ils se sentent soutenus, et non parce qu’ils redoutent de partir.

 

Une contribution de Diane Hamilton pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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