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Savoir prompter l’IA : une compétence clé pour en tirer pleinement parti

Savoir prompter l’IA : une compétence clé pour en tirer pleinement parti / Crédits : Moor Studio
Savoir prompter l’IA : une compétence clé pour en tirer pleinement parti / Crédits : Moor Studio

Alors que l’IA devient incontournable dans le monde professionnel, savoir formuler des requêtes efficaces – autrement dit “prompter” – devient une compétence essentielle. L’analyste prospectiviste Flavien Chervet en a fait un véritable sujet d’étude et de transmission.

L’intelligence artificielle (IA) est aujourd’hui un levier stratégique majeur, avec un impact grandissant sur tous les secteurs d’activité. Pourtant, malgré ses performances spectaculaires, elle reste sujette à des erreurs, parfois spectaculaires, elles aussi : approximations, biais ou “hallucinations”.

Pour les professionnels, il ne suffit donc pas d’utiliser l’IA : encore faut-il savoir bien l’interroger. C’est tout l’enjeu du prompting – cette compétence qui consiste à formuler des demandes claires, contextualisées, adaptées à un objectif précis. Un bon prompt peut transformer une réponse banale en analyse de qualité. Un prompt mal construit, à l’inverse, peut faire perdre temps, énergie et crédibilité.

Flavien Chervet, analyste et prospectiviste, a consacré un manuel entier à cette question. Il est convaincu que la qualité du prompting conditionne la pertinence de l’IA dans les usages métiers, et que cette compétence deviendra aussi essentielle que la maîtrise des outils bureautiques il y a vingt ans.

 

Un impact différencié selon les métiers

L’impact de l’IA varie fortement d’un secteur à l’autre, tant en intensité qu’en rapidité. Les métiers créatifs, notamment, sont parmi les premiers à être bouleversés.

« Le marketing est complètement bousculé par l’IA. Dans le marketing, il n’y a pas, je crois, un élément qui n’est pas augmentable slash automatisable avec de l’IA. Je pense qu’on peut avoir des gains de productivité qu’on n’a jamais pu imaginer dans le marketing. », soutient Flavien Chervet

Dans les fonctions marketing, l’IA automatise de nombreuses tâches, génère des contenus, et assiste les processus de création. Elle transforme toute la chaîne de valeur, du brief au livrable, en stimulant à la fois productivité et créativité.

« Toute la partie financière et comptable, c’est un tout petit peu plus difficile parce qu’il y a une nécessité de rigueur extrêmement forte. On ne peut pas être dans l’à-peu-près. Donc là, on est vraiment dans de l’augmentation et pas de l’automatisation. »

En revanche, les fonctions analytiques comme la comptabilité ou le contrôle financier, qui exigent précision et rigueur, ne peuvent tolérer l’approximation. Dans ces domaines, l’IA reste un outil d’augmentation, pas d’automatisation. L’adoption sera donc plus lente, encadrée, et nécessitera une supervision humaine attentive.

 

Prompter avec discernement pour éviter les biais

Face à cette diversité d’impacts, une règle prévaut : l’IA doit être utilisée avec discernement. Son efficacité dépend fortement du prompt, c’est-à-dire de la formulation de la requête.

« Le prompting devient une nouvelle compétence. »

Il ne suffit pas de “poser une question”. Bien prompter demande de comprendre les limites du système et de choisir le bon niveau de détail et de cadrage. L’IA est plus sujette aux hallucinations dans certains domaines, ce qui oblige à adapter sa façon de lui parler selon le contexte.

Beaucoup utilisent encore ChatGPT comme un moteur de recherche, mais cette posture est inadéquate. L’IA générative suppose un rapport interactif, itératif et critique. Il faut expérimenter, ajuster, affiner. Le prompting est une pratique qui s’apprend et s’affine avec le temps, par l’usage.

« Il n’y a pas une méthode magique pour prompter », insiste Flavien Chervet.

« Mais il y a des pratiques plus efficaces que d’autres. »

 

Trois techniques utiles pour mieux prompter

Prompter efficacement ne repose pas sur une formule miracle, mais sur des techniques activées selon le type de réponse attendue. Trois approches concrètes ressortent.

« Si nous voulons obtenir des réponses fondées sur des éléments factuels, il faut alors fournir ces éléments factuels à l’IA. »

1. Donner des faits précis



Lorsque vous attendez une réponse factuelle, fournissez un maximum d’éléments fiables. Moins l’IA doit “imaginer”, plus la réponse sera correcte. Le prompt doit inclure les données de contexte pertinentes, comme si vous vous adressiez à un enfant ou un junior en formation.

« Une des méthodes assez basiques, c’est ce qu’on appelle le prompting de rôle. […] On met l’IA dans le rôle de l’expert qu’on aimerait interroger. Ça augmente l’expertise de sa réponse. »

2. Assigner un rôle clair



Cette méthode consiste à formuler le prompt en plaçant l’IA dans un rôle expert (ex. : “Tu es un consultant RH spécialisé en transformation numérique”). Ce cadrage pousse l’IA à mobiliser les connaissances les plus pertinentes et à structurer ses réponses comme le ferait un professionnel.

3. Utiliser l’intensité émotionnelle



Bien que l’IA ne ressente rien, elle a été entraînée sur des contenus où les requêtes émotionnelles généraient souvent des réponses plus complètes. Lui dire qu’un enjeu est “vital”, “urgent” ou “crucial” oriente son traitement vers des formulations plus riches. Ce phénomène est statistique, non affectif, mais fonctionne.

 

Une compétence qui se construit dans le temps

Prompter efficacement est désormais une compétence à part entière. Elle ne s’improvise pas, mais se construit à travers la pratique : tester, ajuster, comparer, interpréter. C’est à ce prix que l’on peut tirer le meilleur parti de l’IA, tout en en respectant les limites.

L’IA, aussi puissante soit-elle, n’est pas autonome : elle ne devient pertinente que si elle est bien dirigée. Et cette direction commence toujours… par un bon prompt.

 


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