Il a grandi entre Rome et Florence, bercé par les toiles de Caravage et les marbres du Bernin. Aujourd’hui, Davide Pascarella transpose cet héritage sur peau, à l’encre noire. Tatoueur à Paris et New York, l’Italien prépare l’ouverture d’un salon-galerie en plein cœur de la capitale. Rencontre avec un artiste qui murmure à l’épiderme.
L’émotion, au cœur du talent d’un des meilleurs tatoueurs de Paris
Dans le monde du tatouage, il y a ceux qui dessinent, et il y a ceux qui interprètent.
Davide Pascarella appartient à la seconde catégorie.
Loin des catalogues de motifs standardisés, il commence toujours son travail par une rencontre. Une conversation. Un instant d’écoute empathique pour mieux comprendre les émotions, les souvenirs, les désirs de la personne en face de lui. « Un tatouage, ce n’est pas seulement une image sur la peau. C’est un fragment d’âme qu’on décide de figer dans le temps. Un bon tatouage, c’est comme un costume sur mesure : fait pour toi, et pour toi seul. »
Formé à la sculpture et à la peinture, Davide ne se contente pas d’ancrer une silhouette sur l’épiderme. Il cherche la vibration, l’intention, l’émotion juste. « La première question que je pose, c’est toujours : qu’est-ce que vous voulez représenter comme sentiment ? », explique-t-il. Un tatouage reste à vie. Mais la mémoire du moment où il a été fait, elle, s’imprime tout autant.
Tatouage réaliste et héritage de la Renaissance italienne
L’art de Davide Pascarella est profondément imprégné de la Renaissance italienne.
Il évoque Giorgio Vasari ou Francesco Petrarca comme d’autres citeraient des maîtres spirituels. « À cette époque, on a redonné à l’humain sa centralité, ses émotions, sa forme, sa complexité. »
Lui-même travaille selon les méthodes héritées des artistes qu’il admire : “chiero-scuro” (clair-obscur), croquis au graphite, maîtrise du contraste. Il ne tatoue qu’en noir et blanc, comme pour mieux faire vibrer la lumière dans l’ombre.
Le style est réaliste, mais la démarche reste profondément symbolique.
L’exemple du David de Bernin, qu’il a proposé à une cliente en quête de force, est éloquent : « C’est le moment avant le combat. La tension dans les muscles, la mâchoire, le regard concentré, la détermination… Cette statue, c’est l’élan. »
À d’autres, il aimerait un jour tatouer le David de Michel-Ange, ou encore le Rapt de Proserpine. Il rêve de reproduire sur la peau Le Christ voilé de Sanmartino ou La Désillusion de Queirolo – ces marbres qui paraissent respirer.
Des histoires personnelles gravées sous la peau
Ses clients viennent parfois avec une émotion, parfois avec une idée. À lui de faire le lien entre les deux.
Un jour, un homme vénézuélien lui a demandé de tatouer l’histoire de France sur son avant-bras. Un défi à la fois artistique et identitaire, qu’il a relevé dans un style qu’il qualifie « d’art conceptuel à base réaliste » : Charlemagne, le Roi-Soleil, la Révolution française, la Déclaration des droits de l’homme, jusqu’à Napoléon. « Il m’a dit : la France m’a donné ce que mon pays d’origine ne m’a pas offert. Ce tatouage, c’est ma manière de lui rendre hommage. »
Pour d’autres, l’hommage est plus intime : une mère, un enfant disparu, un amour. Il raconte ces moments avec pudeur mais avec une fierté certaine : « Quand quelqu’un me dit que j’ai réussi à faire revivre un regard, une présence, je sais que j’ai fait mon travail. »
Un salon de tatouage d’exception en plein Paris
Fin 2025, Davide Pascarella ouvrira son propre salon de tatouage réaliste à Paris.
Il rêve d’un lieu à son image, entre atelier de maître et galerie d’art. Un espace où l’on viendra autant pour se faire tatouer que pour contempler des œuvres.
Certaines, inspirées des de chefs-d’œuvre du Vatican, réalisées par des artistes d’exception seront prêtées.
Son ambition ?
Créer une « nouvelle Renaissance », où le tatouage réaliste ne sera plus un acte de mode, mais une œuvre sur peau vivante.
Une manière de sortir l’art des musées pour le faire vibrer au rythme de la chair et du souffle.
Comment s’appellera ce salon de tatouage réaliste à Paris ?
La Nouvelle Renaissance ? Chiero-scuro ?
Le nom reste encore à découvrir.
Rendez-vous à la fin de l’année pour le savoir.
En attendant, son travail de tatoueur réaliste est à découvrir sur Instagram : @davide_pascarella.