À 47 ans, Raphaël Gaillard, psychiatre, neuroscientifique et écrivain, devient le plus jeune membre de l’Académie française.
Le 22 mai 2025, sous la Coupole de l’Institut de France, le professeur Raphaël Gaillard a été solennellement reçu à l’Académie française, succédant à Valéry Giscard d’Estaing au fauteuil n°16. Pour cette cérémonie, la Maison Dior a accompagné le nouvel Immortel avec une tenue d’académicien réalisée sur mesure : une redingote noire brodée de rameaux d’olivier en cannetille dorée, assortie d’un gilet, d’un pantalon et d’une cape en laine, respectueuse des codes établis en 1803 tout en portant la marque d’une élégance contemporaine, à l’image de cet homme de science et de lettres.
« Je m’étonne désormais de me sentir autant porté par l’habit que je porte », confie-t-il. « Il conserve la trace du fil invisible qui unit l’art, le temps et l’esprit français, avec Dior pour signature. »
L’héritier d’une lignée savante
Fils d’un psychanalyste jungien et d’une professeure d’allemand, Raphaël Gaillard a grandi entre la rigueur des idées et la douceur des arts. Ancien normalien, urgentiste au Samu, il est aujourd’hui professeur de psychiatrie à Paris Cité, directeur du pôle hospitalo-universitaire de Sainte-Anne, spécialiste reconnu des neurosciences cognitives, de la conscience, de la dépression et de la schizophrénie. Auteur de plus de 150 publications scientifiques, il a aussi publié deux essais chez Grasset : Un coup de hache dans la tête, salué par l’Académie française en 2022, et L’homme augmenté, consacré à l’intelligence artificielle.
Élu à 47 ans, l’âge qu’avait Jean d’Ormesson à son entrée sous la coupole, il devient le benjamin de l’Académie et le 16e médecin à y siéger, s’inscrivant dans la lignée des Delay, Cabanis ou Claude Bernard. Son entrée fait écho à celle de son mentor et figure tutélaire, Jean Delay, lui aussi psychiatre, élu en 1959. Dix jours avant la cérémonie officielle, c’est Florence Delay, fille de ce dernier, qui lui a remis son épée. Un geste lourd de sens et d’héritage.
L’éloge, le rituel, la langue
Lors de la cérémonie, Raphaël Gaillard a rendu hommage à son prédécesseur, Valéry Giscard d’Estaing, soulignant sa modernité littéraire et sa conception de la langue. Il a évoqué son parcours d’écrivain tardif, ses réformes sociétales, et son inscription dans une dynastie intellectuelle marquée par l’édition et l’histoire.
Son propre discours, a navigué entre hommage, autobiographie discrète et réflexion sur le pouvoir des mots. Nostalgique d’une époque qu’il n’a pas vécue, mais qu’il restitue avec finesse ; des sous-pulls acryliques à Roland Barthes, du Rubik’s cube à Kunder, il affirme l’importance de la langue comme outil premier du psychiatre.
Pascal Ory, qui l’a reçu, a salué avec humour et érudition cette triple figure du « médecin-sachant-écrire », rappelant que l’Académie n’accueille pas des patrons d’hôpital, mais des écrivains. Il a souhaité à Raphaël Gaillard les honneurs de son aîné Jean Delay : trente-cinq ans sous la Coupole… et un astéroïde à son nom.
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