Rechercher

Du mythe à la technologie : avec Panathēnea, Athènes s’impose comme nouveau hub des start-up

Panathēnea
Panathēnea : célébrer l’innovation et la connexion autour d’un festival moderne mêlant technologie, art et start-up, conclu par une fête de rue mémorable sous l’Acropole. Timothy Papandreou

Et si l’avenir des start-up européennes s’écrivait là où la civilisation occidentale est née ? La semaine dernière, Athènes a accueilli la première édition de Panathēnea, un festival à guichets fermés (et avec liste d’attente), qui a fait vibrer la ville autour de l’innovation, de la création et de la rencontre. Inspiré des grands rassemblements antiques, l’événement ambitionne de redonner à la capitale grecque une place de choix sur la carte des hubs technologiques européens.

 

Avec pour devise « Connexion, compétition, célébration » — et une référence malicieuse à ses origines : « festivals organisés depuis 566 av. J.-C. » — Panathēnea s’est imposé comme bien plus qu’un simple rendez-vous entre tech et culture. C’est un signal fort : Athènes ne veut plus seulement être vue comme un berceau historique, mais comme un acteur d’avenir, prêt à jouer un rôle clé dans l’écosystème mondial des start-up.

En renouant avec mes racines grecques en tant que membre de la diaspora, j’ai eu la chance d’assister à ce festival de plusieurs jours, porté par une énergie remarquable. Conçu par des étudiants dans un esprit proche de SLUSH, l’événement est passé de simple idée à réalité en quelques mois. Même le maire d’Athènes s’est dit surpris par son ampleur.


Ce qui a vraiment marqué les esprits, c’est la portée internationale de la programmation : des poids lourds de la tech et de l’IA comme Microsoft, Amazon, OpenAI ou Canva étaient présents, tout comme – à la surprise générale – la pop star Ke$ha, venue parler de sa nouvelle start-up, Smash. Fan inconditionnel, j’ai aussi été sincèrement touché par son histoire personnelle et son engagement.

Ce fut surtout l’occasion d’explorer une scène tech locale en pleine effervescence. L’écosystème start-up d’Athènes, en forte croissance, se distingue dans des domaines comme l’IA, la robotique ou la défense, attirant un intérêt mondial grandissant. Échanger avec ces fondateurs sur leurs ambitions et leurs obstacles m’a donné le sentiment d’être au cœur d’un élan irrésistible.

 

L’histoire s’écrit à Athènes : un nouveau pôle technologique en devenir en Europe

Longtemps dominé par les géants établis comme San Francisco, où j’ai moi-même été basé, le paysage mondial des start-up voit émerger de nouveaux foyers d’innovation là où on les attend le moins. Si les États-Unis – en particulier la Californie – continuent de capter la majorité des investissements en capital-risque, suivis de près par la Chine, plusieurs villes européennes montent en puissance. Leurs performances en matière de financement de démarrage et d’innovations de rupture indiquent un potentiel de croissance durable.

D’après plusieurs études sectorielles, les investissements en amorçage progressent régulièrement dans les principaux hubs technologiques européens, et une part croissante du capital-risque est désormais dirigée vers des projets de haute technologie. Cette tendance marque un glissement vers des initiatives à long terme, souvent à forte intensité de recherche, capables de transformer durablement les économies locales.

Mais au-delà de la géographie, c’est surtout la capacité des fondateurs à adapter leur produit au marché et à pivoter face aux changements qui déterminera le succès des écosystèmes naissants. L’environnement local agit comme un levier : il peut amplifier les chances de réussite comme renforcer les risques. Dans ce contexte, Athènes semble bien décidée à faire pencher la balance du bon côté.

 

Pourquoi Athènes ? Les racines d’un écosystème en plein essor

Athènes possède des atouts uniques pour devenir un futur pôle technologique incontournable. La capitale grecque s’appuie sur une réserve de talents hautement qualifiés, multilingues et techniquement aguerris, tout en bénéficiant d’un positionnement géographique stratégique à la croisée de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. Elle offre ainsi un accès privilégié à plusieurs marchés, tout en affichant des coûts bien inférieurs à ceux des grands hubs de l’Europe du Nord-Ouest — un critère clé pour les jeunes pousses soucieuses de préserver leur trésorerie.

