Vieillir, ce n’est pas disparaître. C’est continuer à exister, à choisir, à désirer. Pourtant, dans une société façonnée par la vitesse, la jeunesse et la performance, les personnes âgées sont trop souvent réduites à leurs pertes. Comme si l’âge effaçait la capacité d’agir.
Une contribution d’Alix Gard, co-fondatrice de Zenior
Aujourd’hui, plus de 13 millions de Français ont plus de 65 ans. En 2050, ils seront 20 millions. Ce n’est pas une anomalie à corriger, mais une réalité à accompagner. Il ne s’agit pas seulement de « prendre soin », mais de permettre à chacun de conserver son autonomie, sa mobilité, sa place dans la cité. Cela suppose un changement de regard — mais aussi d’outils.
C’est là que la silver tech entre en jeu. Trop souvent reléguée au rang de gadgets « rassurants », elle constitue au contraire un levier concret d’émancipation. Une technologie bien pensée ne remplace pas l’humain : elle le soutient. Elle ne médicalise pas : elle prévient, anticipe, facilite. Elle n’enferme pas : elle libère.
Des solutions existent déjà. Des objets connectés comme les lampes intelligentes ou les capteurs de mouvement permettent de détecter en amont des risques de chute, de prévenir les aidants ou les soignants, et ainsi de prolonger significativement l’autonomie.
De même, des services de transport à la demande pour seniors émergent dans les zones périurbaines : véhicules adaptés, assistance humaine, réservation sans smartphone. Résultat ? Des personnes âgées qui peuvent à nouveau se rendre seules chez le médecin, voir des amis, participer à la vie locale. Ce n’est pas du confort. C’est de la dignité retrouvée.
Aux États-Unis, les voitures autonomes jouent déjà ce rôle de « facilitateur ». Elles repoussent les barrières imposées par la perte d’autonomie, permettent aux aînés de sortir, de se socialiser, de continuer à faire partie de leurs communautés. C’est un signal fort : la mobilité, pensée autrement, devient un facteur de lien social.
Comme le résume justement une utilisatrice de 78 ans, bénéficiaire de l’un de ces dispositifs : « Je ne suis plus dépendante du bon vouloir de mes enfants ou des horaires de bus. Je suis libre. »
On parle souvent du « coût du vieillissement », mais trop rarement du coût de l’inaction : isolement, hospitalisations évitables, renoncements du quotidien… Investir dans la silver tech, c’est investir dans la prévention, la dignité et la participation sociale. La silver tech ne doit pas être pensée comme un luxe, mais comme un pilier de notre société de demain.
Vieillir n’est pas un problème à résoudre, c’est une réalité à accompagner. Et si la technologie n’est ni magique ni suffisante, elle peut devenir un puissant levier d’égalité et de dignité. À condition qu’on la pense non pas pour les personnes âgées, mais avec elles.
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