Le groupe issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler a écoulé 194 858 véhicules au premier trimestre. C’est près de 67 000 unités de plus que le géant japonais.
C’est ce qui s’appelle être coiffé sur le poteau. Le champion historique des ventes de voitures électriques hybrides, Toyota, a été détrôné par Stellantis au premier trimestre en Europe. Le groupe issu de la fusion, en 2021, entre PSA et Fiat Chrysler termine a la première place en ce début d’année.
D’après les données du cabinet indépendant Inovev révélées par Les Échos, Stellantis s’est hissé en tête des ventes de véhicules hybrides au premier trimestre 2025, avec 194 858 unités écoulées. Un résultat qui place le groupe largement devant Toyota, distancé de 67 000 unités, et encore plus nettement devant Renault, dont les marques totalisent près de 100 000 ventes de moins. En ajoutant les véhicules utilitaires légers, le constructeur franco-italo-américain frôle la barre des 240 000 ventes, confirmant sa première place devant le géant japonais.
« Dans une perspective à moyen et long terme, il convient également de souligner l’excellent niveau de commandes enregistré en mars, notre meilleur mois depuis un an, tandis que notre carnet de commandes global à la fin du trimestre atteint son plus haut niveau des dix derniers mois, avait réagi Luca Napolitano, directeur des opérations commerciales de Stellantis à la fin du mois d’avril. Stellantis s’inscrit donc dans une vision stratégique qui nous permettra de consolider et d’améliorer les bons résultats de ce premier trimestre ».
26 modèles lancés en un an
Cette performance est d’autant plus impressionnante que les véhicules hybrides n’étaient jusqu’ici pas la spécialité du constructeur. Pis, le groupe avait jusqu’ici négligé les motorisations hybrides simples, se concentrant sur l’hybride rechargeable et le 100 % électrique. Le succès rencontré par des concurrents comme Toyota l’a cependant contraint à revoir sa stratégie, prenant conscience d’un maillon manquant dans son offre de transition énergétique. Ce type de modèle ne représentait que 12% des ventes en 2023 contre plus du double aujourd’hui. Entre 2023 et 2024, les ventes de voitures hybrides ont augmenté de 55%. Stellantis a pu compter sur le succès de la Fiat Panda, très abordable, ainsi que des modèles 208, 2008 et 3008 de chez Peugeot.
En un an, le constructeur a élargi sa gamme de véhicules hybrides, en lançant pas moins de 26 modèles. Le tout grâce à la mise en place d’un nouveau système hybride. « Nous avons lancé notre solution fin 2023 sur l’ancienne Peugeot 3008, puis, en un an seulement, nous l’avons installée sur 26 modèles », se réjouit Sébastien Jacquet, directeur adjoint de l’ingénierie, chargé des projets véhicules et plateformes auprès des Echos.
Le groupe a fait un choix technologique à contre-courant. Sur le marché, plusieurs types d’hybrides coexistent. D’un côté, l’hybride léger (48 volts), adopté par des marques comme Volkswagen, BMW ou Mercedes : un petit moteur électrique assiste le moteur thermique, surtout lors des accélérations, mais le véhicule ne roule jamais en tout électrique.
De l’autre, l’hybride complet (ou full hybrid), lancé par Toyota avec la Prius, qui permet de rouler quelques kilomètres en 100 % électrique. Il repose sur un système plus lourd, fonctionnant en 400 volts. Dans les deux cas, la batterie est rechargée par le moteur thermique, contrairement à l’hybride rechargeable, plus coûteux, équipé d’une batterie plus grosse qu’on recharge sur une borne.
Un système novateur
Le système développé par Stellantis reprend les caractéristiques de l’hybride léger (mild hybrid ou MHEV), avec notamment une batterie en 48 volts. Mais à la différence des systèmes classiques, il permet de parcourir quelques centaines de mètres en mode 100 % électrique, une capacité généralement réservée aux hybrides complets (full hybrid).
Le système hybride 48 volts de Stellantis présente un double avantage : il est environ 1 000 euros moins cher à produire que les technologies concurrentes à 400 volts, et il s’intègre facilement aux modèles existants. Sa petite batterie de 1 kWh trouve place sous le siège conducteur, évitant toute modification majeure de la structure du véhicule. C’est cette simplicité d’implantation qui a permis une diffusion rapide à travers les différentes marques du groupe.
Au cœur de cette solution, on trouve une boîte de vitesses automatique baptisée eDCT, qui embarque un petit moteur électrique capable de mouvoir la voiture à basse vitesse. Face à la forte demande, Stellantis a accéléré la production de cette boîte : 400 000 unités ont été fabriquées en 2024, un million sont prévues pour 2025, dont 600 000 issues de l’usine de Metz. L’objectif est d’atteindre 1,5 million d’unités en 2026. Cette montée en cadence impressionnante n’est pas sans tension sur la chaîne industrielle : l’usine messine fonctionne quasiment en continu, sept jours sur sept, avec des équipes tournantes sur 22 heures par jour.
Controverse
Malgré ses performances, le système 48 volts reste sujet à controverse. Ne permettant de rouler en électrique que sur de très courtes distances, il n’est pas toujours reconnu comme un “vrai” hybride. C’est ainsi que certains cabinets d’analyse, comme Jato Dynamics, n’incluent pas Stellantis dans leurs classements des ventes d’hybrides, dominés par Toyota et suivis par Renault.
Mais au-delà de la question sémantique, c’est bien le respect des normes environnementales européennes qui pose question. Si le 48 volts semble suffisant pour permettre à Stellantis de franchir les seuils d’émissions fixés pour 2025 à 2027, rien ne garantit qu’il permettra d’atteindre les objectifs plus ambitieux de 2030, qui imposeront des émissions inférieures à 100 g de CO₂/km pour tous les segments, y compris les véhicules familiaux. Pour ces derniers, Stellantis prévoit déjà une évolution vers une technologie 400 volts, plus performante. Le groupe travaille actuellement à adapter sa boîte eDCT à ces futures contraintes.
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