Omniprésence sur les réseaux sociaux, collections constamment renouvelées, prix dérisoires… Avec son modèle, la fast fashion crée une forme d’addiction chez les consommateurs pourtant enclins à encourager les options plus durables.
Mais derrière ces apparentes bonnes affaires se cache une réalité bien plus sombre : l’impact de l’industrie de la mode sur notre planète et ses populations, et un bilan accablant.
Une contribution de Virginie Blot, Senior Product Marketing Manager chez Akeneo
Chaque année, l’industrie de la mode génère environ 92 millions de tonnes de déchets textiles et utilise 93 milliards de tonnes d’eau douce. Dans sa course effrénée pour le profit, la fast fashion se tourne vers une main-d’œuvre moins chère et des marchés avec un droit du travail moins regardant.
L’industrie de la mode affiche également l’un des taux de retour les plus élevés du secteur de la distribution, principalement en raison de la discordance entre les produits reçus et leurs descriptions : selon une étude de ShippyPro, en France, plus de 30% des articles sont renvoyés à cause d’une taille incorrecte ou de produits ne correspondant pas aux informations renseignées. Ces retours aggravent l’empreinte carbone de l’industrie.
Réinventer la mode : vers une production éthique et responsable
La mode durable se distingue de la fast fashion par une production éthique et transparente. Au-delà de l’aspect éthique, les modèles durables s’appuient sur l’économie circulaire. Alors que la fast fashion favorise un cycle linéaire de consommation rapide et de gaspillage, l’économie circulaire propose une alternative viable, réduisant les déchets textiles, préservant les ressources naturelles en offrant une seconde vie à chaque vêtement.
La transparence est un autre pilier essentiel de la mode durable. En fournissant aux consommateurs des informations précises sur l’origine, la composition et le processus de fabrication des produits, les marques donnent aux acheteurs les moyens de prendre des décisions responsables. Elles contribuent ainsi à limiter les retours inutiles, tout en renforçant la confiance des consommateurs.
Stratégies et pratiques essentielles pour une transition vers une mode durable
De la production à la mise en ligne des produits, les marques doivent repenser leurs stratégies pour s’engager pleinement sur la voie de la mode durable. Si revoir les processus de fabrication est une première étape, les marques doivent également intégrer des pratiques circulaires pour prolonger la durée de vie de leurs vêtements.
Elles peuvent mettre en place des programmes de recyclage permettant aux clients de rapporter leurs articles usagés pour les recycler ou les revendre, ou encore adopter des solutions de logistique inversée pour réparer et réutiliser les produits. D’un point de vue technique, les enseignes qui souhaitent renforcer la transparence vis-à-vis de leurs pratiques et produits doivent revoir leurs copies en matière de solutions de gestion de l’information produit. Celle-ci joue un rôle clé en centralisant et standardisant les données des produits et permet aux marques de diffuser des informations précises, réduisant ainsi les risques de retours après achat.
En somme, la transition vers une mode durable est à portée de main, mais elle nécessite un engagement global des marques et des consommateurs. L’intégralité de la feuille de route des entreprises du secteur du prêt-à-porter doit être revue, afin d’intégrer les nouvelles problématiques de durabilité au cœur de leurs réflexions stratégiques. La mode durable ne doit plus être une simple alternative, mais bien le futur de l’industrie.
D’autant plus que l’introduction progressive du Digital Product Passport (DPP) par l’Union européenne, imposera aux marques, à partir de 2026 pour certaines catégories de produits (dont le textile), de communiquer aux consommateurs et aux autorités l’ensemble des informations relatives à la chaîne de production : origine des matériaux, conditions de fabrication, empreinte environnementale, réparabilité, recyclabilité, etc, … Passer à une mode durable n’est donc plus simplement un engagement éthique ou un levier marketing différenciant mais une condition sine qua non pour continuer à commercialiser ses produits sur le marché européen.
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