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Moins de moyens, plus de besoins : la fausse efficacité des politiques d’austérité

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Moins de moyens, plus de besoins : la fausse efficacité des politiques d’austérité

C’est devenu le dada de certains politiques et éditorialistes : critiquer l’inefficacité des services publics. Mais ces postures qui s’autojustifient par le nécessaire assainissement des dépenses publiques ne sont que vaines agitations. Oui, tout ne fonctionne pas de manière optimale. Mais là où les budgets vont venir à manquer, les besoins, eux, resteront.

Une contribution de Rachel Guez, directrice générale du Don en Confiance

Quand on manque d’idées, on coupe les budgets. Tel semble être le nouveau mantra des politiques et analystes politiques de l’époque. Ainsi, pour justifier la remise en question des budgets dévolus aux services publics et aux associations, tout est fait pour renforcer le sentiment de leur inefficacité.

 


Les bénéficiaires, angle mort des critiques du service public

 

Certes, nos services publics prêtent le flanc aux reproches. 61 % des Français ne sont d’ailleurs pas satisfaits de leur qualité [1]. Nos compatriotes ne sont pas avares de critiques, pointant, ici, les heures d’attente aux urgences, là des classes surchargées ou la disparition des services de proximité. Pour autant, cette petite musique sur leur inefficacité ne nourrit rien d’autre que le mécontentement. Les bénéficiaires, au centre de ces dispositifs publics et associatifs, sont l’angle mort de ces critiques. En d’autres termes, l’accent est mis sur les coûts et non sur les personnes que l’on aide chaque jour.

Ce faisant, plutôt que de chercher des solutions moins onéreuses et plus efficaces, on fait monter les colères, on sape les budgets et on donne à peu de frais l’illusion que l’on a agi.

Mais avec quels résultats ? Une justice, une santé, une éducation déjà en pénurie de personnel qui voient la qualité de leurs services, dégradée, plus encore affectée. Car ces postures radicales masquent la réalité : une absence de solutions destinées à adapter notre système de protection sociale aux évolutions sociétales.

[1] Sondage Opinion Way réalisé en janvier 2025 auprès de 2 061 personnes, âgées de 18 ans et plus et représentatives de la population française.

 

La coupe budgétaire, une réponse paradoxale

 

Certaines collectivités locales ont commencé à revoir leurs priorités, avec un coup porté aux aides destinées aux associations culturelles et sportives à Toulouse ou dans les Pays-de-la-Loire. Or, l’austérité touche déjà notre monde associatif, qui s’appuie pour une part sur des subventions publiques.

Si des arbitrages sont encore à venir, cette austérité compromet un peu plus la santé financière d’un secteur déjà en souffrance. Une enquête lancée à l’initiative du Mouvement associatif [2] auprès de ses membres, publiée en avril 2025, dresse le constat d’une grande vulnérabilité économique : trésorerie à rude épreuve, financements incertains ou à la baisse. À la clef, une réduction de l’activité, et un vivier d’emplois menacés. Et, par effet de rebond, des publics bénéficiaires moins, ou moins bien, pris en charge.

Compter sur la solidarité ? Là encore, la météo est morose. Si le nombre de donateurs reste stable en 2024, avec une dynamique positive du côté des hauts revenus, les montants des dons régressent et reviennent à leur niveau de 2022, selon le Baromètre 2025 de la solidarité d’Apprentis d’Auteuil. Sans compter l’effet pervers de cette fameuse « petite musique » de l’inefficacité : plus on entend que tout cela ne sert à rien, moins on a envie de donner.

[2] Enquête menée entre le 19 février et le 12 mars 2025 par le Mouvement associatif, en partenariat avec le Réseau national des maisons des associations (RNMA), Hexopée et l’Observatoire régional de la vie associative (Orva) des Hauts-de-France.

 

Plus que jamais, face à ces baisses de subventions, il est nécessaire de développer l’engagement citoyen, de favoriser la montée en compétences des bénévoles et de mobiliser le tissu économique local.

La tenue prochaine d’une première Conférence de la générosité, que nous appelons de nos vœux depuis des années, doit être une des réponses du gouvernement, moins paradoxale, plus concertée. Les travaux au long cours en interministériel qui devraient en découler sont l’occasion de rénover le dialogue politique autour de notre ambition : développer la générosité des Français et des entreprises sous toutes leurs formes, afin de soutenir des actions d’intérêt général.

 


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