Autre levier puissant : une diaspora grecque influente, solidement implantée dans les écosystèmes tech de Londres, San Francisco, New York ou encore Sydney. Ce réseau mondial, aujourd’hui très mobilisé, représente un vivier de financements, de mentors et d’alliés précieux.

Athènes ne cherche pas seulement à rattraper son retard. Elle a l’opportunité de prendre un temps d’avance en contournant les inerties historiques qui freinent l’innovation ailleurs. En s’emparant du potentiel de transformation de l’intelligence artificielle, ses start-up peuvent dépasser les obstacles traditionnels liés au financement ou au recrutement, et accélérer leur mise sur le marché.

Cette dynamique tournée vers l’avenir, alliée à ce que je décrirais comme une énergie urbaine « brute mais stylée », confère à Athènes une authenticité rare à l’heure où de nombreuses grandes villes se standardisent. Elle incarne une alternative crédible, vivante et singulière au modèle des métropoles aseptisées dominées par les enseignes globales.

 

Athènes en marche : répondre aux besoins essentiels

L’effervescence ressentie lors du festival Panathēnea, tout comme les échanges avec les fondateurs locaux, laissent entrevoir l’éclosion d’un véritable écosystème entrepreneurial à Athènes. Ayant moi-même été témoin de cette énergie à l’état brut dans les débuts de San Francisco, Berlin, Londres ou Tel Aviv, je reconnais dans la capitale grecque les ingrédients essentiels d’un futur hub technologique. Mais pour que cette ambition prenne réellement son envol – un véritable « moonshot » – certains fondements doivent encore être solidement ancrés.

La priorité ? Renforcer l’infrastructure qui soutient les start-up. Cela passe par la simplification et la numérisation des démarches administratives : création d’entreprise, fiscalité, titres de séjour… Des processus plus fluides attireront plus facilement les talents et les porteurs de projets.

Du côté des acteurs privés, une autre transformation s’impose : encourager un esprit de collaboration plutôt qu’une compétition cloisonnée. Le partage d’expériences, le mentorat et la mise en réseau doivent devenir des réflexes. Enfin, pour garantir un développement durable de l’écosystème, il faudra structurer l’accès au capital, notamment en attirant du financement de série A et au-delà, pour accompagner les start-up au-delà du stade de l’amorçage.

C’est en cultivant patiemment ces piliers — infrastructure agile, culture collaborative, financement structuré — qu’Athènes pourra séduire et retenir les talents, et s’imposer durablement sur la carte des grandes capitales de l’innovation.

 

Des décennies de travail : le paysage émergent des start-up à Athènes

Athènes revient de loin. Après une décennie marquée par une crise financière d’une ampleur historique, suivie des confinements liés au Covid-19 et d’une inflation galopante, la capitale grecque aurait pu sombrer. Mais c’est tout l’inverse qui se produit. Loin de céder, elle renaît, portée par une résilience forgée dans l’adversité — un mot-clé que l’on a entendu à maintes reprises lors du festival Panathēnea.

Si l’on parle aujourd’hui d’Athènes comme d’un succès émergent, il ne s’agit en rien d’un miracle de dernière minute. Ce renouveau s’ancre dans des décennies de travail acharné, porté par des fondateurs opiniâtres, des fonds d’investissement patients et des responsables politiques visionnaires qui ont peu à peu levé les obstacles.

Il reste du chemin à parcourir, notamment en matière d’infrastructures et de culture de l’investissement — où la tolérance au risque et le droit à l’échec rapide doivent encore s’imposer. Mais les fondations sont là : un vivier de talents en pleine expansion, une position géostratégique forte, une proposition de valeur compétitive et une soif d’entreprendre palpable.

Quelque chose est en train de changer à Athènes. L’ambition est réelle, les connexions se multiplient et l’écosystème commence à prendre forme. La ville n’est peut-être pas encore le prochain grand pôle tech d’Europe, mais ce scénario devient chaque jour un peu plus crédible. Les investisseurs et les observateurs du monde de l’innovation feraient bien de tourner leur regard vers cette vieille cité aux nouvelles promesses.

 

Une contribution de Timothy Papandreou pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


À lire également : Pour les start-up spécialisées dans l’IA, une semaine de travail de 7 jours n’est pas suffisante

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC