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3 conseils pour rester pertinent dans son travail à l’ère de l’IA

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3 conseils pour rester pertinent dans son travail à l’ère de l’IA. Getty Images

En tant que membre de la génération X et spécialiste des tendances dans l’éducation et l’emploi depuis plus de vingt ans, j’ai trouvé l’article de Steven Kurutz « Gen X “career meltdown” » particulièrement frappant. Il y décrit avec justesse le destin professionnel des travailleurs de la génération X évoluant dans les métiers créatifs. Selon lui, l’arrivée de l’intelligence artificielle place cette génération au bord de l’obsolescence, au moment même où nous devrions être à l’apogée de notre carrière.

 

Alors que l’IA devient un savoir incontournable plutôt qu’un simple atout, je m’interroge sur les compétences, les diplômes et les expériences qu’il me faudrait acquérir pour rester compétitive et continuer à apporter de la valeur dans mon travail.

Au cours de l’année écoulée, j’ai eu la chance de collaborer avec mes collègues du Center for AI and the Future of Work de Jobs for the Future (JFF), ainsi qu’avec un comité consultatif remarquable, pour réfléchir à la façon dont l’IA pourrait favoriser des emplois de qualité, stimuler la création de richesses et promouvoir l’égalité des chances économiques — en particulier pour les travailleurs exposés aux risques de l’automatisation. Ce travail a donné lieu à la publication de AI for Economic Opportunity and Advancement: A Call to Action, un guide à l’intention des acteurs de l’éducation, de la formation, des entreprises, des investisseurs et des décideurs politiques, afin de garantir que l’IA bénéficie à tous.

Ce processus m’a amenée à repenser ma propre trajectoire pour rester pertinente au travail. Je partage ici quelques pistes, en espérant qu’elles soient utiles à mes collègues de la génération X (et aux plus jeunes également).

 

Soyez proactif

D’ici trois ans, 92 % des entreprises prévoient d’augmenter leurs investissements dans l’intelligence artificielle. Autrement dit, faire l’impasse sur l’IA n’est plus une option. Cette technologie s’invite désormais au cœur des outils qui pilotent les activités clés des entreprises. Pour les salariés de la génération X, rester dans la course passera inévitablement par une montée en compétences.

Mais attention : rares sont les employeurs qui accompagneront cette transition. Si les entreprises se ruent sur les solutions d’IA, peu prennent le temps de former leurs équipes. Selon un rapport accompagnant l’appel à l’action, seuls 31 % des employés déclarent avoir bénéficié d’une formation interne sur le sujet. À moins de travailler chez PwC ou Accenture, qui investissent massivement dans la formation de leurs collaborateurs, il faudra donc apprendre à se débrouiller seul.

D’autant que l’IA redéfinit les critères de recrutement. Une étude menée par Microsoft et LinkedIn en 2024 révèle que 71 % des dirigeants préféreraient embaucher un candidat peu expérimenté, mais à l’aise avec l’IA, plutôt qu’un profil chevronné sans ces compétences. Et pour 77 % d’entre eux, l’IA permettra aux jeunes talents de monter en responsabilité plus rapidement.

Sans surprise, la génération Z est déjà aux avant-postes : 85 % l’utilisent dans leur travail, contre 76 % pour la génération X. L’expérience ne suffit donc plus à faire la différence. Si nous ne prenons pas le virage de l’IA, nous risquons d’être vite dépassés.

 

Innovez en collaborant avec les talents numériques de la jeune génération

Coincés entre enfants à charge et parents vieillissants, nombreux sont les membres de la « génération sandwich » à devoir envisager encore 15 à 20 années de carrière avant une retraite décente. Pour y parvenir, une seule voie : continuer à apprendre, s’adapter — et ne pas se laisser piéger par nos propres habitudes mentales.

Un danger guette : l’effet Einstellung, ce biais cognitif qui nous pousse à répéter des solutions familières, même quand elles ne sont plus efficaces. L’intelligence artificielle, bien utilisée, peut précisément nous aider à briser ces automatismes. Elle repère nos angles morts, propose des approches nouvelles, et peut devenir une alliée puissante pour penser autrement, comme le souligne la Harvard Business Review. Mais pour en tirer le meilleur parti, mieux vaut ne pas avancer seul.

C’est en travaillant avec des collègues plus jeunes que l’IA révèle tout son potentiel. Car la véritable force d’innovation naît de la collaboration intergénérationnelle. Chaque génération détient un type de savoir précieux : les plus expérimentés disposent d’une intelligence cristallisée – ces connaissances accumulées au fil des années – tandis que les plus jeunes mobilisent davantage leur intelligence fluide, cette capacité à résoudre des problèmes inédits sans s’appuyer sur le passé.

C’est en combinant ces deux forces, dans des équipes mixtes ou des projets conjoints, que peuvent émerger des solutions à la fois plus créatives, plus efficaces et plus durables. L’avenir du travail appartient à ceux qui savent apprendre — et coopérer au-delà des générations.

 

Exploitez l’IA pour renforcer vos compétences humaines uniques

Alors que l’intelligence artificielle s’installe peu à peu dans nos routines professionnelles, il est crucial de garder en tête ce qu’elle ne pourra jamais remplacer : notre vécu, notre regard, notre humanité. L’IA peut automatiser certaines tâches techniques et accélérer nos recherches, mais elle reste aveugle à ce qui fait la richesse de notre parcours personnel.

L’un des messages forts du rapport Call to Action est sans équivoque : l’IA doit être un outil de valorisation, pas de substitution. Elle peut m’aider, par exemple, à identifier rapidement les grandes tendances dans les domaines de l’éducation ou de l’emploi, ou à organiser mes recherches plus efficacement. Pour ceux qui évoluent dans des métiers du savoir, ce soutien n’est pas négligeable.

Mais cette technologie ne sait pas tout de moi. Elle ne comprend pas ce qui façonne vraiment mon regard sur le monde : mon histoire personnelle, mon identité sociale, raciale ou culturelle, ni les expériences collectives qui y sont liées — autant d’éléments absents des bases de données sur lesquelles elle s’appuie.

Cela fait plus de vingt ans que je travaille au contact d’experts, d’organisations de terrain et d’acteurs engagés dans mon secteur. J’ai construit une expertise que je continue à enrichir, jour après jour. Ma formation en sciences humaines m’a appris à penser en nuance, à relier les idées entre elles, à questionner les évidences. Autant de compétences qui me permettent d’aborder l’IA avec recul — et d’en faire un véritable levier d’action.

La génération X, aujourd’hui à un tournant de sa vie professionnelle, a tout intérêt à adopter cette technologie, non pour se réinventer à zéro, mais pour renouveler son élan. En misant sur notre expérience, notre discernement et notre intelligence relationnelle, nous avons encore toute notre place dans ce nouveau paysage. L’IA n’écrira pas notre histoire à notre place — mais elle peut nous aider à en tourner une nouvelle page.

 

Une contribution de Michael Collins pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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