2024 a été une année compliquée pour les start-ups : économie chahutée, défaillances multiples, coût de l’argent, traction commerciale plus difficile. Fini le cashburn, place à la rentabilité.
Une contribution de Bertrand Dufour, associé RSM France
En 2025, place à l’âge de raison. Cela vient avec son lot de défis, mais également des points forts. Les années d’optimisme débridé et de financements faciles laissent place à une réalité plus exigeante où rentabilité et rigueur sont les nouvelles clés du succès. Les entrepreneurs doivent désormais repenser leur approche du financement, avec moins de liquidités et plus de stratégie.
Nouvelle ère
Le secteur des start-ups en France reste dynamique, notamment grâce aux levées records de 600 M€ pour Mistral AI et 500M€ pour Poolside. En 2024, Bpifrance a dédié 5,2 milliards d’euros au financement de l’innovation, avec plus de 5 500 entreprises bénéficiaires. L’ère des levées de fonds sans fin et de la croissance effrénée appartient désormais au passé, les conditions ont changé.
Les start-ups en phase de création se heurtent à un marché plus sélectif où l’accès aux financements devient plus difficile et la rentabilité prime. Les entreprises établies, quant à elles, se retrouvent dans une phase de rationalisation, concentrées sur la réduction des coûts et le retour à la rentabilité. Ce sont plutôt des critères exogènes liés à l’économie actuelle, mais la punition est double : les investisseurs souhaitent une rentabilité plus rapide quand le processus de décisions des prospects s’allonge et que la prise de risque à contractualiser avec des acteurs plus fragiles tend à diminuer.
Dans les points positifs, le niveau de culture économique s’est largement démocratisé ; les mécanismes de BSPCE, BSA Air, liquid pref, ou autre captable fully diluted, qui ont pu conduire à des frustrations importantes, sont mieux comprises. L’écosysteme s’est globalement et largement professionnalisé ce qui permet de donner plus de chances aux projets accompagnés.
Des investisseurs plus sélectifs, des exigences accrues
Les attentes des banques et des investisseurs ont profondément changé. L’argent est désormais plus coûteux et les conditions de financement plus strictes. D’autre part, si les levées en 2024 sont plutôt stables par rapport à 2023, elles étaient en plus grande partie constituées de réinvestissement ou de bridges pour soutenir des sociétés en transition.
Le point positif est que les attentes des investisseurs sont à présent clarifiées en termes de stratégie. Fini le cashburn infini. Par ailleurs, les fonds ne peuvent rester trop longtemps sans faire des opérations, la problématique pour une start-up reste donc de se démarquer. Dans ce contexte, les investisseurs recherchent des projets avec un potentiel de rentabilité rapide et une gestion financière rigoureuse. Ils exigent des garanties solides : des prévisions financières réalistes, des fonds propres bien structurés et des modèles économiques éprouvés.
En 2025, cette tendance se confirmera. Les start-ups qui sauront s’adapter à cette nouvelle réalité, en mettant l’accent sur la rentabilité, la rigueur financière et l’adaptation aux évolutions économiques et réglementaires, auront les meilleures chances de réussir à long terme. Aussi, Bpifrance prévoit un investissement record de 10 milliards d’euros dans l’innovation, avec une priorité donnée à l’intelligence artificielle.
Conclusion
Enfin les enjeux autour de la souveraineté nationale animent également l’écosystème start-up. La French Tech a érigé les licornes en modèles, mais un certain nombre de celles-ci ont perdu de leurs paillettes, sans oublier que les fonds ayant permis cette valorisation en milliards sont pour la plupart étrangers, ce qui a conduit à des transferts de propriété intellectuelle (IP) et de talents (RH). À défaut de pouvoir instantanément transformer nos licornes nationales en centaures souhaitons à nos belles start-ups de pouvoir sereinement devenir de belles PME innovantes en croissance, des grown-up ?
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