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Le voyage d’Elon Musk en Arabie saoudite s’inscrit dans la lignée de nombreux accords conclus par le milliardaire dans le Golfe

Elon Musk
Elon Musk. | Source : Getty Images

Il n’est pas surprenant qu’Elon Musk se joigne au président américain Donald Trump dans son voyage en Arabie saoudite. Ses entreprises accaparent l’argent des pétro-États depuis plusieurs années maintenant.

 

Lundi 12 mai, à Riyad, lors du Forum d’investissement saoudo-américain, Elon Musk a annoncé, lors d’une discussion informelle avec le ministre saoudien des Communications et des Technologies de l’information, que Starlink, la division Internet par satellite de sa société spatiale SpaceX, avait conclu un accord avec l’Arabie saoudite pour fournir des services aux entreprises maritimes et aériennes du pays.

Il s’agit de la deuxième entreprise d’Elon Musk à conclure un accord avec les Saoudiens en deux semaines. Le 29 avril, X Corp., la société de réseaux sociaux d’Elon Musk, a levé 1,23 milliard de dollars de nouvelles dettes afin de refinancer une partie de sa dette existante de 12 milliards de dollars contractée lors du rachat de la plateforme il y a trois ans.

Selon PitchBook, l’une des sociétés qui ont aidé à refinancer la dette de X était Kingdom Holding Company, la société d’investissement présidée par le prince saoudien Alwaleed Bin Talal Alsaud. On ignore exactement quelle part des 1,23 milliard de dollars a été financée par Kingdom Holding. Un porte-parole de Kingdom Holding a refusé de commenter l’information. X Corp. n’a pas répondu à une demande de commentaires. La participation de la société saoudienne dans l’opération de refinancement n’avait pas été signalée auparavant.

Kingdom Holding a de bonnes raisons d’aider X à gérer son endettement. La société est l’un des principaux investisseurs minoritaires de xAI Holdings, la société récemment créée qui regroupe X et xAI, la start-up d’intelligence artificielle d’Elon Musk. La société saoudienne a reconduit son investissement dans Twitter lorsqu’Elon Musk a privatisé la plateforme de réseaux sociaux en 2022, puis a participé aux deux tours de financement de six milliards de dollars de xAI en mai et novembre derniers. Il y a quelques jours, le prince Alwaleed Bin Talal Alsaud a tweeté une image générée par une IA le montrant en train de regarder une partie d’échecs entre Elon Musk et Donald Trump.

Les relations entre Elon Musk et les Saoudiens n’ont pas toujours été aussi harmonieuses. Le fonds souverain du royaume, le PIF, avait pris une participation de près de 5 % dans Tesla en 2018, avant qu’Elon Musk ne tweete à tort qu’il avait obtenu un financement des Saoudiens pour privatiser le constructeur automobile. La SEC a poursuivi Elon Musk en justice, et ce dernier a déclaré qu’il « ne prendrait probablement plus » d’argent des Saoudiens après le meurtre du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi. Les Saoudiens auraient ensuite vendu la plupart de leurs actions Tesla en 2020.

Le changement de ton des deux parties reflète une adhésion plus large des investisseurs du Golfe à Elon Musk, alors que l’homme le plus riche au monde a consolidé son influence mondiale et son pouvoir politique en tant que l’un des plus proches conseillers de Donald Trump pendant son second mandat.

À cela s’ajoute la volonté d’Elon Musk de faire appel à des capitaux étrangers pour financer son empire grandissant de start-up privées. Outre le soutien des Saoudiens, Elon Musk a fait appel à des fonds souverains et à des entreprises liées à l’État au Qatar, à Oman, au Koweït et aux Émirats arabes unis au cours de l’année écoulée pour des investissements et de nouveaux accords, notamment pour lever des fonds pour xAI, sa start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle qui vise à concurrencer OpenAI.

