Présenté en ouverture hors compétition à Cannes, Partir un jour marque les débuts prometteurs d’Amélie Bonnin. Un drame musical doux-amer sur les racines, les choix de vie et les secondes chances et porté par le talent des comédiens Juliette Armanet et de Bastien Bouillon.
Impossible de sortir de la salle de cinéma sans fredonner le refrain de “Partir un jour”, le tube des 2Be3 qui donne son nom au film d’Amélie Bonnin. Si la nostalgie pop plane sur ce premier long métrage présenté en ouverture hors compétition du 78e Festival de Cannes, c’est qu’elle y est pleinement assumée : “Je fonctionne beaucoup avec les images“, confie la réalisatrice, et son film en est saturé : souvenirs d’enfance, amours passés, lumières du Loir-et-Cher… Et musiques populaires.
Adapté d’un court-métrage césarisé en 2023, Partir un jour met en scène Cécile (Juliette Armanet), cheffe gastronomique sur le point d’ouvrir son restaurant à Paris, contrainte de retourner dans son village natal à cause de l’infarctus de son père (François Rollin). Ce retour aux sources, dans un vieux relais routier où le temps semble suspendu, ravive les blessures, les rêves et les amours de jeunesse (Bastien Bouillon), et fait éclore une réflexion intime sur le temps qui passe. “Je voulais filmer une femme de 40 ans, à un moment de sa vie où elle doit faire des choix, où tout semble plus lourd à porter qu’à 30“, explique Amélie Bonnin. C’est là toute la singularité de ce film musical et sensible : un portrait de femme libre, dense, et pourtant traversée de doutes. Mère ou non ? Paris ou province ? Cheffe étoilée ou fille du cuistot de la nationale ? Cécile, quadragénaire révélée par Top Chef, fait face à une double fracture : sociale et générationnelle.
En inversant les rôles par rapport au court original :”C’est seulement après coup que j’ai réalisé que j’avais donné le rôle principal à un homme sans me poser de questions“, admet Bonnin, la réalisatrice féminise le récit et l’inscrit dans une réflexion plus large sur les représentations. C’est aussi une déclaration d’amour au cinéma du quotidien, traversé par la télévision, la chanson populaire, les repas de famille et les colères rentrées.
Avec son duo d’acteurs très incarnés, une Juliette Armanet bouleversante de naturel et un Bastien Bouillon tout en retenue, Partir un jour évoque avec tendresse la France des petites routes, de la transmission, des blessures qu’on n’a jamais vraiment pansées. Un film lumineux et pudique, à l’image de son autrice, qui résume : “Ce que j’ai envie de raconter, ça ne peut passer que par une femme.“
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