Le président américain Donald Trump a reporté au 9 juillet l’imposition de nouveaux droits de douane sur les produits européens. Les marchés saluent ce répit, sans dissiper les incertitudes sur l’issue des négociations.
Les marchés financiers européens ont nettement progressé ce lundi après l’annonce d’un report des droits de douane américains contre l’Europe. Le CAC 40 à Paris a gagné 1,3 %, le Dax à Francfort 1,7 %, l’EuroStoxx 50 1,69 %, tandis que le Stoxx 600 s’est adjugé 0,9 %, effaçant ainsi les pertes de vendredi. Les rendements des obligations d’État allemandes sont également repartis à la hausse. En revanche, les volumes d’échanges sont restés modérés, les marchés étant fermés aux États-Unis et au Royaume-Uni pour cause de jour férié.
Donald Trump a en effet annoncé dimanche le report au 9 juillet de l’imposition de droits de douane de 50 % sur les marchandises européennes, exprimant sa volonté de poursuivre les négociations avec Bruxelles. Cette décision a offert un répit aux investisseurs, inquiets d’une possible escalade commerciale entre les deux blocs économiques.
Cependant, l’incertitude persistante autour de l’issue des négociations continue d’influencer les marchés, notamment les devises. Le dollar poursuit sa baisse face à l’euro, pénalisé par les revirements politiques du président américain et les doutes sur son projet de loi budgétaire. L’indice du billet vert a perdu 0,33 %, tandis que l’euro s’échangeait en hausse de 0,41 %, à 1,1411 dollar. Ce repli, après un rebond post-investiture, reflète la défiance croissante des marchés face à une politique économique américaine jugée erratique.
À ce jour, il reste incertain que les surtaxes seront effectivement appliquées — et surtout à un taux de 50 %. L’issue dépendra des avancées dans les négociations à venir, un facteur d’instabilité qui freine tout véritable redressement durable des marchés de part et d’autre de l’Atlantique.
« L’imprévisibilité de la politique entourant les droits de douane de Trump et, bien sûr, l’érosion de l’exceptionnalisme américain, pourraient encore miner le sentiment et la confiance à moyen terme », avance Christopher Wong, stratège en devises chez OCBC.
Préserver “la relation commerciale la plus importante au monde”
Vendredi dernier, Donald Trump avait initialement annoncé l’entrée en vigueur de ces surtaxes dès le 1er juin 2025, ce qui avait fait vaciller les marchés. À Wall Street, le Dow Jones avait reculé de 0,61 %, le S&P 500 de 0,67 %, et le Nasdaq Composite de 1,00 %. Les places européennes avaient également décroché.
Face à cette menace, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait plaidé pour un report, qualifiant la relation transatlantique de « relation commerciale la plus importante et la plus étroite au monde » sur X (ex-Twitter). Elle a dénoncé les effets délétères du protectionnisme sur les économies concernées, appelant à une approche coopérative.
Donald Trump a finalement accepté ce report, dans ce qui apparaît comme un signal d’apaisement temporaire.
Volatilité historique des marchés financiers
Depuis l’investiture du 47ᵉ président américain le 21 janvier 2025, les marchés connaissent une volatilité sans précédent, avec une perte estimée à 6,6 milliards de dollars de capitalisation boursière américaine en deux jours après l’annonce de premiers droits de douane de 20 % sur les importations européennes, selon Reuters. Le Nasdaq est même entré en territoire baissier, conséquence directe des tensions commerciales.
Des réactions sectorielles variées
La désorganisation des flux mondiaux, conjuguée à la hausse des taux, a particulièrement touché les secteurs dépendants des chaînes de valeur mondiales, à commencer par l’automobile allemande. Ce lundi, les valeurs automobiles ont toutefois fortement rebondi, portées par l’annonce du report : Mercedes-Benz a gagné 1,9 %, Stellantis 2,5 %, et Valeo jusqu’à 4,9 %.
Dans ce contexte d’incertitude, les grandes banques américaines ont vu leurs marges d’intérêt nettes progresser, dopées par l’élargissement de la courbe des taux et des anticipations inflationnistes (source : Wall Street Journal). De leur côté, les gestionnaires d’actifs européens comme DWS et Schroders ont renforcé leurs stratégies de sélection de titres, privilégiant une approche jugée plus résiliente à la volatilité.
En conclusion de cette journée, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a déclaré lundi 26 mai à Berlin que les politiques économiques erratiques des États-Unis représentaient une « opportunité majeure » pour renforcer le rôle international de l’euro. Selon elle, pour que l’euro devienne une alternative crédible au dollar, l’Union européenne doit approfondir ses marchés de capitaux, renforcer son cadre juridique, développer ses capacités de défense, et encourager l’utilisation de l’euro dans les échanges internationaux.
Lire aussi : “Droits de douane : Donald Trump prolonge la pause des surtaxes infligées à l’UE jusqu’au 9 juillet”

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