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Alexandre Prot (Qonto) : « Pour les fintechs, l’IA peut tout changer »

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Steve Anavi et Alexandre Prot, cofondateurs de Qonto

Il y a près de 10 ans, deux entrepreneurs créaient une néobanque avec pour vision de simplifier le quotidien bancaire et financier des PME et des indépendants en Europe. Aujourd’hui, la licorne française Qonto est leader européen de la gestion financière des entreprises. Rencontre avec son cofondateur et PDG Alexandre Prot au GITEX Europe, déclinaison européenne du célèbre salon technologique de Dubaï.

 

Forbes France : Qu’est-ce qui vous a motivé à créer Qonto ? 

Alexandre Prot : Avant Qonto, mon associé Steve Anavi et moi-même avons monté une première boîte qui s’appelait Smok.io. Comme toutes les petites entreprises, on a dû ouvrir un compte en banque puis gérer nos finances, la comptabilité, le paiement des factures, etc. On a vécu cette souffrance qui afflige beaucoup d’entrepreneurs qui passent beaucoup trop de temps sur ces sujets. Quand Smok.io a été rachetée en 2015, on s’est dit qu’on voulait remonter une boîte ensemble et l’idée est arrivée naturellement. On voulait aider les entrepreneurs comme nous à gérer leurs finances. On a donc créé Qonto en 2016, la solution que l’on aurait rêvée avoir en tant qu’entrepreneurs pour notre première entreprise.


 

Pourquoi avoir choisi de vous concentrer uniquement sur les PME ?

A. P. : Pour bien servir les petites entreprises, il était important pour nous de n’être focalisés que sur celles-ci et de ne pas nous éparpiller. Notre choix était également lié au trop peu d’alternatives que peuvent avoir les PME. Si en tant que particulier, on avait déjà des solutions plus digitalisées et plus fluides, il n’y avait vraiment rien pour ces entreprises qui devaient se déplacer dans une agence pour ouvrir un compte et attendre deux ou trois semaines son ouverture. Là, on s’est rendus compte qu’on pouvait vraiment changer les choses avec Qonto.

Quel est le rôle de l’intelligence artificielle dans vos outils de gestion financière et de comptabilité ?

A. P. : On utilise l’intelligence artificielle pour deux sujets assez différents. Le premier concerne les fonctionnalités du produit pour les clients. On a lancé il y a quelques semaines des outils de cashflow management, c’est-à-dire de prévision de trésorerie pour les entreprises. Cet outil utilise l’IA, et notamment Mistral AI, pour fournir au client la possibilité de prévoir sa trésorerie sur les douze prochains mois. Dans l’application Qonto, il retrouve grâce à l’IA son historique, ses prélèvements URSSAF, mais aussi des données publiques. Tous ces éléments qui permettent d’avoir une prévision de trésorerie plus fine. 

 

L’IA est indispensable aujourd’hui dans une entreprise comme la vôtre ?

A. P. : L’intelligence artificielle nous permet de faire ce qu’on faisait avant, mais en bien plus pointu. La deuxième intégration de l’IA chez Qonto concerne les processus internes, et notamment le support client. On a un support client disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, grâce à notre chatbot IA. Celui-ci peut servir aux clients directement, mais il permet aussi à nos agents du service client d’avoir un copilote pour être plus efficace et plus rapide. L’IA nous permet également de faire un suivi des transactions, qui nous aide notamment à lutter contre la fraude. L’outil nous donne des alertes s’il y a des incohérences dans les paiements de nos clients puis les agents prennent le relais pour vérifier.

 

Est-ce que l’IA va transformer en profondeur la manière de gérer les finances pour les entreprises ? 

A. P. : L’IA s’appuie sur le grand modèle de langage (LLM, ndlr) pour la prévision de trésorerie afin de faciliter la comptabilité. C’est à grâce à cela que l’IA peut donner l’état exact de la santé financière d’une entreprise. Pour les fintechs, ça peut tout changer. Pour nous, l’IA est une nouvelle brique technologique. C’est un outil qui nous aide tout comme les logiciels de traduction nous aident à communiquer avec nos clients étrangers. 

 

Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur qui veut créer une entreprise de la tech aujourd’hui ?

A. P. : Tout le monde n’est pas fait pour être entrepreneur. Mais pour ceux qui ont envie d’entreprendre, il faut se lancer et ne pas hésiter. La première entreprise ne répond pas forcément aux attentes, mais elle peut permettre, comme c’était le cas pour nous, de gagner un peu d’argent et de l’expérience pour mieux réussir sur la deuxième. Plus on se lance tôt en tant qu’entrepreneur, plus l’on apprend.

En France, dans la situation actuelle, on n’a jamais eu autant de bonnes raisons de se lancer, avec un écosystème extrêmement dynamique. Le mouvement tech est énorme, et on le voit bien avec Qonto à travers nos partenaires et nos clients. C’est quelque chose de très positif pour la souveraineté numérique française et européenne. Il faut entreprendre en France parce qu’il y a énormément de capitaux et d’investisseurs, en particulier en early stage. Performer en France amène très vite à scaler en Europe. Pour cela, adopter l’anglais comme première langue de travail dans l’entreprise est essentiel afin de recruter les meilleurs talents européens.

 


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