Le Qatar, qui fait la une des journaux pour avoir offert un avion de 400 millions de dollars à Donald Trump, a été l’un des premiers à rejoindre le camp Elon Musk. Son fonds souverain de plus de 500 milliards de dollars, la Qatar Investment Authority, a investi 375 millions de dollars dans le rachat de Twitter par Elon Musk en 2022.

Au cours de l’année dernière, cet État pétrolier (trois millions d’habitants) a élargi son champ d’action. L’été dernier, il a ouvert son premier magasin et showroom Tesla. En octobre, la compagnie aérienne publique Qatar Airways a annoncé un partenariat avec Starlink, le fournisseur d’internet par satellite d’Elon Musk, afin d’équiper ses avions commerciaux du Wi-Fi.

En novembre, peu après l’élection de Donald Trump, le fonds souverain a investi dans la levée de fonds de six milliards de dollars de xAI. En janvier, le fonds a annoncé qu’il verserait à Nova Sky Stories, une société de spectacles lumineux par drones détenue par Kimbal, le frère d’Elon Musk, un montant non divulgué pour organiser des spectacles lumineux à travers le pays pendant les deux prochaines années.

Oman et le Koweït soutiennent également xAI, la société d’Elon Musk. L’Oman Investment Authority, un fonds souverain de 50 milliards de dollars, a investi des montants non divulgués dans les deux levées de fonds de six milliards de dollars de xAI l’année dernière. La Kuwait Investment Authority, un fonds d’investissement soutenu par l’État et doté d’un actif de 1 000 milliards de dollars, a investi un montant non divulgué dans la levée de fonds de xAI en novembre.

Les Émirats arabes unis et leurs différents fonds soutenus par l’État ne semblent pas avoir soutenu xAI. Cependant, Alpha Dhabi Holding, une société d’investissement liée à la dynastie régnante d’Abu Dhabi, a investi dans SpaceX en mai 2022. Plus récemment, en février, les Émirats arabes unis ont annoncé que la start-up de tunnels d’Elon Musk, The Boring Company, allait construire l’une de ses boucles souterraines à Dubaï pour un coût non divulgué.

« [Il] couvrira la zone la plus densément peuplée de Dubaï afin que les gens puissent se déplacer d’un point à un autre de manière fluide », a déclaré le ministre des Technologies de l’information des Émirats arabes unis lors d’une table ronde enregistrée en février. Le seul tunnel existant de The Boring Company, dans lequel des Tesla transportent des personnes autour d’un centre de conférence à Las Vegas, est envahi par des intrus et le trafic y est minime.

Elon Musk semble espérer que les Saoudiens accorderont également de nouveaux contrats à The Boring Company. Lors de sa discussion informelle lundi, lorsqu’il a été interrogé sur xAI, Elon Musk a évoqué son entreprise : « Je devrais également mentionner quelque chose qui mérite d’être pris en considération : les tunnels », a-t-il déclaré. « J’ai une entreprise qui s’appelle The Boring Company, ce qui semble un peu ennuyeux, mais qui creuse littéralement des tunnels. »

Sans surprise, toutes ces transactions commerciales, combinées à l’influence d’Elon Musk auprès de Donald Trump en tant que conseiller informel et à la tête du DOGE, soulèvent de nombreuses questions quant à d’éventuels conflits d’intérêts, selon les experts.

« Il est presque impossible de mettre de côté certains préjugés et, par conséquent, tout conseil donné par Elon Musk doit être considéré à la lumière de ses liens commerciaux », explique Scott Amey, directeur juridique du Project On Government Oversight, un groupe de réflexion basé à Washington. « C’est la raison pour laquelle nous avons des normes éthiques et des périodes de réflexion pour les fonctionnaires. Ignorer ces mesures de protection profitera à ceux qui ont des relations et non au public. » C’est peut-être exactement ce que souhaite Elon Musk.

 

Article de John Hyatt pour Forbes US, traduit par Flora Lucas


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